Le «changuel», de plus en plus envahissant, continue de faire des dégâts quotidiens aux quatre coins de la ville. Emboîtant le pas à son homologue de la capitale qui ne l'a d'ailleurs pas regretté, la municipalité de l'Ariana a décidé de confier la gestion de sa fourrière à une société privée. Là aussi, pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître, puisque, depuis, ladite fourrière ne désemplit pas, ne désemplit plus. Ouvrant ses portes dès 8h00, ses parties de chasse aux contrevenants, telles les parties entre le chat et la souris, sont aussitôt lancées sur les chapeaux de roues. Et bonjour les dégâts ! C'est surtout au centre-ville, cœur battant de la cité des roses, que l'essentiel des opérations se déroule. Là où les véhicules en stationnement interdit sont — il est vrai — tellement nombreux qu'ils échappent à tout recensement. Pour les automobilistes pressés, il suffit d'un petit retard ou parfois d'un moment d'inattention pour voir leurs voitures enlevées sine die et transportées, en un temps record, à la fourrière. Pour les récupérer ensuite, un temps fou est perdu et une amende de trente dinars est à payer cash. Sans pitié Or, deux «victimes» sur trois s'accordent à dire que «sa Majesté Changuel» abuse. En effet, on lui reproche un comportement jugé méchant lors de l'opération d'enlèvement du véhicule fautif, au point de l'endommager. Autres griefs : l'attitude arrogante des employés de l'engin enleveur, leur refus catégorique de «gracier» la voiture saisie, en dépit de l'arrivée en catastrophe de son propriétaire avant sa confiscation. Et le calvaire de se poursuivre allégrement. D'abord pour localiser l'emplacement de la fourrière, il faut des acrobaties, étant donné l'absence de plaques de signalisation. Une fois arrivés à la fourrière, deux autres éprouvantes épreuves vous attendent : l'une dans la queue pour accomplir les formalités de paiement de l'amende au guichet, et l'autre au moment de quitter la fourrière saturée où les véhicules «capturés» sont garés n'importe comment sur une chaussée sale, pierreuse et jamais bitumée ! Certes, nous comprenons le souci de la municipalité de l'Ariana de diversifier l'identification de formules susceptibles de réduire l'acuité des problèmes de la circulation qui ont fait tant de mal à son image de marque. Certes aussi, l'Hôtel de Ville a mille fois raison d'imposer à la société gestionnaire de la fourrière le respect scrupuleux de la loi et le refus de tout interventionnisme lors de la récupération des voitures saisies, au point que conseillers municipaux et cadres de la mairie continuent d'obéir à ces ordres avec beaucoup de discipline et une rare application. Tout cela est beau, convenons-en. Mais nous considérons que la municipalité ne perdrait rien à sommer les employés de ladite société de faire preuve de civisme et de correction dans leurs rapports avec les contrevenants. En parallèle, le conseil municipal est appelé à ouvrir enfin le dossier de la fourrière. D'abord, en érigeant des plaques de signalisation y conduisant. Ensuite, en y lançant des travaux d'extension, en vue d'augmenter sa capacité d'absorption. Enfin, en pensant à l'idée d'aménager une fourrière supplémentaire, s'agissant d'une ville à la circulation routière absolument infernale. M.Z.