A l'heure des tournages et de la mise en boîte des séries et des feuilletons ramadanesques, nous avons entrepris de faire un voyage au pays de la fiction, pour connaître les genres et pour savoir ce que nous consommons et ce pourquoi nous le consommons. Pour compléter le profil des raconteurs d'histoire qui, rappelons –le, doivent être de bons lecteurs, de bons spectateurs, qui se nourrissent de chimères, et de bons observateurs, capables d'être attentifs à leur environnement et à leur ressenti, nous dirons que ces derniers, et parmi eux les scénaristes, doivent savoir se « positionner ». C'est-à-dire qu'en écrivant, le scénariste doit être capable de se dissocier de son rôle d'auteur, pour se mettre à la place du personnage principal (autour duquel tourne l'action) dans le but de ressentir puis agir, et dans celle du spectateur pour s'autocritiquer. Les scénaristes professionnels sont généralement inconsciemment compétents en la matière. Le mécanisme du positionnement se déroule à leur insu. Mais en cas de « blocage », il est bon d'identifier ce processus pour pouvoir le modéliser. Pour stimuler la créativité chez ses collaborateurs, Walt Disney, le célèbre producteur américain de films d'animation, a inventé une stratégie qui a le mérite de permettre au sujet qui l'applique de développer et de réaliser un projet tout en intégrant le processus créatif lui-même. Aidé par un guide, le sujet se déplace dans des ronds tracés sur le sol qui indiquent les positions du rêveur, du réalisateur et du critique. Cette technique comprend les étapes suivantes : 1) Trouver le projet à développer 2) Etablir les références à modeler 3)Appliquer le modèle au projet à développer 4)Réviser le projet à la lumière des critiques 5) Imaginer l'avenir Dans l'étape (5), le sujet s'imagine en train de vivre le projet qu'il vient de développer et d'affiner. Cela dit, la stratégie créative de Walt Disney peut s'appliquer à toutes sortes de projets et pas seulement artistiques. Car dans tous les domaines, il est évident qu'une personne doit faire appel à sa créativité pour trouver une solution. Les techniques de mise en contact avec la partie créative existent donc, des experts en communication en ont inventé plusieurs, certains artistes aussi. Il suffit de les connaître et de les appliquer ou de solliciter l'aide d'un coach, un accompagnateur qui guide l'artiste dans son processus de création. A notre époque, celle où les sciences humaines se développent à pas de géant, il n'est plus de «bon ton» de parler d'inspiration ou d'affres de la création.