Les axes retenus par la proposition de l'Utica ne sont pas tout à fait nouveaux. Le plus important aujourd'hui est d'identifier surtout les moyens qui sont en mesure de les mettre en application Depuis quelque temps déjà, on ne parle que du plan proposé par l'Utica pour la relance, en une année seulement, de l'économie nationale. Une feuille de route qu'on qualifie, ici et là, de salvatrice. Certes, la proposition de la centrale patronale est importante. Elle retient en effet une série de dispositions prioritaires et stratégiques même. On pense surtout à la lutte contre le terrorisme, à l'implication totale des hommes d'affaires dans le projet de relance économique et à la réorganisation du rôle du secteur privé dans la politique de développement nationale d'une manière générale. Toutefois, il faut reconnaître que les axes retenus par la proposition de l'Utica ne sont pas tout à fait nouveaux. Car les questions de sécurité, de développement régional, d'emploi, de tourisme, ou encore d'investissement ont été soulevées à plusieurs reprises. Elles ont fait même l'objet d'études, de plans d'action et de projets concrets. Cette feuille de route n'est donc qu'un rappel de ce qui devrait être fait. Se libérer des actions unilatérales Ce qui est important aujourd'hui, comme le soulèvent d'ailleurs certains experts, est surtout d'identifier les moyens qui sont capables de mettre en application les actions retenues par la feuille de route, et de mobiliser les ressources qui leur seront nécessaires. Ce qui est encore plus important, c'est aussi la responsabilisation de toutes les parties sur les urgences de l'étape actuelle et future. Ce qui implique, comme l'a soulevé tout récemment Tarek Cherif, président de la Conect, cohésion, adhésion et mobilisation globale. D'ailleurs, Habib Guiza, de la Fédération générale du travail, estime de son côté que la concrétisation de la feuille de route de l'Utica « devrait s'établir avant tout dans le cadre d'un nouveau contrat social. Un tel contrat devrait reposer lui-même sur trois éléments fondamentaux : la réforme du modèle national de développement, la refondation de l'Etat, quelque peu affaibli depuis le soulèvement du peuple tunisien, et l'implication de tous les acteurs». Question de compétence De telles exigences donnent toute son importance à la mise en place d'un programme de concertation et de consultation qui rassemble tous les décideurs aussi bien économiques que politiques. Et c'est surtout à l'Ugtt qu'on pense, car la centrale syndicale doit absolument se libérer de ses actions unilatérales pour réfléchir et agir en commun, en tenant compte des intérêts stratégiques du pays. Cette question est d'autant plus importante que l'Ugtt détient la responsabilité de résoudre une question aussi délicate que celle du terrorisme : les pressions sociales. La centrale syndicale doit s'associer aux autres cercles de décisions pour mettre définitivement un terme à toutes les revendications sociales anarchiques qui ne cessent de pénaliser notre paysage socioéconomique. En plus de l'Ugtt, l'implication du gouvernement dans la concrétisation de la feuille de route établie par l'Utica est incontournable. Car il a désormais cette responsabilité de s'engager côte à côte avec les différents partenaires sociaux pour activer les mécanismes de mise en application des actions retenues. Cette association doit absolument tenir compte d'une meilleure décentralisation des services administratifs, l'allégement des exigences fiscales, l'amélioration de l'infrastructure de base et le désengagement de certains secteurs, notamment à haute capacité concurrentielle, pour restaurer rapidement la confiance des investisseurs. Et c'est surtout la question du choix des profils et des compétences qui reste capitale. Il est vrai en effet que la gestion de cette feuille de route nécessite une qualification certaine.