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Indignons-nous : le mal est toujours là
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 09 - 2015


Par Mohamed Laïd LADEB*
Il semble que les politiques, surtout ceux qui détiennent les rênes du pouvoir, font la sourde oreille aux cris des intellectuels, des spécialistes militaires et autres lancés presque chaque jour dans le journal La Presse et autres quotidiens en vue de cerner les dangers des terroristes, des cellules dormantes et agissantes afin de venir à bout de ce cancer monstrueux et fatal qu'est le terrorisme.
De deux choses l'une, ou bien nos «politiques», dormant sur leurs lauriers — ils ont gagné la guerre des dernières élections — ne donnent pas d'importance aux écrits de MM. Soufiane Ben Farhat, Hmida Ben Romdhane, Boubaker Ben Kraiem, Abdelhamid Gmati et autres ou bien ils n'ont plus le temps de lire nos journaux, tellement leurs préoccupations sont énormes.
De prime abord et en ce qui me concerne, mes écrits ne sont pas rémunérés comme les autres écrits des intellectuels déjà cités.
Depuis mon article «L'Islam politique : la malédiction» publié par La Presse du 02/06/2014, j'ai insisté sur les dangers que représente le Parti Ettahrir et appelé à l'interdire quitte à engager un groupe d'avocats pour le faire. Ce cri a été lancé bel et bien avant les tristes et macabres événements du musée du Bardo et de Sousse, je l'ai réitéré dans un autre article publié en langue arabe — cette fois-ci — dans le quotidien Essarih du 9 et du 12/05/2015 «La guerre contre le terrorisme : elle doit être efficace ou elle ne l'est pas».
Nos politiques sont en grande majorité des intellectuels, parfois d'un niveau très élevé. Il semble que passée la barrière du pouvoir, ils nous considèrent comme des «égarés» ou au mieux des «rêveurs».
Le terrorisme est là, parmi nous et nous surveille comme le fait un dangereux reptile pour ses éventuelles victimes. Les véritables auteurs de cette hydre sont encore là au pouvoir. Leur chef l'a bien dit en tant que fin politique. Nous quittons le gouvernement mais nous ne quittons pas le pouvoir. C'est bien dit et c'est bien fait. Lors de la clôture de l'année scolaire et universitaire 2014-2015, M. Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha, a distribué lui-même les prix pour les lauréats lycéens et universitaires. La clôture de l'année universitaire et scolaire par le président de la République semble insuffisante à leurs yeux.
Par cette manifestation, passée sous silence par nos autorités, ils soulignent qu'ils sont un «Etat» dans l'Etat.
Venue maintenant la guerre des mosquées inféodées ou non au ministère des Affaires religieuses. Leurs imams sont les pionniers du parti. Le silence est rompu et la menace de quitter le gouvernement est lancée. Un parti politique, religieux sans des imams fervents, éloquents et batailleurs sera condamné à la décripitude. Le silence n'est plus permis, selon M. Ghannouchi et consorts.
Autre phénomène flagrant aussi et qui nous laisse perplexes et indignés. Ce déferlement inouï de ces imams barbus qui prêchent la bonne parole et la modération dans nos chaînes TV privées et publiques. Le mensonge ne paie plus. Il ne doit plus payer.
Cet ex-ministre des Affaires religieuses, M. Khadmi, qui jure à celui qui l'entend qu'il n'a jamais appelé les jeunes à partir au jihad en Syrie. Les séquences de ses discours, au cours des vendredis saints sont là pour attester du contraire. Si la loi était rigoureusement appliquée, il serait lui et ses collègues Ali Laârayedh, Habib Ellouze et autres devant des juges d'instruction ou derrière les barreaux en vue de répondre de leurs crimes relatifs à la constitution d'associations de malfaiteurs et encouragement de terroristes à perpétrer des crimes contre l'humanité et attenter à la vie de certains militants tels les martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Notre Tunisie vit des dangers réels. Tant que le mouvement Ennahdha n'a pas renié ses attaches historiques avec la conférie des Frères musulmans et tant qu'il n'a pas surtout formulé son mea culpa durant les trois années de son pouvoir et reconnu sa responsabilité quant à la genèse du terrorisme en Tunisie, nous ne saurons vaincre ce fléau qui s'abat sur notre pays.
Je n'aime pas être pessimiste mais tant que ces partis religieux rêvant du califat et autres illusions historiques dressent leur drapeau, la menace du terrorisme et son expansion ne sont pas près de s'éteindre.
Nous vivons ce qu'a vécu l'Egypte quelques mois avant la période du président Sissi. Aux amateurs de la démocratique et des droits-de-l'hommisme, je leur glisse à l'oreille ce dicton tunisien «La vieille emportée par l'oued, dit que la récolte de cette année sera bonne» (Laâzouza hazha l'oued et dit el am saba).
