Au moment même où le football national se voit confronté à une mauvaise passe après l'échec de la sélection de figurer en phase finale du Mondial sud-africain et sa participation des plus mitigées à la précédente CAN d'où elle est sortie par la petite porte, dès le premier tour, il se voit offrir une belle opportunité de redorer un tant soit peu son blason avec l'engagement de l'EST et du CA en Champion's league africaine. L'aventure continentale démarrera ce week-end pour nos deux représentants, cet après-midi pour l'Espérance et le lendemain dimanche pour les Clubistes contre respectivement le East Land de Sierra Lione et le Club du Sahel nigérian. Comme on pourrait le constater ce premier tour ne représente pas un dur écueil compte tenu de la modestie de ces deux adversaires démunis l'un comme l'autre d'expérience à l'échelle continentale, appartenant à deux pays dont le football est loin de constituer une référence en Afrique. Mais ce n'est qu'un début et les choses les plus difficiles commenceront après et plus précisément dès le prochain tour quand les grosses cylindrées du continent entreront en lice. L'EST : cette fois sera-t-elle la bonne ? Pour les " Sang et Or " le sevrage en " CI " n'a que trop duré puisque leur dernier sacre remonte à 1994 non sans avoir cependant raté de très peu à trois reprises la plus haute marche du podium. Quinze ans après, le Club de Bab Souika qui a, entre-temps, raflé une belle moisson de titres au niveau national régional et arabe a au cœur de renouer avec la victoire dans cette compétition qui ne figure pas, dans sa nouvelle formule, dans son palmarès. Pareil objectif demeure dans ses cordes si l'on considère la valeur de l'effectif espérantiste constituant un amalgame harmonieux de joueurs exprimentés à l'image de Abdi, Enéramo, Afful, Janvier, Korbi, Darragi et d'autres alliant le talent à l'enthousiasme de la jeunesse tels que M'sakni, Khaled Ayari, Ben Youssef et le gardien Naoura qu'on espère qu'il sera de nouveau compétitif pour la suite du parcours. Le groupe espérantiste qui semble avoir définitivement surmonté ses récentes difficultés en championnat national nous paraît suffisamment armé pour pouvoir aller jusqu'au bout de ses intentions surtout que l'entraîneur Faouzi Benzarti jouit d'une expérience bien solide dans les safari africains accumulée tout au long d'une riche carrière. L'Espérance qui a toutes les cartes en règle devra faire cependant preuve de concentration sans faille sur son sujet et de régularité dans le rendement, deux qualités indispensables dans une épreuve aux multiples contraintes et aux aléas imprévisibles. Le C.A, avec la même ossature L'ensemble de Bab Djedid a encore à l'esprit la mésaventure vécue lors de la précédente édition de la ligue de champions qu'il quitta prématurément en se faisant éliminer dès le premier tour par Djoliba du Mali au grand dam de son public qui était à mille lieues de s'attendre à ce que les siens quittent sur la pointe des pieds la plus prestigieuse des épreuves continentales au niveau des clubs. Les Clubistes, à l'évidence, ont tiré les enseignements qui s'imposent de cet échec et ont tout mis en œuvre pour pouvoir mener cette fois leur barque à bon port. Le Club Africain entre leur participation écoulée et celle qui commence a gardé l'ossature de son effectif. Les mêmes éléments influents dans le jeu de l'équipe sont toujours là, en effet, avec le gardien Nefzi, les défenseurs Souissi, Bachtobji, Ifâ, les demis Sellami, Melliti et Ben Yahia et les attaquants Traoré, Dhaouadi et Hamza Messaâdi, notamment. En tout cas ce noyau, riche de la leçon tirée de sa déconvenue de la saison écoulée ne peut se permettre un nouveau faux-pas. Et c'est pourquoi le Club Africain nous apparaît cette fois plus fort non pas seulement sur le plan technico-tactique où il a énormément gagné en rigueur et en réalisme mais aussi sur le plan mental. Les protégés de Pierre Lechantre dont l'apport n'est plus à démontrer ont prouvé cette saison qu'ils sont les plus forts côté caractère qualité qui leur ont valu de glaner en championnat pas moins de cinq victoires dans le temps additionnel. Autant de qualités plaident, en effet, en faveur de notre deuxième représentant. Légitime qu'il