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Un plan national en quatre axes
Entretien avec M. Youssef Chahed, Secrétaire d'Etat chargé de la pêche
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 08 - 2015

Les produits de la mer s'exportent bien. 211 millions de dinars pour les sept premiers mois de 2015. On estime finir l'année à plus de 300 millions de dinars. Toutefois, ces chiffres ne cachent pas les nombreux problèmes dont souffre le secteur de la pêche. Dans une interview à La Presse, M. Youssef Chahed, secrétaire d'Etat chargé de la pêche, évoque tour à tour ces problèmes, la stratégie de son département pour la préservation des ressources halieutiques, la lutte contre la pêche illicite, le plan national de mise à niveau des différentes composantes du secteur...
Depuis que vous êtes à la tête du département de la pêche, quel diagnostic faites-vous du secteur ?
Effectivement, quand nous sommes arrivés, nous avons effectué un diagnostic. C'est un secteur qui a beaucoup de problèmes et de difficultés au niveau de l'infrastructure. Nous avons à titre d'exemple évalué les besoins en infrastructure portuaire à près de 180 millions de dinars. C'est un premier diagnostic. Nous avons, aussi, fait un deuxième diagnostic sur l'état de la mise à niveau des marchés de poisson. Nous avons trouvé beaucoup de problèmes sur l'état sanitaire des marchés, des ports et des embarcations de pêche. Globalement, nous avons audité le secteur pendant les 100 premiers jours et nous avons constaté un secteur en perte de vitesse. Un secteur en difficulté, un problème pour les pêches en question de rendement, de l'activité, un problème d'endettement et des problèmes au niveau de la préservation des ressources. Donc, à partir du diagnostic que nous avons élaboré, nous avons mis en place une stratégie. Cette stratégie repose sur trois piliers : le pêcheur, la pêcherie et les ports.
Pour le pêcheur, on est en train d'identifier les moyens à même d'améliorer ses conditions de vie. Nous travaillons également sur l'amélioration du rendement de son activité, la réduction de l'endettement et la sécurité sociale. Il a un vrai problème de régime de sécurité sociale. Nous travaillons sur la possibilité de trouver un régime social convenable à l'activité de la pêche qui est une activité spécifique.
Deuxième pilier, la pêcherie. C'est la ressource halieutique et le stock. On a mis en place un plan national de préservation de la ressource qui est en effort de surpêche. Cela représente un risque pour les ressources en Tunisie et pour l'activité de la pêche d'une manière générale.
Quels sont les axes de ce plan ?
Ce plan national se décline en quatre axes. Le premier point est le contrôle humain. Nous avons mis en place des équipes communes entre les ministères de l'Agriculture, de la Défense, de l'Intérieur et des Finances. Ce sont des équipes qui font le contrôle en mer au niveau des ports, au niveau des usines et dans les circuits de distribution et au niveau des marchés de poisson. Nous avons aussi remis le contrôle au ministère de l'Agriculture. Les équipes du ministère se déplacent au niveau des routes, des marchés pour faire le contrôle, soit des espèces en dehors de leur saison et des espèces protégées. Au niveau de la mer, cela concerne l'utilisation d'outils de pêche illicites comme le kyste et la pêche dans des profondeurs interdites. Nous avons des équipes mixtes et des équipes propres au ministère de l'Agriculture.
Le deuxième niveau, c'est le contrôle par satellite. C'est un projet qui était à l'arrêt depuis 2008 et nous l'avons remis en marche par l'apparition d'un arrêté en juin 2015 qui oblige toutes les embarcations dépassant 15 mètres de s'équiper d'un VMS qui est un terminal qui permet d'émettre en instantané du positionnement des navires. C'est une petite révolution au niveau du contrôle. Pour ce qui est de la sécurité des embarcations, le secours peut arriver très rapidement. Nous avons, donc, une carte claire avec le positionnement des bateaux. Chaque bateau va émettre d'une manière confidentielle les données de son positionnement géographique. Nous avons réduit le coût du terminal et nous travaillons pour que l'Etat prenne en charge une partie du coût pour que ça reste un coût acceptable. Nous avons travaillé tout cela avec la profession. A partir du mois d'octobre, on va commencer la mise en place du système. C'est une recommandation internationale de la CGPM (Conseil de gestion de la pêcherie en Méditerranée).
