Présidée par M.Taoufik Bouderbala, ancien responsable de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, la commission nationale d'investigation sur les dépassements et les violations enregistrés lors des derniers événements, a tenu vendredi 11 mars 2011, un point de presse au cour duquel ont assisté un nombre important de journalistes. En effet, depuis le démarrage de ses activités, la commission a reçu jusqu'au 7 mars 2011 près de 741 dossiers à étudier dont 164 (vols et casses), 479 (des blessés) et 98 (des décès). Le président de la commission a fait un petit rappel sur les conditions du lancement de la commission. En effet, le gouvernement provisoire, a annoncé après le départ du président déchu que trois commissions allaient être créées. L'une d'elles, la Commission d'établissement des faits sur les dépassements constatés lors de la dernière période. En fait cette dernière a été spécialement créée pour enquêter sur les violations des droits humains commises dans le cadre des manifestations antigouvernementales, notamment les violations du droit à la vie et à l'intégrité physique. « Notre commission est un organe d'enquête, elle est là pour aider à établir la vérité sur la nature et l'ampleur des atteintes aux droits de l'homme commises lors de ces récents événements… nous sommes dotés d'une indépendance politiques et financières en tant que commission » a expliqué M.Bouderbala. De même il a mis l'accent sur le rôle de cette commission en précisant qu'elle est chargée de recevoir les citoyens, les écouter et constituer des dossiers rassemblant le maximum d'éléments sur les crimes commis. « Nous ne sommes pas ici pour fournir des solutions concrètes ou des aides financières comme le croit beaucoup de gens » a expliqué le président de la Commission. Après l'identification des responsables, la commission transmettra éventuellement les dossiers aux organes judiciaires compétents pour enquêter avec un rapport contenant des recommandations sur des programmes de réparations détaillés pour les victimes et des réformes légales et institutionnelles nécessaires. « Nous avons commencé le travail à Tunis et nous espérons étendre nos investigations sur toutes les régions du pays d'ici mardi prochain » a indiqué M.Bouderbala. Interrogé dans ce cadre sur l'état d'avancement des travaux de cette commission et sur les noms des responsables de dépassements et les violations enregistrés lors des derniers événements avant et après le 14 janvier dernier, le Président de la commission a refusé de divulguer les détails en affirmant que les réclamations des citoyens recueillis sont transférées à la justice qui va les poursuivre prochainement. Beaucoup de questions se posent ici liées au pouvoir de cette commission car jusqu'au ce moment on ignore si elle a accès à tous les documents et archives nécessaires. De même on ne sait pas, si elle a le pouvoir d'obliger des personnes à témoigner, notamment des membres des forces de sécurité ! Les familles des victimes ont le droit de connaître la vérité sur les circonstances de la mort de leurs proches, y compris d'obtenir des informations sur l'auteur des faits, l'entité gouvernementale responsable et les responsabilités hiérarchiques. Alors comment cette commission peut servir réellement les familles des martyrs ainsi que toutes les victimes des derniers évènements si son rôle se résume dans l'écoute des plaintes et le rassemblement des dossiers en attendant que la justice les poursuivre ?