La médina a toujours constitué un sujet de prédilection pour les artistes plasticiens, notamment ceux qui sont à leurs débuts, à l'instar de Zeineb Nefzi, peintre autodidacte qui expose ses œuvres, du 29 mai au 30 juin, au Centre culturel Bir Lahjar. Une exposition personnelle où elle veut montrer l'étendue de son talent dans ce qu'elle a choisi comme matériau : la toile et l'acrylique. Pour ses premiers pas, Zeineb Nefzi s'est inspirée des médinas tunisiennes en restituant ces espaces de mémoire pour qu'ils ne disparaissent pas dans les plis du temps. «Les générations futures, qui ne connaîtront pas la médina, auront l'occasion de la découvrir à travers les œuvres picturales. Notre rôle d'artiste est de transmettre l'histoire des lieux et des gens», précise la peintre. Se réapproprier l'espace 18 tableaux de format moyen transposent la mémoire des lieux. Sous les voûtes des ruelles de ces médinas, des femmes en safsari, des hommes en burnous constituent des formes en mouvement qui donnent à l'espace reconstitué une vie dominée par une gamme chromatique chaude. Des médinas vivantes, même si dans la réalité certaines apparences ont disparu. La peinture est là pour les remettre en place et leur redonner consistance. Zeïneb Nefzi ne se soucie pas de l'avis de ses pairs qui peuvent lui reprocher ses penchants nostalgiques d'une médina classée dans un passé lointain. L'intérêt pour elle est de trouver en cette médina matière pour composer ses toiles en les nappant de couleurs vives et de décider de la voie à lui donner. Mettre le ton sur un fragment, apposer une touche sur une autre pour donner de la prestance à la perspective, c'est ce à quoi œuvre l'artiste. Des œuvres animées de couleurs, à la fois contrastées et harmonieuses, dégageant une certaine sérénité. La médina de Nefzi est apaisante, tranquille et où il fait bon vivre. Une médina d'autrefois restée ancrée dans sa mémoire. La médina des histoires d'enfance où les échoppes renferment des trésors d'objets rares. Une médina, ni tout à fait kitsch, ni tout à fait impressionniste, ni non plus réaliste. Au-delà de la médina, l'artiste, dont c'est là la première exposition, s'intéresse aux espaces ouverts, ceux du Sud, notamment à l'architecture des habitations, mais aussi aux petits métiers d'artisans quasiment disparus, de nos jours, comme le fileur de soie. Un autre volet marque l'exposition : la femme dont le corps est mis en valeur grâce au nu. Une femme qui assume ses formes et s'expose à la lumière du jour. Il ne s'agit pas d'odalisques, mais de femmes modernes aux positions debout ou assise dégageant une liberté dans une réalité d'aujourd'hui qui impose de cacher sous un voile les formes féminines attirantes.