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Tribune: La Tunisie, la vertu et le bien-être
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 06 - 2019

En cette fin de Ramadan, je souhaite à toutes et à tous un très bon Aïd, en famille, entre amis, en Tunisie.
De ma lecture assidue, pendant ce mois sacré, de la Muqaddima d'Ibn Khaldûn, l'historien musulman probablement le plus célèbre en Occident, je retire deux remarques personnelles en cette veille d'Aïd.
La première est historique : tout comme le XIVe siècle méditerranéen que documente ce grand philosophe, ce que nous vivons depuis 2011 en Tunisie n'annoncerait-il pas une époque de transition importante dans l'histoire du Maghreb et peut-être de l'Islam en général? Peut-être la plus décisive depuis la décolonisation. La « dynamique » régionale, comme les questions aiguës, notamment sociétales et culturelles, qui se posent aux plus proches voisins de la Tunisie démocratique, pourraient en attester.
La seconde question est liée à la géographie et s'attaque au mythe du relativisme culturel, de la pensée unique et à l'idée que la norme, en toute chose, à commencer par la globalisation, serait occidentale. Qu'un savant comme Ibn Khaldûn, né en 1332 à Tunis où il passe ses vingt premières années et étudie auprès de grands penseurs avant d'entamer un itinéraire arabo-andalou dont il tirera une magnifique Histoire des Arabes et des Berbères du Maghreb, soit un fils du pays, devrait pleinement rassurer les Tunisiens, du moins ceux qui douteraient jusqu'à ne plus croire en rien. La Tunisie est bien un grand pays qui, à plusieurs moments de son histoire, a fait avancer le monde.
Ibn Khaldûn, cet inépuisable voyageur, nommé six fois à la charge de grand cadi du Caire où il décédera en 1406, est un de ces Tunisiens exemplaires comme le sont Abou El Kacem Chebbi, Moncef Bey, Farhat Hached, Habib Bourguiba, Tawhida Ben Cheikh et tant d'autres qui ont fait la réputation de ce territoire bien au-delà de ses frontières. Tunisien, il est en même temps cosmopolite, profondément méditerranéen, riche de ses origines andalouses. Grand géographe, historien, économiste, précurseur de la sociologie, il est aussi homme d'Etat. Mais plus que tout, il a su, mieux que quiconque en son temps, penser, depuis Tunis, le monde et écrire le récit d'une histoire universelle des hommes.
Le défi tunisien, en ce moment, me paraît, toute comparaison bue, du même ressort. Dans les mois à venir, forte de sa jeune démocratie, d'une société civile vigilante et d'une offre politique pluraliste, la Tunisie s'apprête à faire en sa pleine souveraineté les choix de femmes et d'hommes qui seront librement élus par un nombre croissant de citoyens. Les élections législatives et la présidentielle se tiendront à l'heure et de manière transparente. Les résultats ne seront pas contestés. Au début de l'année 2020, la Tunisie sera plus que jamais debout, debout et face à d'importants défis pour les années à venir.
Ces défis se résument, pour faire court et clair, à une double exigence : celle de la vertu et du bien-être. La recette est ancienne et éprouvée. De mes études de philosophie, je garde en mémoire la lecture d'un autre grand esprit en la personne de Saint Thomas d'Aquin, théologien catholique et penseur scolastique du XIIIe siècle. Et le souvenir d'une citation de son livre, Opera omnia: «Il faut un minimum de bien-être (confort) pour pratiquer la vertu».
La vertu, d'une part. Assurer, avec pleine autorité, la sécurité et la protection des citoyens et des visiteurs de la Tunisie face aux menaces du terrorisme et de la criminalité. Parachever la transition démocratique, la construction politique et constitutionnelle, la décentralisation. Persévérer dans la lutte contre la corruption, la contrebande, l'économie grise et mafieuse ou les conflits d'intérêts et faire de l'Etat le garant d'une justice irréprochable. Porter au plus haut les valeurs d'égalité des genres et de respect des minorités. Faire vivre enfin l'héritage culturel d'une Tunisie millénaire et plurielle, ouverte au monde, et faire de son patrimoine un objet de fierté nationale comme d'attractivité internationale.
Le bien-être, d'autre part. Permettre à tous de disposer d'un service public de qualité dans le domaine de l'éducation, de la santé, du transport. Encourager toutes les initiatives et entreprises dédiées aux ressources de la terre tunisienne, qu'il s'agisse des produits de l'agriculture, du phosphate, de toutes les composantes qui peuvent assurer l'indépendance énergétique du pays. Valoriser sur place des ressources humaines exceptionnelles qui, faute de perspectives suffisantes, quittent le pays. Offrir, tout simplement, des perspectives à ceux qui veulent travailler ou entreprendre, je pense naturellement à la jeunesse qui étudie et aux familles qui se battent pour qu'elle ait, cette jeunesse, une vie digne et épanouie.
Cette équation entre la vertu et le bien-être est certes d'une grande exigence. Sans un minimum de bien-être, impossible de prêcher la vertu. Résoudre l'urgence économique et sociale est la priorité absolue. Dans les mois à venir, la Tunisie et ses amis notamment européens, au nombre desquels la France compte au premier plan, doivent trouver les mots, mais surtout les actes, qui permettront d'illustrer au pays d'Ibn Khaldûn la formule de Saint Thomas d'Aquin. Ensemble, ainsi, nous avancerons sur la voie d'une Méditerranée équitable, coconstruite, réciproque et innovante.
Aidkom mabrouk, wa snine deyma
Par Olivier Poivre d'ARVOR (Ambassadeur de France en Tunisie)


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