L'agence de notation Moody's Investors Service vient d'annoncer dans un communiqué rendu public le 19 janvier 2011, qu'elle avait abaissé d'un cran la note souveraine de la Tunisie en raison de l'instabilité et des troubles économiques et politiques qui pèsent sur le pays, depuis le changement du régime. En effet, Moody's a dégradé de "Baa2" à "Baa3" la note de la dette souveraine de la Tunisie et a également abaissé la note de la banque centrale à "Baa3" avec une perspective négative. L'agence justifie sa décision par "l'instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime, produisant une crise politique qui a débuté par des émeutes sociales". Par ailleurs, Standards and Poor's et Fitch, deux autres agences de notation, avaient indiqué de leur côté qu'ils envisageaient d'abaisser la note de la Tunisie. M. Aurélien Mali, analyste de l'agence a précisé que Moody's met en garde contre le prolongement d'une crise qui serait potentiellement dommageable pour l'économie du pays, étant donné sa dépendance envers le secteur du tourisme et les investissements étrangers ajoutant que ces évènements récents vont affecter les recettes fiscales et la croissance en 2011. L'analyste a également indiqué que l'agence Moody's va surveiller de près le risque politique en Tunisie dans les prochains mois, afin d'éviter une pression négative sur l'économie du pays. En termes de paiements de la dette de la Tunisie, l'agence estime que le risque est "limité", seules deux opérations de refinancement d'un montant total de 775 millions de dollars étant prévues cette année, en avril et en septembre. Cependant, la banque centrale détient encore 1,6 milliard de dollars suite à la privatisation partielle de l'opérateur Tunisie Télécom, ce qui donne une certaine marge de manœuvre. Plus important encore, Moody's a déclaré que le pays bénéficiera d'une certaine forme d'aide extérieure en cas de besoin. L'agence de notation ajoute cependant que la capacité du pays à rebondir ne doit pas être sous-estimée. "La Tunisie a souvent fait preuve de détermination, y compris lorsque l'environnement économique n'était pas favorable", explique Aurelien Mali, économiste chez Moody's.