On ne comprend plus du tout la logique qui gouverne ce monde occidental, dont les dirigeants défendent la chose et son contraire et veulent qu'on les croie sur parole et qu'on ne doute point de leurs bonnes intentions quant à leur détermination à lutter fermement contre l'Etat islamique, «Daech». De deux choses l'une: ou bien ils sont crédules, ou bien c'est nous qui sommes dupes. Mais, comme en politique il n'y a point de place aux sentiments et que seuls comptent les faits, l'une et l'autre thèses sont à récuser. Autrement dit, il faut se fier à la réalité palpable et non pas aux paroles enjolivées et trompeuses que l'on désire monnayer. Les commanditaires du terrorisme Au-delà de l'hypothétique atteinte à la souveraineté nationale, soulevée par certains, et du manque de confiance dans les autorités sécuritaires tunisiennes que cela laisse entendre, l'envoi de 600 agents de Scotland Yard par la Grande-Bretagne, pour procéder à des enquêtes sur l'attentat terroriste, le plus meurtrier de ce cycle de la terreur islamiste, inauguré dans le pays, il y a quelque temps, dénote une certaine rigueur de la part de ce pays dans le traitement de la question du terrorisme. C'est l'impression qui se dégage, à première vue, d'une telle allure. Cependant, est-il possible de lui accorder du crédit, quand on apprend que « deux avions britanniques ayant à leur bord des armes destinées au groupe terroriste Daech se sont écrasés dans la province d'Al Anbar »? C'est ce qu'a affirmé le président de la Commission de la sécurité et de la défense du parlement irakien, Hakem Al Zameli. «Les avions américains et britanniques acheminent, quotidiennement, des armes à Daech», a précisé le responsable irakien. Ces faits sont avérés par des photos et des rapports quotidiens envoyés au gouvernement par la population et des forces de sécurité dans la province d'Al Anbar. Et les voilà qui font comme si de rien n'était, en affichant des velléités belliqueuses envers ces terroristes islamistes, leurs hommes de main qu'ils ont inventés de toutes pièces. N'est-ce pas révoltant de les voir se démener pour appeler leurs ressortissants respectifs à quitter immédiatement la Tunisie, en prévision d'éventuelles nouvelles attaques terroristes qui viseraient, de nouveau, des sites touristiques? Leur responsabilité dans la tragédie de Sousse n'est-elle pas évidente? Malheureusement, l'appel qu'ils ont lancé trouve écho auprès de ces derniers, puisqu'on enregistre déjà l'annulation de deux millions de nuitées et plus de 200 000 réservations, ce qui veut dire que la saison touristique est terminée avant même d'avoir commencé. Les professionnels et le personnel de notre secteur touristique, qui vont se trouver au chômage forcé, ne sont-ils pas les autres victimes des Américains, des Anglais et de leurs alliés? Politique de complaisance Ils nous causent toutes ces pertes et nous font endurer toutes les souffrances, et nos autorités continuent à voir en eux des alliés stratégiques contre le terrorisme religieux, incarné par Daech, leur créature, dont les Américains disent qu'il va falloir attendre encore des années avant de parvenir à le démanteler, exactement comme ils ont fait avec Al Qaïda, leur autre créature, qui connaît un léger déclin pour le moment. C'est-à-dire le temps qu'il leur faut pour réaliser leurs objectifs, consistant à exploiter les hydrocarbures de la région arabe. Si ces projets expansionnistes, s'insérant dans le cadre du «Nouveau ou Grand Moyen-Orient», n'échappent pas au commun des mortels, que dire d'un Etat qui dispose de centres d'études diplomatiques et stratégiques? Alors, est-ce en collaborant avec ses commanditaires que la Tunisie va pouvoir combattre le terrorisme? Quand est-ce qu'on va apprendre à respecter l'intelligence des citoyens? Dès les premières manifestations du terrorisme sur notre sol, ces grandes puissances ont toutes accouru vers nous pour nous promettre des aides militaires et financières. Mais rien