Si les principaux groupes parlementaires ont exprimé leur soutien à la décision d'un état d'urgence, les députés de l'opposition ont émis certaines réserves quant à l'objectif d'une telle mesure Encore une fois l'actualité rattrape le gouvernement, devenu «gestionnaire de crises» à répétition. Le chef du gouvernement est revenu, hier, devant les parlementaires pour rendre des comptes sur la situation sécuritaire du pays, plus d'une semaine après l'attentat terroriste de Sousse. Il s'est également exprimé, hier au Bardo, pour assurer le service après-vente de l'état d'urgence proclamé il y a quelques jours par le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Dans une courte déclaration, Habib Essid a rappelé que le chef de l'Etat a scrupuleusement respecté les dispositions des articles 72, 77 et 80 de la jeune Constitution avant de décréter l'état d'urgence. «Le président de la République a demandé l'avis du chef du gouvernement et du président de l'Assemblée », précise-t-il. Ce n'est donc pas une décision unilatérale du commandant suprême des forces armées, mais une décision mûrement réfléchie basée, semble-t-il, sur des informations qui font état de menaces permanentes qui pèsent sur la sécurité du pays. «Nous n'aurions jamais décrété l'état d'urgence s'il n'y avait véritablement pas un danger imminent », a-t-il déclaré tout en appelant toutes les composantes de la société à développer une attitude responsable face à la menace. Par attitude responsable, le chef du gouvernement attend une «acceptation» et un «soutien» en faveur de la décision. Au sein de l'hémicycle, il l'aura de la part des élus de la majorité et ceux de la coalition gouvernementale. Ils admettent que le pays est en guerre contre la terrorisme. Houcine Jaziri, député nahdhaoui, a estimé que «l'Etat et la République sont menacés ». Tout en soutenant les dispositions prises par le président de la République, Jaziri rappelle qu'il ne faut en aucun cas toucher aux libertés individuelles. Dans un clin d'œil à ceux qui s'y opposent, le nahdhaoui appelle ses collègues de l'opposition à chercher « un minima d'appartenance à l'Etat ». Si les principaux groupes parlementaires ont exprimé leur soutien à la décision d'un état d'urgence, les députés de l'opposition ont émis certaines réserves quant à l'objectif d'une telle mesure. Ainsi, le député Zouhaier Maghzaoui craint qu'elle soit principalement destinée à étouffer les mouvements sociaux. Pour sa part, le député Iyed Dahmani a indiqué que la décision du président de la République était tout simplement illégale vu que la proclamation de l'état d'urgence suppose «l'incapacité de garantir la marche normale de l'Etat», ce qui n'est vraisemblablement pas le cas. Répondre aux attentes des jeunes Le député de Afek Tounès ne craint nullement pour les droits et libertés. Pour lui, l'état d'urgence ne vise qu'un seul et unique ennemi : le terrorisme. «La Constitution de 2014 a tranché la question des droits et des libertés, ce n'est donc pas sujet à polémique», a-t-il martelé. D'autres élus ont également interpellé le chef du gouvernement sur la nécessité d'une meilleure prise en compte des revendications de la jeunesse tunisienne pour qu'elle ne sombre pas dans la délinquance et qu'elle ne soit pas attirée par les discours extrémistes. Mebarka Brahmi, la députée frontiste, regrette que le gouvernement n'ait rien fait pour les anciens de l'Uget qui réclament leur droit au travail. De son côté, le député nahdhaoui Habib Khedher fustige la qualité des programmes culturels qu'on propose aux familles tunisiennes lors du mois saint. Khedher estime que ce genre de programme dénature la notion de famille.