Le contrôle par satellite est un moyen moderne. Nous allons commencer par les embarcations supérieures à 15 mètres. On va contrôler même la pêche illicite dans les petites profondeurs. Si jamais les embarcations descendent dans les zones de pêche artisanale, elles seront verbalisées à l'entrée du port. On va avoir une cartographie claire sur les lieux où se trouvent les bateaux et la moindre panne, les secours peuvent arriver rapidement.
Le troisième niveau du contrôle est les récifs artificiels qui sont des blocs de béton jetés dans des endroits stratégiques de la mer qui permettent la régénération du poisson. Ça empêche, également, les embarcations de venir dans ces zones. Nous avons un programme de cinq mille récifs artificiels sur les côtes tunisiennes.
Jusqu'à maintenant, c'est une approche juridique et sécuritaire du contrôle. Nous ne voulons pas que ça se limite à ce niveau. Nous voulons que les pêcheurs, actuellement, en infraction retournent à la pêche légale, respectent la loi. Cette approche socioéconomique vise à accorder des aides aux pêcheurs pour qu'ils abandonnent les pratiques illicites. On ne veut pas sortir les pêcheurs en infraction du système de production. Pour ceux qui refusent de réintégrer le système de la pêche légale, nous allons appliquer la loi.
Il s'agit, donc, d'un grand travail ?
La préservation des ressources est un combat quotidien, 24h/24. Nous avons des données de recherche qui montrent qu'on est en effort de surpêche. Cela veut dire que la capacité de pêche dépasse le stock. Dans quelques années, si on continue avec les mêmes pratiques, on n'aura plus de poisson. Et on ne parlera plus du secteur de la pêche.
Ce plan national, je le gère personnellement avec plusieurs équipes. On a déjà des résultats importants dans le golfe de Gabès. Nous avons réduit d'une manière importante la pêche illicite. Mais, il faut dire que c'est un travail de longue haleine. Ainsi, il faut motiver les équipes et réintégrer les pêcheurs.
Qu'en est–il de la pêche artisanale ?
La pêche traditionnelle ou artisanale est un secteur important. Elle rentre dans le quatrième point du plan national de préservation de la ressource. Nous soutenons ce type de pêche parce qu'elle a une importance économique et sociale. Partout dans le monde, il faut soutenir la pêche artisanale qui participe, également, à la protection de la mer. Il y a, aussi, des méthodes de gestion à travers le monde pour préserver cette pêcherie.
Nous avons, donc, parlé dans cette stratégie du pêcheur, de la pêcherie et du port. Pour ce qui est des ports tunisiens, le diagnostic a montré qu'ils ne sont pas à mais niveau. L'intervention se fait à deux niveaux. En ce qui concerne le court terme, nous avons lancé cet été un programme de mise à niveau des marchés de poisson. Toutefois, ce niveau d'intervention touche, également, les quais, les embarcations et les usines. Les chantiers sont en cours et les travaux seront achevés d'ici deux mois. Le budget alloué à ces opérations est 5 millions de dinars.
Le deuxième niveau d'intervention touche l'infrastructure lourde. Nous avons programmé des travaux de 100 millions de dinars dans les années qui viennent (plan quinquennal 2016-2020). Il s'agit de travaux d'extension, de doublement de la capacité et de réhabilitation.
Que pensez-vous de la filière de l'aquaculture ?
L'aquaculture est une filière importante. Mais, elle fait face à beaucoup de difficultés au niveau du coût de la production, ce qui a impacté la compétitivité des produits. Le coût de la production dépend de l'importation de la matière première comme les alevins et la farine. On est en train d'élaborer un projet d'écloseries nationales pour éviter l'importation et par la suite réduire les coûts de production.
Nous avons, également, des problèmes d'implantation. Sur les ports, il y a souvent un malentendu entre les pêcheurs et les producteurs d'aquaculture. Nous travaillons, actuellement, sur un plan directeur des sites préservés à cette activité. D'autre part, nous n'avons pas des lois spécifiques à l'aquaculture qui est jusqu'à maintenant considérée comme une activité de la pêche.
Quelle est la place de la profession dans tous ces projets ?