n'a été concédé à ce propos, excepté les discours compatissants et rassurants de toujours. Leurs promesses substantielles se sont, très vite, diluées et il n'en reste plus qu'une modeste assistance technique et des gilets pare-balles que les Américains et les Français auraient daigné accorder tout dernièrement. C'était, apparemment, les fruits des visites effectuées par le président de la République à Washington et Paris. Et faute d'obtenir des réparations des dégâts incommensurables subis à cause de l'invasion de la Libye par l'Otan, on a eu droit au statut d'allié majeur non membre de cette Alliance atlantique. Cette attitude nous rappelle celle qu'ils ont empruntée, à l'aube de la Révolution, où ils se bousculaient pour nous en féliciter et s'arroger le droit de l'accompagner et de la sauvegarder, comme si nous étions des retardés, incapables de la gérer nous-mêmes, et qu'ils étaient des révolutionnaires, avides défenseurs des libertés et des droits de l'Homme. Et pour prouver leur bonne foi, ils n'ont pas trouvé mieux que de nous faire cadeau de ces anges gardiens de Daech dont le chef adjoint de la police et de la sécurité publique à Dubaï, Dahi Khalfan, dit que c'est la plus grande imposture de l'époque. Les vrais partenaires Là, on a pu réaliser l'ampleur de leurs soucis et de l'amour qu'ils nous vouent. Déjà, on a commencé à en saisir la quintessence à partir du moment où ils ont miné la Libye qui est devenue une vraie poudrière à nos portes du sud et qui menace de faire exploser le pays à tout moment. Et l'ex-président français, Nicolas Sarkozy, qui passait maître en matière de prestidigitation, vu son habileté à faire croire, au début, à un soulèvement populaire spontané, a accéléré le processus, en armant massivement ses sbires, pour renverser son «créancier», Kadhafi, et étouffer le scandale qui a fini par éclater, malgré les conseils «précieux» et l'action «habile» menée par son missionnaire, le fameux sioniste, BHL. Donc, il est incontestable que les actes terroristes du Bardo et de Sousse constituent les dégâts collatéraux provoqués par la guerre dirigée par l'Otan contre l'ex-dirigeant libyen. Alors ! qu'on arrête de tuer la victime et de participer à ses funérailles, comme le dit bien le proverbe de chez nous. Parallèlement à ce message, il faudrait bien en formuler un autre à l'endroit des forces politiques locales: détrompez-vous! Ces puissances occidentales ne sont pas vos alliés dans votre lutte contre le terrorisme! Vous devez compter uniquement sur vous-mêmes, sur votre unité et votre intransigeance et, également, sur le partenaire stratégique algérien qui représente la cible majeure de ces actions visant la déstabilisation de la région. «Il y a un plan diabolique qui vise à transformer l'Algérie en une autre Syrie», avertit Abdel Bari Atwen, le journaliste palestinien. Les derniers événements tragiques de Ghardaia, auxquels on veut donner une nature ethnique, en sont la parfaite illustration. On voit très bien que les enjeux de la guerre contre le terrorisme sont multiples, ce qui impose une vigilance et une clairvoyance constantes, d'autant plus que certains de ses partenaires parviennent à se faufiler dans les rouages de l'Etat tunisien et multiplient les manœuvres pernicieuses, telles que le double discours et le travail de sape à l'encontre de l'édifice social moderne de la Tunisie, pour y ouvrir des brèches aux terroristes. Aussi, le mur de protection, bâti tout le long des frontières sud avec la Libye, ne peut-il endiguer la menace terroriste, tant qu'on n'est pas en sécurité à l'intérieur. D'où la nécessité de sévir contre ce fléau sur tous les fronts. La sécurité nationale de la Tunisie est sacrée. Et toute action entreprise en vue de sa préservation doit répondre à des impératifs stratégiques nationaux évidents, sans concéder quoi que ce soit à qui que ce soit. La sécurité des Tunisiens et de leur patrie ne souffre ni concession, ni condescendance, ni indulgence.