Ombres et… soleil d'un début de compétition où on oublie un peu le football… «J'espère que ces trois semaines vont nous permettre de régler nos dossiers étrangers… afin de partir sur un noyau solide et technique, qui correspond à ce que je voudrais dans le jeu du Stade Tunisien. Pour l'instant, on est sur une corde raide. Le ST ne doit pas se cacher derrière ses 6 points ! Le caractère est important, mais il faut lui allier la qualité technique, l'intelligence tactique et une sensibilité collective que certains sont loin de sentir». Que Patrick Liewig, entraîneur du Stade Tunisien, nous excuse encore une fois de n'avoir pas su garder le secret d'une brève conversation via SMS, suite à la victoire en déplacement de son équipe hier face à la JSK. Pourquoi Liewig ? Pourquoi cet aveu et pourquoi le ST ? Tout simplement parce que l'homme et l'entraîneur croient au travail, ne se plaignent pas (du moins pas en public) de l'insuffisance des moyens et ne se cachent surtout pas derrière, parce que le ST continue à progresser et parce que les résultats sont au bout des efforts, du travail et de la modestie. Trop de polémiques ? Un discours qui tranche drôlement avec celui de bon nombre de ses collègues qui se plaignent de tout et de rien, qui réclament des renforts et qui justifient le peu de jeu et de résultats par la modestie des moyens mis à leur disposition. Même si tout est relatif. C'est que deux journées après le début de la compétition, précédées par une préparation de 6 semaines au minimum, tout le monde attend — déjà — la trêve comme si celle-ci allait remplacer le travail de l'intersaison, ou produire des miracles. Entretemps, avec des moyens qu'on ne peut comparer à ceux de l'EST, de l'ESS, du Club Sfaxien, le Stade Tunisien a déjà empoché le maximum de points. L'autre soir encore, à la résidence de l'ambassade de France, à l'occasion d'une réception organisée en l'honneur de PSG-OM, ce même Patrick Liewig, pourtant entouré de Deschamps, Kombouaré, Jean Djorkweff (le père de Youri, à son tour ex-capitaine de Lyon et de l'équipe de France des années 60-70), ne parlait que du Stade Tunisien, de technique, de tactique, de programmation, de rigueur, etc. Rien de tout cela sur les médias où le débat est à la polémique, aux règlements de compte et aux accusations. On parle si peu, ou pas du tout, le football comme ce fut le cas pour le match du Botswana ou alors lors de cette intersaison qui a défrayé la chronique par un nombre incalculable de petits et grands scandales. Travailler au lieu de parler. Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin de personnes comme Liewig, des passionnés, des travailleurs, des formateurs, des pragmatiques. Car, ne nous y trompons pas, tant que notre championnat vaudra ce qu'il vaut aujourd'hui, nous devons renoncer à toute ambition. Et ce n'est pas notre poignée de professionnels à l'étranger qui y changeront quelque chose. Pour ce faire, les dirigeants de nos clubs doivent lancer des signaux forts et commencer par réinstaurer la discipline et par se fixer des objectifs techniques fiables et réalistes. Les choix des entraîneurs des sections de jeunes, ainsi que celui de l'équipe première doivent obéir à des critères précis susceptibles d'inscrire le club dans la continuité, tant technique qu'administrative. Notre crainte, c'est que cette trêve ne serve à rien sinon à poursuivre la fièvre acheteuse de clubs aux tiroirs-caisses vides parce qu'ils vivent au jour le jour. Heureusement, le cadre n'est pas totalement noir avec, justement, ce ST qui donne l'exemple ; l'Etoile qui se rachète une conduite ; l'Espérance qui continue à gagner et qui ne veut plus céder aux sautes d'humeur de Enramo ; le CAB qui enflamme à nouveau Bizerte ; l'ASM qui retrouve la Ligue 1, tout comme l'ASG qui rêve d'une première victoire… Que nous apportera la trêve? De la sérénité, de la sagesse et du… football. C'est du moins ce que nous espérons.