Auparavant, la relation avec les gens de la profession était très délicate. Durant les six derniers mois, j'ai essayé de réinstaurer la confiance entre les pêcheurs et l'administration. Les derniers six mois, nous avons réglé beaucoup de problèmes. On a mis des systèmes d'alerte en faveur des pêcheurs. Nous sommes allés vers les hommes du métier. Nous avons organisé des ateliers dans toutes les régions côtières de Tunisie afin d'écouter les professionnels. J'ai visité tous les ports pour parler aux pêcheurs. Nous avons organisé des conférences régionales qui ont porté sur trois thèmes, notamment la mise à niveau des ports, les conditions de travail du pêcheur et la révision des lois de la pêche qui datent de 1994. Nous allons organiser une conférence nationale sur la pêche d'ici la fin de l'année pour évaluer les travaux des rencontres régionales et dégager des recommandations et des actions pour le plan quinquennal 2016-2020.
L'idée principale était, donc, de faire participer les pêcheurs. Fondamentalement, dans le secteur de la pêche, notre approche est participative puisque ce secteur est une ressource partagée, en accès libre et mobile, d'où la difficulté de son organisation. L'Etat ne peut pas gérer seul le secteur de la pêche. De ce fait, l'approche participative est fondamentale. C'est un secteur très dynamique et une économie importante. Pour les sept premiers mois de 2015, on est à 211 millions de dinars sur l'exportation. En 2014 et pour la même période, nous étions à 185 millions de dinars, enregistrant ainsi une augmentation de 11%. On finit l'année, à plus de 300 millions de dinars.
Mais, il faut dire que le secteur n'a pas reçu les financements nécessaires par rapport à son poids. On est en train de travailler pour ramener de l'argent à un secteur qui génère beaucoup d'argent.
Quels sont les principaux problèmes évoqués par les pêcheurs ?
Il y a tout d'abord la problématique des conditions de travail. On a déjà commencé le programme de mise à niveau. La question de la sécurité sociale a été au centre des interventions. Les pêcheurs ont parlé, également, de l'endettement, de la rentabilité du secteur et de la pêche illicite.
On entend parler ces derniers jours de la question du quota du thon rouge, avez-vous des éclaircissements à propos de cette question ?
Il faut mettre de la transparence dans ce secteur. Le quota du thon rouge est géré par l'ICAT, la commission des thoniers. Ainsi, tous les pays sont soumis à un quota déterminé par l'ICAT. C'est un système très pointu, géré au millimètre. La saison de la pêche au thon est réglementée du 24 mai à minuit jusqu'au 25 juin. Pendant ce mois, sur toutes les embarcations qui ont un quota, on trouve un contrôleur de L'ICAT. Il tourne des vidéos sur la pêche, la qualité de la pêche, les techniques utilisées. En plus, il y a un système de satellite dans tous les bateaux pour émettre des signaux sur leurs positionnement parce que la variété de thon rouge a été menacée. Le quota tunisien était à peu près 3 mille tonnes. Avec la menace sur l'espèce, l'ICAT a diminué les quotas. Il est à 1247 tonnes. Plusieurs embarcations ont été obligées de s'arrêter.
Le thon pêché est mis dans des cages pour l'engraissement dans des fermes aquacoles. Puis, il est exporté au Japon. Un bateau japonais vient sur place pour ramener le thon tunisien. On exporte à 100 % le thon rouge tunisien au Japon.
La réduction des quotas a permis la multiplication de cette espèce. Les quotas seront révisés par l'ICAT. Il y a aujourd'hui une vraie pression. Les pêcheurs demandent leur partie de ces quotas. L'opération est très compliquée. Elle est soumise au contrôle international. Et c'est l'ICAT qui distribue les quotas selon des propositions de l'Etat tunisien. Lorsqu'on était à 3 mille tonnes, nous avions 40 embarcations tunisiennes qui pêchent le thon rouge. Le nombre a diminué avec la réduction des quotas. Aujourd'hui et avec l'augmentation de nouveau de notre part, plusieurs embarcations qui étaient hors quota demandent leur part. Nous essayons, maintenant, d'introduire une dose d'équité. Nous voulons que cette filière soit transparente et équitable. Toutefois, il faut interdire la vente du thon rouge dans les marchés locaux parce que nous sommes soumis à la réglementation de l'ICAT qui envoie des contrôleurs dans les marchés tunisiens. Et les quantités vendues dans ces espaces seront retirées de notre quota. Il faut contrôler cette pratique illicite puisque ce secteur apporte à la Tunisie entre 40 et 45 millions de dinars.


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