La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement vient de publier un rapport intitulé «La crise économique mondiale : défaillances systémiques et mesures correctives multilatérales». Et c'est sans doute la première fois qu'un organisme international de renommée va aussi loin dans la critique du système capitaliste. Un constat tout à fait vrai surtout lorsqu'on lit sur le rapport des jugements tels que: "Le dogme du ‘‘laisser-faire le marché'' qui a été appliqué au cours des vingt dernières années a échoué de manière spectaculaire". "La confiance aveugle dans l'efficacité de marchés financiers déréglementés et l'absence de système financier et monétaire fondé sur la coopération ont créé l'illusion de profits sans risques et ont autorisé tous les excès sous la forme d'activités financières spéculatives menées dans de nombreux domaines". D'autres critiques ont été également faites au niveau du rôle et du "poids croissant de puissants investisseurs financiers sur les marchés à terme de produits de base ont influé sur les prix de ces produits et sur leur instabilité", mais également pour ce qui est "de l´absence de système international gérant de manière concertée les fluctuations de taux de change a favorisé une spéculation endémique sur les monnaies et a accru les déséquilibres mondiaux". Ainsi, l'appel à un système de coopération est encore une fois réaffirmé ici, comme il le sera à plusieurs reprises. Le mode d'emploi de cette coopération est clairement indiqué. «La crise prouve clairement que la mondialisation du commerce et de la finance exige une coopération et une réglementation mondiales. Toutefois, pour la résoudre et éviter qu'une crise de ce type ne se reproduise, il faut aller au-delà de la réglementation bancaire et financière en posant fondamentalement la question des moyens de relancer et de développer le multilatéralisme dans le cadre de la mondialisation». Mais, pour éviter toute équivoque, la Cnuced affirme que «l'Organisation des Nations Unies doit jouer un rôle central en guidant ce processus de réforme. Elle est la seule institution dont l'universalité et la crédibilité permettent de garantir la légitimité et la viabilité d'un système de gouvernance réformé. Elle a démontré sa capacité de procéder à des analyses impartiales et de préconiser des mesures pragmatiques dans ce domaine». Dans le rapport du Groupe d'étude du secrétariat de la Cnuced sur les questions systémiques et la coopération économique, l'économie mondiale n'a pas encore touché le fond de la crise. Les grands pays industrialisés sont entrés en forte récession et la croissance se ralentit considérablement dans les pays en développement. Le risque de déflation ne peut pas être écarté dans de nombreux pays importants. "La priorité reste d´éteindre l´incendie, mais il est également urgent de prendre conscience des causes de la crise et de s´engager dans une réforme profonde du système de gouvernance économique mondial". Le rapport mentionne parmi les solutions proposées que "les problèmes de la spéculation financière excessive doivent être abordés de manière intégrée".