Après le président de la République, c'est au tour de son chef du gouvernement, M. Habib Essid, de rendre compte de sa dernière tournée, du 26 au 29 mai, en Europe. Ainsi, la délégation qui l'avait accompagné a tenu, hier dans la matinée, à la Kasbah un point de presse récapitulatif de la visite. Un mode de communication gouvernementale qui vient d'être instauré, dans le but, semble-t-il, de jouer la carte de la transparence et l'ouverture sur l'opinion publique nationale. Bluff politique ou tapage médiatique, peu importe. L'essentiel est de reconquérir la confiance du citoyen dans les choix de son Etat. D'emblée, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, M. Mohamed Chlaifa, a commencé par mettre la visite dans son cadre politique, la qualifiant de réussie à bien des égards. Outre l'Exposition universelle de Milan en Italie, aux dimensions touristiques et commerciales, la visite à Bruxelles et à Lisbonne a pris un double aspect bilatéral et multilatéral. Le premier concerne la relation de coopération tuniso-belge et les perspectives de son évolution à plus d'un niveau en matière de recyclage des dettes, d'investissement, de développement régional, ainsi que dans le domaine sécuritaire. Tandis que le second vise à fonder une nouvelle politique de voisinage avec les pays du nord de la Méditerranée. Suite à une série d'entretiens et de rencontres avec les hauts cadres et les maîtres de la décision dans le vieux continent, l'on peut, selon lui, résumer la portée stratégique de la visite à la capitale de l'Europe, Bruxelles, en cinq points importants. Tout d'abord, l'adhésion de la Tunisie au programme européen de recherche scientifique et de création «Horizon 2020». «C'est le premier pays à avoir conclu un tel accord dans la rive sud, ce qui est en soi une source de fierté, mais aussi un acquis national assez profitable...», se félicite-t-il. Deuxièmement, un don financier lui a été accordé, d'une valeur globale estimée à 77 millions euros, au titre du programme régional «Umbrella» destiné spécifiquement aux pays de voisinage. En fait, le quota de la Tunisie est à hauteur de 70% de ces fonds qui sont alloués pour financer essentiellement des projets de développement. Libre-échange et huit conventions Troisième point, la convention de libre-échange en vertu de laquelle il a été convenu un accord de principe sur l'entame, d'ici la fin de cette année, des négociations entre la Tunisie et l'Union européenne. Notre pays, a-t-il encore indiqué, a demandé qu'un appui technique et matériel soit accompagné dans ses différentes étapes. Le tout, poursuit-il, devrait être discuté suivant une approche progressive et asymétrique. Autre volet et non des moindres, un partenariat pour la mobilité afin d'ouvrir grande la porte aux migrants tunisiens vers l'autre rive. Et que les deux parties s'accordent à ce que le traitement de l'immigration clandestine ne soit plus limité à l'approche sécuritaire. Pour y parvenir, l'accent a été mis sur la facilitation d'octroi du visa, le développement des régions intérieures et la création d'emplois. L'objectif consiste à mieux gérer la migration organisée. La coopération tuniso-belge dans le domaine sécuritaire pour la lutte antiterroriste, avec des mécanismes et programmes nouveaux, a figuré au cinquième point. Par ailleurs, la visite du chef du gouvernement à Lisbonne au Portugal s'inscrit, quant à elle, dans le cadre de la 3e rencontre de haut niveau tuniso-portugaise, au cours de laquelle M. Essid s'est entretenu avec son homologue portugais autour de la réalité de la coopération bilatérale et les perspectives de son développement. A l'issue de cette rencontre, huit conventions ont été signées dans plusieurs domaines de coopération (santé, enseignement, culture, jeunesse, commerce, technologie...). S'y ajoute un mémorandum d'entente visant à faire profiter les partenaires tunisiens d'une ligne financière préférentielle à hauteur de 20 millions d'euros. Un forum mixte d'affaires a, également, eu lieu à la même occasion. De son côté, M. Ridha Lahoual, ministre du Commerce, est revenu sur la visite en Italie, où la Tunisie a été l'invitée d'honneur de l'exposition universelle de Milan 2015. Sa participation, placée sous le signe «la Tunisie est naturellement généreuse», a été célébrée à travers un stand à étages sur 250 m2. Cet espace a été ainsi aménagé pour faire connaître le produit typiquement tunisien en agroalimentaire, les spécificités de notre cuisine et les traditions culinaires dont recèle le pays. La manifestation de Milan était aussi l'opportunité propice pour promouvoir notre tourisme et ses vocations multiples. Sur cette lancée, Mme Selma Elloumi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, s'est étalée sur l'envergure d'un tel événement pour la Tunisie, en tant que destination méditerranéenne de choix. D'après elle, l'exposition de Milan a suscité beaucoup d'intérêt pour le site tunisien, au moment où l'on s'apprête à accueillir la haute saison touristique. Et c'est là, à ses dires, un message fort et rassurant pour nos partenaires et nos clients. Le programme européen de recherche scientifique et de création «horizon 2020» a été au centre de l'intervention du ministre de l'Enseignement supérieur qui le considère comme un acquis important de par son apport financer et stratégique. A la faveur de ce programme qualifié de privilégié, la Tunisie demeure, désormais, partenaire à part entière dans l'espace européen, en termes de valorisation des recherches tunisiennes. A cet effet, nos étudiants-chercheurs, a-t-il souligné, auront la même place que leurs homologues européens et les mêmes avantages dans ce domaine. Et le ministre de renchérir qu'un tel privilège scientifique nommé «Horizon 2020» est de nature à améliorer l'infrastructure de base, les équipements et les unités de recherche en Tunisie. Pour le ministre, les retombées scientifiques gagneront certainement la région pour la hisser au niveau de pôle dynamique de développement.