Faute de bon agencement dû essentiellement à des difficultés liées au facteur temps enregistrées en 2014, l'ONG de contrôle et de vigilance «I Watch» vient de relancer son site web «vot.it.org» en version beaucoup plus performante, fiable et accessible. Cette deuxième initiative a été annoncée, hier matin, lors d'une conférence de presse tenue à Tunis, suite à un débat houleux ayant eu lieu jeudi soir sur le fameux projet de loi relatif à la réconciliation économique. L'objectif, selon le chef des projets au sein de ladite organisation, Youssef Belgacem, est de permettre aux citoyens de voter en ligne les projets de loi en cours d'examen à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Inspirée de l'Argentine, où des jeunes activistes ont créé en 2012 un portail interactif de même vocation, l'expérience à la tunisienne n'est pas très différente, du moins en termes des enjeux électoraux auxquels le citoyen lambda pourrait, lui aussi, prendre part. Et M. Belgacem d'ajouter qu'il serait une opportunité à travers laquelle jeunes et moins jeunes, toutes catégories confondues, seront appelés à dire leur mot et d'exercer, virtuellement, leur droit de vote sur les projets de loi soumis aux députés au Bardo. Au-delà d'une souveraineté populaire pure et simple, la participation citoyenne à la chose politique est aussi une pratique démocratique dans sa meilleure illustration. Opérationnel dès l'annonce de son lancement, signale-t-il, ce site électronique commencera par aborder, en avant-goût, l'initiative législative présidentielle portant sur la réconciliation économique et financière dont le projet de loi est remis par le gouvernement à l'ARP. Un projet de loi qui continue à défrayer la chronique et susciter une grande polémique dans les rouages de l'hémicycle et auprès de la société civile. Vote virtuel et itinérant Désormais, poursuit-il, les citoyens, là où ils se trouvent dans le territoire national, auront, eux aussi, à exprimer leurs avis et formuler, de plein gré, leurs propositions sur ce projet de loi, mais aussi sur d'autres projets inscrits à l'ordre du jour de l'ARP. Chaque opération de vote virtuel sera, ainsi, sanctionnée par un rapport final adressé aux représentants du peuple, l'ultime but est de peser le pour et le contre tel que formulé par les internautes votants. «On voudrait, par cette initiative, impliquer le citoyen dans le débat parlementaire, l'aider à faire entendre sa voix...», explique Manel Ben Achour, coordinatrice des projets à «I Watch». Aussi, s'agit-il, autant dire, une manière de participer à la prise de décision. Elle a souligné, dans ce sens, que huit points de vote itinérants seront établis dans les régions, dans les grandes surfaces et les souks hebdomadaires, afin de se rapprocher de ceux qui n'ont pas la possibilité d'accéder au site concerné. Pour Amor Hamama, chargé de la conception technologique au sein de l'ONG, le portail «vot.it» est une plateforme électronique qui se veut un moyen pour voter, donner un avis, commenter ou présenter des propositions sur les différents projets de loi en débat. Qu'il s'agisse des suggestions de rejet, de validation, d'amendement, de suppression ou encore d'ajout, tout devrait être pris en considération. Le bal sera lancé, par la suite, dans le camp des élus qui détiennent les rênes du pouvoir législatif. Une telle initiative pourrait être une occasion propice pour mieux connaître les orientations de leurs électeurs. Les usagers de ce site y trouvent également la même procédure de vote telle qu'adoptée par l'ARP, lors de ses plénières, soit «oui», «non», «je m'abstiens». D'autant plus que les applications à utiliser sont qualifiées d'aussi simples que maniables, servant de référence pour d'autres opérations de vote. Notons, enfin, que ce nouveau site vient s'ajouter aux précédentes initiatives d'observation entreprises par «I Watch», à savoir «Belkamcha» dans la lutte anticorruption, ou «Jomâa meter», «Essid meter» et «Essebsi meter» en ce qui concerne son rôle dans le contrôle du gouvernement.