A l'heure des tournages et de la mise en boîte des séries et des feuilletons ramadanesques, nous avons entrepris de faire un voyage au pays de la fiction pour mieux connaître les genres et pour savoir ce que nous consommons, et ce, pourquoi nous le consommons. Dans notre édition du samedi 31 juillet 2010, nous avons entamé l'élaboration du portrait du raconteur d'histoire. Ce dernier, avons-nous écrit, doit être un bon lecteur et un bon spectateur. Il se ressource dans les films et les livres, enrichissant ainsi son imagination et s'exerçant en écrivant tous les jours, pour rompre avec l'angoisse de la feuille blanche. Ceci dit, les raconteurs d'histoire doivent être surtout de très bons observateurs, ils sont constamment dans une «awareness externe» : attentifs à ce qui se passe dans leur environnement. C'est en ouvrant grands les oreilles et les yeux qu'ils peuvent capter les détails de la vie ordinaire pour, ensuite, la représenter. Les raconteurs sont également des gens capables d'une «awareness interne», c'est-à-dire qu'ils sont attentifs à leur propre ressenti. Car la mise en mots d'une histoire ou sa mise en scène ne découle, à notre avis, d'aucun mystère, mais d'une interrelation étroite de ces deux systèmes complexes que sont le corps et l'environnement. Il suffirait de maîtriser l'art du contact avec ces deux systèmes pour pouvoir communiquer ce qu'on a envie de raconter. Reste une chose: la fameuse technique de l'écriture. Pour ce qui est du contexte qui nous intéresse ici, et qui est l'écriture du scénario, les experts considèrent qu'il n'y a pas de recettes. Mais bien sûr qu'il existe quand même des règles de base, et ces règles s'apprennent dans le cadre des écoles de cinéma et d'audiovisuel ou de formations spécialisées, ateliers ou workshops. C'est en plongeant carrément dans l'écriture, en ayant à chaque fois le feed-back (retour d'information) d'un expert, qu'on apprend à construire une fiction et à créer des événements et des personnages crédibles. Car, rappelons-le, «si une fiction franchissait les limites de ce que nous sommes capables de nous représenter comme un être-dans-le-monde possible, nous ne pourrions plus y croire». *Jean Marie Shaeffer coauteur avec Nathalie Heinich de l'ouvrage intitulé : Art, création, fiction, entre sociologie et philosophie.