• Le régime de Ben Ali n'était ni une République, ni une monarchie, c'était une «cleptocratie» • La commission est indépendante; elle ne dépend ni du gouvernement ni d'aucune autre partie Les dossiers enregistrés à la Commission nationale d'investigation sur les dépassements et les violations lors des derniers événements qui ont commencé le 17 décembre 2010 ont atteint jusqu'au 9 mars le nombre de 741 dossiers, 98 concernant les décès, 479 les blessés et 164 les vols et les casses commis lors de ces évènements, notamment avant et après le 14 janvier, jour de la fuite du président déchu. « Le régime de Ben Ali, le déserteur, n'était ni une République, ni une monarchie, c'était une « cleptorrachie », a souligné le président de la commission Me Taoufik Bouderbala, lors d'une conférence de presse qu'il a tenu hier, au siège de la commission à Tunis. « Cette commission, créée par un décret loi présidentiel daté du 18 février 2011, est indépendante, sa mission prendra fin avec le retour de la stabilité totale dans le pays. Elle est chargée de mener des enquêtes d'investigation sur ces événements. Elle commence par recueillir les informations, les témoignages et les documents sur les actes commis. Elle enregistre les plaintes des citoyens qui ont été victimes de violence et les plaintes des proches des victimes. De même elle prend contact avec les services administratifs, publics ou privés concernés par ces actes. Elle convoque pour information toutes les personnes qui ont assisté à ces actes et peut demander à tous les services concernés les documents nécessaires qui peuvent l'aider dans l'investigation », a indiqué Me Bouderbala qui a ajouté : « On ne remplace pas la justice. Une fois les dossiers établis, nous les communiquerons au juge d'instruction et la magistrature jugera. Nous on ne désigne pas le coupable on se charge de désigner le responsable de ces actes ». Assassinat Le président de la commission a tenu à préciser que cette commission n'a pas été constituée par Ben Ali. « Non ! Plusieurs composantes de la société civile ont appelé avant le 13 janvier à la création d'une commission d'investigation. Quand j'ai été désigné à la tête de cette commission, j'ai contacté pratiquement la plupart des composantes de la société civile dont notamment l'UGTT, la LTDH, l'ATFD, LAMT, le bâtonnier, le président de la section de Tunis du Conseil de l'ordre des avocats, pour constituer la composition de cette commission. Il y en a qui ont accepté d'y être représentés d'autres non. Au départ, la commission comprenait 14 membres mais 3 se sont retirés, c'est leur affaire. Certains parmi eux ont divulgué des secrets sur le travail de la commission. Mais passons. Je le dis haut ici, cette commission est indépendante du gouvernement et de toutes les parties. Nous avons commencé par enregistrer les cas dans le grand Tunis, nous allons prochainement nous déplacer dans les régions. Notre travail s'appuie sur les témoignages, le recoupement de l'information et sa crédibilité et sur la documentation. Nous cherchons à identifier les responsables de ces crimes et à la justice de dire son dernier mot. Nous opérons sur tout le territoire. Une fois le travail terminé, cela à mon avis va durer au moins un an, nous établirons un rapport sur les violations et les dépassements enregistrés durant ces événements. Nous transmettons au fur et à mesure les dossiers judiciaires. Nous recommandons aussi des programmes de réparation pour les victimes ou leur proches. Notre objectif est de cultiver la réconciliation et la tolérance au niveau individuel et national ». En ce qui concerne le nombre des tués, Me Bouderbala a avancé le chiffre de 300 martyrs, il y a des blessés graves parmi les 700 blessés. Le président de la Commission a précisé que parmi les martyrs il y en a qui ont été tués par balle à bout portant, cela relève du meurtre et de l'assassinat », a-t-il souligné.