Le club phare de Sfax paie les frais des rivalités de ses grands supporters De tout temps, le CSS a enfanté de grands talents et pratiqué le plus beau football dans le pays avec, certes, un zeste de fantaisie qui se faisait souvent au détriment de la rigueur et de l'efficacité. Mais ses fans le lui pardonnaient, étant amateurs du beau geste de leurs vedettes qu'ils adulent : Dalhoum, A.Graja, A.Hejri, Agrebi, Souayeh... un match où le CSS jouait, c'était un vrai régal de football. Le CSS a évolué pour comprendre que le spectacle à lui seul n'amène pas les consécrations. Epousant la logique prévalant, l'équipe a eu l'audace de changer pour donner la place à plus de rigueur et de réalisme. Ceci lui a valu de remporter des titres à l'échelle locale, régionale et continentale. Mais ces réussites sont toujours entrecoupées de traversées du désert qui durent parfois de longues années. Mais le CSS est toujours resté égal à lui-même avec son jeu léché et attrayant. C'est une tradition, certes, mais elle s'explique aussi par cette pléiade de joueurs qui évoluent au sein de l'équipe. Qu'ils soient du cru des locaux oi étrangers. C'est là une autre particularité de ce club qui dispose d'une bonne filière de recruteurs qui savent cibler les talents, notamment en Afrique. Alors qu'est-ce qui manque aux Sfaxiens pour connaître de si mièvres résultas et tant de déceptions pendant des saisons entières? L'argent? Cela ne doit pas poser de problème pour ce club dont la ville et la région sont les plus prolifiques en hommes d'affaires, et dont plusieurs sont parmi les plus riches du pays. Aussi — et faut-il le signaler — ils sont tous ou presque férus de football et fans de leurs couleurs! Et c'est peut-être là que réside l'énigme de ce club qui, à chaque fois le palier supérieur atteint, ne tarde pas de chuter pour se voir contraint de refaire tout le chemin perdu. L'énigme déchiffrée! Le CSS, et qu'on se le dise clairement et sans la moindre idée de faire un procès d'intention à qui que ce soit, est victime de ses grands supporters qui se voient tous dirigeants et ne reconnaissent aucun mérite à celui qui tient les rênes. En apparence, ils sont tous solidaires, mais en réalité, ils se livrent à une guerre sans merci. Dès que le CSS réussit une saison sous la présidence d'un tel, ce dernier est quelque temps après voué aux gémonies avant d'être lâché pour tous ceux qui lui avaient promis soutien moral et matériel. Chacun veut être le parrain du succès et ne s'imagine pas que quelqu'un d'autre puisse réussir à sa place. Cela ne date pas d'hier. Un certain temps, il y avait rivalité entre les grands du CSS vivant à Sfax et ceux qui résident dans la capitale, cela n'était un secret pour personne. Et c'est l'équipe de football qui en avait souvent fait les frais. Pis encore, combien de fois avons-nous assisté à une lutte déclarée entre président et vice-président ? Combien de fois avons-nous eu droit à des déclarations et prises de positions contradictoires émanant du président et de l'un de ses dirigeants ? Cela a toujours miné les relations entre les composantes de la famille sfaxienne dont le club est à chaque fois le grand perdant. Car cette guerre des chefs n'est pas seulement verbale ou de positionnement, elle est encore plus grave puisqu'elle touche au volet financier. Pour tenter d'abattre son rival, on fait tout pour tarir les ressources en tournant le dos aux engagements pris, ceux d'apporter tout le soutien nécessaire dont le club a besoin. Cette situation s'est souvent vérifiée, obligeant les dirigeants à mettre sur le marché des transferts leurs meilleurs éléments pour pouvoir honorer leurs engagements auprès des joueurs et du staff technique. C'est ainsi que le CSS s'est retrouvé à plusieurs reprises en panne sèche et à court d'argent, finissant par revoir à la baisse des ambitions en se séparant de ceux-là mêmes capables de le maintenir au palier supérieur. Le CSS, champion de Tunisie 2013 et qualifié à la Ligue des champions, a vite fait de dégringoler pour se voir complètement hors circuit tant au plan local que continental. Sa dernière sortie de la coupe de la CAF atteste de ce mal qui ronge ce club qui, avec moins de tension entre ses grands, ne se serait pas trouvé en de si mauvais draps avec des résultats en deçà du minimum requis. Quand finira cette guerre des chefs, les problèmes du CSS finiront et ne seront qu'un mauvais souvenir.