ambitionne donc tout comme l'Espérance le podium. Pour l'un et pour l'autre inutile de rappeler qu'à cœur vaillant rien n'est impossible. Ameur KERKENNI -------------------------------------- Patrick Liewig (entraîneur du ST) : « Atteindre d'abord le top 8, après… tout est possible ! » Qui mieux que Patrick Liewig peut parler la Ligue des champions africaine, épreuve qu'il a bien connue lors de son expérience ivoirienne. Avec l'ASEC Mimosas d'Abidjan, il a sillonné le continent de long en large, de haut en bas, et, sa mémoire déborde d'anecdotes… Le message qu'il tient à passer à nos deux représentants en C1 africaine dont les trois coups seront sonnés aujourd'hui, se résument en trois phrases : savoir gérer les conditions de vie sur place, et, ne jamais mêler les joueurs aux contrariétés croisées au passage. « Je tiens d'abord à souhaiter et à l'Espérance, et, au Club Africain, le meilleur des parcours, car, ils représentent tous les deux le football tunisien sur le continent africain. Avant de penser à gagner le fameux trophée, il faut savoir gérer toutes les situations qui précèdent une finale. Il y a des paramètres qu'il ne faut en aucun cas négliger, telles que les conditions de vie sur place, les conditions climatiques qui sont différentes. Bien entendu, à côté de ce que je viens de dire, il faut avoir un minimum d'informations sur son rival. En ce qui concerne les matches, rien ne sera facile, puisqu'on a affaire à des clubs qui ont été soit champions soit vice champions. Par expérience, je sais que ces derniers peuvent parfois avoir dans leurs rangs des individualités marquantes. Maintenant, sur la qualité des équipes tunisiennes engagées dans cette épreuve, je pense que toutes les deux ont largement les moyens d'arriver au moins au stade des quarts et, plus loin encore. Le Club Africain peut compter sur un ensemble de joueurs d'expérience qui ont démontré, à travers le championnat, qu'ils peuvent gérer des matches, comme celui qu'ils auront à négocier au Niger. En arrivant à bien régir les conditions de l'environnement, et bien manager celles climatiques, sur le terrain, il n'aura pas, en principe de problèmes outre mesure. L'Espérance, de son côté, dispose de joueurs qui sont des valeurs montantes. C'est une équipe qui se reconstruit, qui plonge de nouveau, dans cette précieuse compétition. Elle a des qualités offensives extraordinaires et, c'est pour cela, je vois qu'elle est capable d'aller loin. En tous les cas, son objectif premier, comme celui du CA, doit être l'accès au Top 8. Après, tout est possible comme on dit communément. Cela est dans leur corde. Le plus important, est que les joueurs doivent être mentalement prêts pour ce genre d'expérience. Il y aura certainement beaucoup de contrariétés, de contre temps, de surprises, il ne faut pas y mêler les joueurs qui doivent rester concentrés sur leur sujet, sans plus. » MAE -------------------------------------- Larbi Zouaoui (entraîneur du CAB) : « Ils en ont les moyens » « L'élimination prématurée de notre équipe nationale dès le premier tour de la CAN comme celle des éliminatoires de la coupe du monde a, certes, laissé un arrière-goût d'amertume. Cette double déception pourrait affecter le moral de nos jeunes internationaux dont certains forment l'ossature de l'EST et du CA. Toutefois, en dépit de tous ces aléas, je demeure convaincu que nos deux représentants sont en état de relever le défi et de relancer notre football sur le plan continental. Avec du renfort lors du prochain mercato, ils ont apparemment de remporter le trophée africain. Larbi Mdaissi -------------------------------------- Lotfi Hsoumi (ancien international de l'ESS) : « Disposer d'un effectif athlétique » « Je pense que remporter la Ligue des champions n'est pas une entreprise aisée. D'abord, le parcours est long et éprouvant et il faut absolument se prémunir de toutes les garanties nécessaires pour éviter les mauvaises surprises que pourrait renfermer le Continent. Ensuite, il est indispensable de disposer d'un effectif performant et suffisamment athlétique pour pouvoir rivaliser avec les joueurs africains déjà connus par leur puissance physique et techniquement des plus valables. Nous avons vu la dernière édition de l'épreuve