• Moscou, la Place rouge, les plaines d'Ukraine, tout un monde où l'essence éternelle des choses est présente chez un artiste authentique, nourri à la sève de la perfection la plus absolue Le Centre russe des sciences et de la culture de Tunis a accueilli vendredi dernier, en grande pompe, un artiste d'une grande envergure, appartenant à la mouvance impressionniste, du nom de Mikhaïl Brovkin. Il était accompagné de sa femme, Victoria Brovkina, spécialiste dans l'art décoratif appliqué, une artisane de génie dans la confection des poupées. Les 18 toiles exposées sont absolument merveilleuses. Mikhaïl Brovkin se veut réaliste, choisissant son sujet dans un quotidien librement interprété selon une vision tout à fait personnelle. Paysagiste par excellence, il travaille sur le motif, poussant très loin l'étude du plein air, faisant de la lumière l'élément essentiel et mouvant de sa peinture. Ses tableaux nous prennent en promenade dans un monde où le soleil intensifie le verdoiement des coteaux et des massifs fleuris, offrant au regard un plateau de différents types de fleurs ornementales : des chrysanthèmes, des orchidées, des tulipes, des pivoines, des roses, toutes assemblées sur un écran d'une herbe nouvelle. L'artiste a peint le vent sur une mer houleuse, le gros temps, l'herbe ondulante, l'oscillation d'un branchage, la grâce et la majesté d'un bouleau, un arbre des pays froids, l'élégance d'un sapin culminant à des hauteurs inaccessibles. La mémoire du peintre russe en a retenu l'essentiel, nous laissant découvrir, par touches successives, la coloration des ombres, écartant les tons rompus pour utiliser uniquement des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Mikhaïl Brovkin a nourri son art de sorties champêtres dans des jardins fleuris ou sur les rives somptueuses de l'Orcha, fleuve russe, non loin de Saint-Pétersbourg, transposant la sensation visuelle dans une construction purement plastique. Il est même parvenu à une manière très inédite, voire originale, de synthétiser espace, lumière, nature morte, formes, mouvements. Le peintre touche au sommet de son art avec une œuvre fort originale intitulée «Rue Arbat», du nom d'une des plus célèbres rues piétonnes du centre de Moscou. Une artère revêtue d'un manteau de neige d'une perfection inégalée. Le public a également aimé deux peintures de petit format immortalisant des quartiers du Vieux Moscou, plongés dans la grisaille d'un hiver boréal. Cependant, sa peinture continue d'explorer avec perspicacité les vibrations de la lumière qu'il va chercher jusqu'en Egypte et à présent en Tunisie. Peintre d'une nature versatile et d'une vie sereine saisie dans la particularité de l'instant, Mikhaïl Brovkin, réfractaire à la recherche chère aux classiques et dévoyée par les académiciens, poursuit sa quête d'un modèle d'une perfection absolue, presque imaginaire, un monde où l'idéal tient de l'essence éternelle des choses. Les poupées de Victoria Brovkina sont superbes aussi. Elles présentent un caractère ludique et amusant. Fabriquées dans une matière odoriférante, elles exhalent et répandent un parfum persistant au seul contact du toucher qui a la vertu de stimuler les effluves embaumées des poupées. Une visite s'impose. Vite, l'exposition se termine aujourd'hui vendredi 5 novembre.