Le Président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick a lancé aujourd'hui un appel pour repenser l'économie du développement afin d'accroître son utilité pour les responsables de l'action publique et a annoncé un recentrage des travaux de recherche de la Banque mondiale dans le but de mieux tirer parti de l'expérience des pays en développement en appliquant un modèle donnant « libre accès aux données, aux connaissances et aux solutions ». Dans l'allocution qu'il a prononcée à l'approche des Assemblées annuelles de la Banque à Washington, M. Zoellick a expliqué que, par suite de la crise économique mondiale, il était devenu encore plus impérieux de repenser l'économie du développement et qu'il importait que les connaissances en ce domaine deviennent « multipolaires » pour prendre en compte la montée des pays en développement en tant que nouveaux pôles de croissance et d'expérience. « Il est devenu possible, et certainement urgent, de dynamiser l'économie du développement. Les logiciels ont apporté de nouveaux outils ; l'internet a ouvert de nouvelles voies de communication ; les économies montantes témoignent de nouvelles expériences », a expliqué M. Zoellick à l'auditoire réuni à Georgetown University. « Nous devons nous tenir à l'écoute et nous devons démocratiser l'économie du développement ». « Déjà avant la crise, les paradigmes prédominants étaient remis en question et il semblait nécessaire de repenser l'économie du développement » a dit M. Zoellick. « La crise n'a fait que renforcer ce sentiment ». La Banque mondiale est la plus importante source de connaissances sur le développement ; son rôle doit donc évoluer si elle souhaite conserver son statut de pionnier de la recherche en économie du développement, a fait remarquer M. Zoellick. « Une nouvelle économie multipolaire a besoin d'un savoir multipolaire », a expliqué le Président de la Banque mondiale. « Nous devons démocratiser et démystifier l'économie du développement sachant que nous n'avons pas le monopole des réponses. Nous devons ouvrir grand les portes, conscients que d'autres peuvent trouver et créer leurs propres solutions. La révolution de la recherche ouverte a commencé. Nous devons reconnaître que le savoir en matière de développement n'est plus l'apanage du chercheur ou de l'universitaire ni l'exclusivité de la tour d'ivoire. » La Banque mondiale complétera son modèle de recherche économique destiné à « l'audience étroite d'une élite », dans le cadre duquel les économistes travaillent sur des points particuliers qu'ils exposent dans des rapports, par un modèle de recherche « globale » en réseau. Ce nouveau modèle privilégiera de plus en plus l'octroi à des personnes extérieures à l'institution d'un accès à des logiciels et, par le biais de l'internet, au stock de données de la Banque pour leur permettre de poursuivre leurs propres travaux de recherche et d'analyse des données et, ce faisant, de contribuer aux connaissances sur le développement. Le concours « Développeurs au service du développement » (Apps for Development Competition) pourrait encourager la conception de nouveaux outils et d'applications novatrices. Ces initiatives permettraient à la Banque de tirer parti de la riche expérience que possèdent les pays en développement. « C'est dans cette direction que je souhaite orienter la Banque mondiale. Il s'agit de démocratiser l'économie du développement », a expliqué M. Zoellick. « Nous changerons à tout jamais la manière dont nous menons les recherches en matière de développement. » Pour présenter plus d'intérêt pour les responsables de l'action publique, l'économie de développement doit s'attaquer aux questions les plus pressantes auxquelles se heurtent les dirigeants des pays en développement et reconnaître que différentes démarches peuvent être nécessaire à différentes étapes du développement. « Trop souvent les économistes poursuivant des travaux de recherche semblent ne pas s'attaquer en premier lieu aux principales lacunes au niveau des connaissances auxquelles se heurtent les praticiens du développement mais plutôt rechercher des questions auxquelles ils peuvent répondre avec les outils qui ont la faveur du moment », a fait valoir M. Zoellick. « L'expérience que l'on a du développement montre qu'il n'existe pas de panacée », a noté M. Zoellick. « Les politiques qu'il convient d'appliquer — par exemple la recherche d'une croissance tirée par les exportations par opposition à la demande intérieure ou le recours à différents types d'innovation selon la proximité à laquelle se trouvent les entreprises des frontières technologiques — peuvent différer selon la phase de développement. Les politiques qu'il convient d'appliquer à présent peuvent être différentes de ce qu'elles étaient dans les années 70 en raison des transformations induites par l'internet et l'importance croissante des chaînes d'approvisionnement dans les transactions internationales ». M. Zoellick, prônant une remise en question des idées reçues, a exposé quatre grandes lacunes dans les connaissances que nous possédons, qui concernent les moyens de surmonter plus efficacement la pauvreté et d'encourager une croissance solidaire et durable. Il a invité les chercheurs et les intervenants extérieurs à la Banque à débattre de ces lacunes ainsi que de tout autre qu'ils auront identifiées. Ces quatre lacunes ont été présentés dans un rapport publié aujourd'hui, intitulé « Research for Development: A World Bank perspective on future directions for research ». Premièrement, il importe de mieux comprendre de quelle manière se produisent les transformations économiques. La Commission pour la croissance présidée par Michael Spence a identifié 13 pays qui ont maintenu un taux de croissance économique élevée sur une période de 25 ans. Pourquoi si peu de pays ? Deuxièmement, il faudrait poursuivre les efforts pour mieux comprendre comment l'accès aux opportunités économiques, notamment dans le secteur privé, peut être élargi de manière à ce que les sociétés puissent tirer parti de la créativité et de l'énergie de tous leurs membres. Troisièmement, le monde est plus dangereux que beaucoup ne le pensent. Une plus grande attention devrait donc être portée à la manière de faire face à des risques allant des catastrophes naturelles aux pandémies sanitaires, aux guerres et aux troubles civils, aux chocs exercés par le niveau des prix du pétrole et des denrées alimentaires, et aux crises économiques régionales et mondiales qui menacent les groupes de population les plus vulnérables du monde. Quatrièmement, il est nécessaire de déterminer ce qui donne de bons résultats et d'établir un programme de recherche mettant l'accent sur les résultats. Il importe de collecter de plus amples informations pour évaluer l'efficacité des efforts de développement, et notamment de l'aide. « Les clients de la Banque mondiale ont besoin d'une telle évaluation, les actionnaires l'exigent et, sans elle, l'économie appliquée du développement ne pourra pas porter ses fruits » a fait valoir M. Zoellick. Pour plus d'information sur le programme de la Banque mondiale, se rendre sur le site www.worldbank.org