et apprécié la valeur des joueurs de Heartland et du TP Mazembé surtout. Enfin, à mon humble avis, aussi bien l'Espérance de Tunis que le Club Africain doivent veiller au plus fin détail pendant la première partie du parcours avant de profiter du prochain mercato pour renforçer davantage leurs équipes par des joueurs de l'entrejeu et de l'attaque aguerris à ce genre de compétition. La réussite pourra être de leur côté s'ils sont convenablement armés. Rappelons-nous l'Etoile en 2007 lorsqu'elle remporta le trophée au Caire même grâce à la combativité de Moussa Narry et de Nafkha et à la créativité d'Ogunbiyi et de Gharbi, et à la fougue de Chermiti. En plus, les autres éléments ne manquaient ni de talent ni d'expérience. Recueillis par M.E.G -------------------------------------- Mokhtar Dhouib (ancien-international) : " Ils ont tous les atouts de leur côté " Empressons nous de souligner que notre sport roi après sa double désillusion dans les éliminatoires du mondial sud africain et la phase finale de la CAN a impérativement besoin de refaire surface sur la scène internationale et a priori sur le plan continental. A cet effet, une victoire finale de l'un de nos deux représentants en l'occurrence l'Espérance de Tunis et le Club Africain dans la ligue des champions sera d'un grand apport. Reste cependant à savoir si " Sang et Or " et Clubistes sont en mesure ou non de valoir au football national le précieux trophée. Il va sans dire que cette compétition est à la fois difficile et aléatoire. Difficile parce qu'elle regroupe la fine fleur des clubs du continent. Dans un passé proche il fallait faire face à la rivalité des clubs des pays de l'Afrique du nord, tels que le Raja et le Wided de Casablanca, d'Algérie, M. Alger et Wifak Sétif, et d'Egypte notamment Ezzamalek et El Ahly. Les clubs d'Afrique noire ne constituait pas des écueils insurmontables dans la mesure où les meilleurs joueurs des pays d'Afrique sud saharienne évoluaient dans le vieux continent. Mais depuis trois ou quatre saisons les clubs de cette partie d'Afrique notamment ceux du Nigeria (Enymba et le Heartland) de Congo démocratique (Mazembé) de Côte d'Ivoire (l'Assec et Africa Sport) se sont substantiellement renforcés pour rivaliser les club d'Afrique blanche. Aléatoire cette ligue des champions l'est aussi parce que nos clubs doivent aussi faire face au problème de l'arbitrage et l'ambiance des stades d'Afrique noire, souvent de véritables fournaises. En dépit de ces considérations je pense qu'aussi bien l'Espérance que le Club Africain sont suffisamment armés pour pouvoir aller jusqu'au bout de leur sujet. L'un comme l'autre possèdent un groupe solide et équilibré à tous les niveaux du jeu, tout comme ils sont dirigés par un staff technique des plus compétents. Nos deux représentants en toute objectivité n'ont rien à envier aux autres favoris de cette compétition tant sur le plan physique que celui tactico-technique. L'essentiel c'est de faire preuve de concentration, de lucidité mentale et de caractère. Des qualités qui feront certainement la différence ". Ameur KERKENNI -------------------------------------- Mohamed Sraeib ( entraineur adjoint ESZ ): "D'abord, bien négocier les premières rencontres » " Je vois que les deux équipes ont des individualités de très bonne qualité , mais comme leur parcours actuel est en deçà des attentes de leurs fans , on est en droit d'être inquiet. Cette compétition continentale débute malheureusement à un moment, surtout après la très longue trêve hivernale que vient d'observer notre championnat, guère avantageux pour eux." Toutefois, la qualification des deux équipes au carré d'as dépendra essentiellement de leurs prestations respectives d'ici la fin de cette saison; si tout va bien , c'est ce que j'espère surtout que les Darragi, Msakni, Korbi, Naouara, Yahia, Souissi, Mouihbi, Dhaouadi n'ont rien à envier à leurs homologues des clubs de l'Afrique noire, je peux dire que les espérantistes comme les clubistes pourraient, lors de la prochaine trêve estivale, en réajustant leurs groupes par d'autres éléments de qualité certaine, aspirer au sacre final .Mais je persiste à dire que les prochaines rencontres doivent être prises au sérieux et bien négociées."