L'on en attendait pas moins pour le concert de ce groupe algérien: une soirée à guichets fermés pour un concert plein d'énergie jusqu'au bout. L'amphithéâtre de Hammamet a vibré, récemment, aux rythmes d'une musique authentique entraînante qui ne laissa personne indifférent. Une musique métissée, enveloppée de sonorités gnawa, jazz, reggae, en passant par le rap et le ragga, portant des textes engagés autour de thèmes, tels que la mémoire, l'exil, l'identité et autres. C'est celle du groupe Gnawa Diffusion adoré par un bon nombre de jeunes Tunisiens qui se sont déplacés en nombre pour assister à leur concert dans le cadre du Festival international de Hammamet. C'était la première de leur tournée estivale en Tunisie, puisque le 8 août, ils étaient à Boukornine, le 9 à Gafsa et le 10 à Bizerte. Gumbri en mains, debout sur scène, affichant, dans ses habits, sa fierté africaine, le charismatique Amazigh Kateb, la voix du groupe , entouré de ses musiciens, nous a chanté, l'Algérie, les peuples opprimés, l'exil, l'africanité du Maghreb : «Nous sommes un seul peuple, un peuple maghrébin africain», clame-t-il dans ce sens. Les chanteurs du groupe nous ont offert des morceaux qui ont fait leur notoriété, entre autres celles tirées de leur album Algeria et de Souk system. Un album prodigieux, qui explore des sentiers musicaux inhabituels et, outre le reggae et les sonorités gnaoua, intégre des bribes de musique arabo-andalouse et d'electro. Alors quand le chanteur lance Ya laymi ou Nrouhou el Jamaica, cela ne manque pas d'enflammer le public qui lui rend la réplique en chantant et en dansant. C'est qu'avec la musique enivrante Gnawa, on se lâche complètement et on se laisse entraîner par ce beau métissage musical et par ses propos remplis de bons sens et d'humanité. On apprécie également les chansons de leur dernier album Shock al –Hal (Ya malika, Ana Barrani, complices, et d'autres encore). Amazigh Kateb n'oublie pas de rendre hommage au courage de notre jeunesse et d'adresser un message contre l'extrémisme. Sur le sujet de la légalisation des drogues douces, il note que la fourberie politique est plus dangereuse et nocive. «Nous sommes contre ces lois rigides qui ne changent pas et qui font que nos jeunes se dirigent vers des drogues fortes». Une excellente soirée pleine de bonnes vibrations qui rend hommage à l'humain, ce dont notre jeunesse a besoin par ces temps durs. Merci!