Je m'adresse par la même occasion aux responsables des émissions télévisées qui ne cessent de faire appel aux imams et théologiens de la vingt-cinquième heure pour leur rappeler qu'il est temps de renouveler le staff de leurs invités, professeurs et artistes, parlant des sciences, de l'art, de la vie, de l'amour et de la joie de vivre. Le peuple tunisien est un peuple élu. Il aime la vie, la lumière, l'amour et la tolérance.
Pour ceux qui, au nom de la liberté et de l'égalité de tous devant la loi, je ne cesse de répéter que tous les partis politiques, religieux ont tous un double langage et une double démarche. L'exemple d'Ennahdha est plus qu'éloquent.
Déjà, depuis le 18e siècle, J.J. Rousseau nous éclairait sur ce double langage propre aux partis religieux: «Car les fanatiques les plus sanguinaires changent de langage selon la fortune et ne prêchent que patience et douceur quand ils ne sont pas les plus forts» (J.J. Rousseau Œuvres complètes: L'intégrale Ed.Seuil P324)
L'indulgence des médias surtout télévisés à l'égard des fanatiques religieux avec leur double langage risque de friser la complicité et l'encouragement à des éventuels terroristes.
L'ex-président de la République Moncef Marzouki, n'a-t-il pas ouvert le palais de Carthage aux militants d'Ansar Echaria et aux militants des ligues de la défense de la révolution qui n'étaient que les bras de fer du Parti d'Ennahdha ?
Nous sommes pour la liberté des gens, l'égalité de tous devant la loi, nous sommes aussi pour la démocratie mais que cette «démocratie» ne soit pas la «voie royale» pour que les extrémistes de tout acabit et les fascistes et les terroristes règnent sur note pays. Il est plus qu'urgent de crier aux différents responsables politiques à quelque niveau que ce soit, aux directeurs des journaux, des chaînes de TV et autres moyens de communication «Indignez-vous». Le mal est là. Il ne dort pas. Il veille sur nous, pour saisir l'occasion propice en vue de semer le désordre, le sang, les larmes et la mort. Le philosophe Catuber invité à Beït Al Hikma lors d'un colloque organisé les 1, 2 et 3/2/1999 sur le «Fait religieux aujourd'hui» a énoncé que «l'indulgence de la société avec les intolérants menace la démocratie et annonce la fin de la tolérance; surtout qu'il y a des raisons qui portent à croire que le courant fanatique éliminera la liberté, la démocratie et la tolérance; si jamais il parvenait à prendre le pouvoir».
Avec les tristes années de disgrâce de la défunte Troïka, la Tunisie a eu à «goûter» aux discours avant-coureurs relatifs à la notion «d'identité» et au statut de la femme en tant que complément de l'homme et que le Tunisien naît musulman avant de naître «libre» et à découvrir leur nature fallacieuse et fascinante.
Avec ces temps qui courent où presque personne n'a le courage de ses idées, avec ces louvoiements des partis religieux et leur double langage, il est bon de souligner qu'un homme prévenu en vaut mille. L'Etat doit assumer ses responsabilités et de toute urgence. Ce qui se passe dans les écoles coraniques soutenues matériellement par des associations proches d'Ennahdha est inacceptable. On y oblige nos petites fillettes à porter des vêtements qui nous sont étrangers et étrangers à notre culture et qui n'ont aucun lien avec leur âge. Au lieu de leur apprendre le goût de la vie, de la science et de la recherche, on ne cesse de leur parler du dernier jugement et de la mort. Où sont Mmes les ministres de la Femme et de la Culture ? Où est M. le chef du gouvernement face à cet état des choses ? Où est-elle la gauche avec son Front populaire qui n'a brillé hélas que par son absence ? Le parti Ennahdha par ses innombrables activités, ses centaines d'associations qui font le porte-à-porte pour «aider» et «orienter», prépare déjà sa revanche. A mon avis, la révolution du 14-Janvier n'a pas réussi à atteindre ses objectifs et mettre en œuvre ses idéaux parce que l'élément culturel lui a fait amèrement défaut. La culture est le soubassement de tout changement innovateur.
A ce propos et pour conclure, je me permets de citer deux très belles phrases de Victor Hugo, pleines de bon sens : «La populace ne peut faire que des émeutes. Pour faire la révolution, il faut un peuple».
Il est temps et plus qu'urgent que tous les démocrates et les hommes libres de la Tunisie retroussent leurs manches et s'allient corps et âme pour constituer un front véritablement populaire en vue de semer la bonne parole, le sens du travail en tant que valeur universelle et enraciner chez nos enfants et nos jeunes le sens de la tolérance, de la liberté et des droits de l'Homme, quitte à faire aussi le porte-à-porte et mener des conférences et des discours presque quotidiens en sortant parmi les quartiers populaires et populistes, lieux vénérés par les fanatiques et les extrémistes. Aujourd'hui, il faut mettre dans la tête du peuple qu'il ne s'agit plus d'une lutte de corps à corps mais d'une lutte de culture à culture.
Il s'agit de la culture des lumières, de la justice sociale et l'amour fraternel contre la culture de l'obscurantisme, de la haine et du takfirisme.
* Avocat à la Cour de cassation


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