Une large campagne de collecte de signatures, en signe de soutien à l'adhésion de la Tunisie à l'Itie. Que le parlement intervienne pour trancher «Où est le pétrole», cette campagne facebookienne déclenchée, il y a quelques jours, n'a cessé de faire couler de l'encre. Suite à laquelle des commentaires postés sur la Toile fusent de toutes parts, évoquant une certaine réaction populaire profonde, mais aussi un tollé presque général. C'est que tout portait à croire que le pays nage sur un champ pétrolifère et que l'Etat semble être impliqué dans la fuite de nos « trésors » énergétiques et miniers longtemps enfouis sous le sol. Qu'il s'agisse d'intox ou d'info, le gouvernement devrait, ainsi, agir et sortir de son silence inquiétant. De toute manière, la communication sert beaucoup en ces temps de crise déstabilisante jusqu'à la perte de confiance auprès du citoyen lambda. Qu'attend le gouvernement Essid pour y répondre, une bonne fois pour toutes? Les Tunisiens ont, quand même, droit à l'information. D'où est partie la société civile dans son questionnement sur la vérité. L'Association tunisienne de droit du développement (Atdd) réclame la transparence et rien que la transparence. Son plaidoyer s'inscrit dans le cadre d'une alliance civile regroupant 16 associations, exhortant la Tunisie à adhérer à la fameuse «Initiative sur la transparence dans les industries extractives (Itie)». Il s'agit d'un projet collectif portant le même objectif, fruit de rencontres et de concertations multilatérales abouties au bout de quatre mois. Ce projet intitulé «Les juristes soutiennent l'Itie» a été présenté lors d'une conférence de presse donnée, hier, par l'Atdd, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens. Depuis sa création en 2004, cette association s'est toujours tenue à sa vocation juridique pure et simple, ainsi s'exprime un de ses membres, Me Dorsaf Chouaïbi. Et d'enchaîner qu'aujourd'hui, elle fait valoir énormément le principe du droit et la culture de la bonne gouvernance et de gestion des biens publics. D'autant que l'accès à l'information, le partage des ressources nationales et l'égalité des chances sont des acquis déjà garantis par la nouvelle constitution dans ses articles 13, 32 et 136. Recommandations citoyennes Il est un droit d'avoir une idée sur nos richesses naturelles, de connaître la manière dont elles sont gérées et les dividendes de leur croissance qu'on pourrait en tirer. En savoir plus sur leur sort, en quelque sorte. C'est, en fait, l'argumentaire, soi-disant logique, qui a poussé jusqu'au bout. L'idéal, pour l'Atdd, vise à se conformer aux normes de la transparence dans la gestion des hydrocarbures. Il suffit que la Tunisie adopte ladite initiative et reconnaisse ses principes pour que les choses deviennent claires. En fonction de quoi, une instance de gouvernance composée des parties concernées (Etat, société civile, privés...) devrait être mise en place. Et puis, elle aura à communiquer, à travers des rapports réguliers, sur la réalité des faits, les dépenses et le coût de revient de ces industries extractives. Ce sont autant de recommandations issues des différentes rencontres qu'avait organisées l'Atdd depuis mars dernier à Tunis, à Mahdia et à Gafsa. Toutefois, le choix de ces trois sites s'explique, selon Me Chouaïbi, par des raisons politico-économiques. Etant donné que la décision administrative se concentre dans la capitale, alors que Mahdia et Gafsa sont deux régions respectivement considérées comme site de prospection d'importantes réserves pétrolières et zone de tensions et de conflits sur les mines de phosphates existantes. Et pour cause, le droit d'information sur l'état des lieux relève du principe de la transparence en la matière. Et c'est pour cela qu'un appel à une mobilisation massive citoyenne a été fort appuyé pour faire pression sur le gouvernement. L'ultime but est de lui imposer, à cor et à cri, l'adhésion à l'Itie. Et Mme Chouaïbi de révéler qu'une large campagne de collecte de signatures de soutien est actuellement en cours visant à impliquer plus d'adhérents à l'action. Et les députés de l'ARP sont aussi de la partie. L'ARP sollicitée Et maintenant, justifie-t-elle, le peuple, maître de son destin, tire la légitimité de ses choix de ses élus au Parlement. Pourquoi l'ARP n'ose-t-elle pas trancher sur la question du pétrole ?, s'interroge M. Mohamed Kamel Gharbi, membre de ladite coalition et président du Centre de la citoyenneté et de la démocratie. Il suggère que seul le Parlement a le privilège de l'initiative législative afin d'exiger l'adoption de l'Itie et à lui seul revient le dernier mot. Et d'ajouter, dans cet ordre d'idées, que l'Etat est tenu d'honorer ses engagements envers le peuple et les institutions. Car, conclut-il, transparence, inclusion citoyenne et redevabilité constituent le triptyque de la bonne gouvernance. Maître Chouaïbi n'y va pas par quatre chemins pour annoncer que l'alliance de la société civile n'y renoncera jamais jusqu'à ce que l'Etat reconnaisse ses obligations.