Nouvelles créations théâtrales, reprises et événements à thème sont au programme de l'espace culturel. Le rideau se lève demain sur le premier rendez-vous du programme annuel d'El Teatro. Malédiction, une nouvelle création écrite et mise en scène par Taoufik Jebali inaugure le bal des pièces et événements qu'abritera l'espace culturel, qui souffle cette saison sa 29 bougie. Le duo derrière cet accomplissement, Zeïneb Farhat et Taoufik Jebali, ont tenu une conférence de presse lundi dernier afin d'en parler, entourés des tableaux de l'Aire libre. Pas encore de programme annoncé pour cet espace d'exposition, mais la scène d'El Teatro va vibrer à plus d'une occasion cette année. Dans le dossier de presse, les mots sont incisifs, taillés au scalpel. Taoufik Jebali n'y épargne personne, et invite tout le monde à prendre part à la fête, sauf les gens du protocole et de la bienveillance, des subventions et des commissions. «Aucune de nos productions n'a reçue d'aide de la part du ministère», précise-t-il. «Nous avons déposé un dossier, mais le résultat de la commission n'a pas encore été révélé», ajoute Zeineb Farhat. Notre hôte nous détaille ensuite le programme. Dans les pièces théâtrales, la vedette c'est Malédiction, dont un premier cycle sera donné les 8, 9 et 10 octobre. Ettebaâ, pour son nom en arabe, est inspirée de Suite 1 du dramaturge français Philippe Minyana. Ecrite par Taoufik Jebali avec la participation de Iyadh Chaouachi Et Amel Rami, la pièce est interprétée par Zohra Zammouri, Yosr Galai, Ghassen Hafsia, Leïla Youssfi, Zied Ayadi, Med Ali Laribi et Syrine Ben Yahya. Elle ne contient aucune réfrérence à la politique, annonce son metteur en scène. Et pourtant, son texte de présentation nous met l'eau à la bouche, en posant moult questionnements, autour d'une «tragédie noyée dans des riens quotidiens, insipides, sans début et sans fin, cercle vicieux d'un microcosme de société vivant à la marge du rien»... Le mystère sera révélé à partir de demain et la pièce fera partie de la programmation des journées théâtrales de Carthage où elle sera présentée sur-titrée en français. «Les Antigones de Tunisie» prennent enfin la parole El Teatro a produit ou participé à la production d'autres pièces cette saison, à découvrir en novembre et en décembre: Bik n3ich (par toi je vis) de Naoufel Azara avec Hassen Gharbi, L'homme poubelle de Walid Ayadi et Femmes de Robert Thomas, une pièce en langue française avec une pléiade de comédiens tunisiens. A partir de janvier 2016, des rencontres à thème s'ajoutent au programme de l'espace culturel. Celui-ci sera également marqué par deux cycles de reprise de Le fou de Taoufik Jebali d'après le recueil du libanais Gibran Khalil Gibran. «Nous avons besoin d'une voix qui appelle notre humanité. La voix d'un prophète. La voix d'un fou. La voix de Gibran», écrit le metteur en scène pour expliquer son choix. Au programme des rencontres, des rendez-vous inédits, comme «Les antigones de Tunisie», ou qui se renouvellent, comme «Courtes mais bonnes» consacré cette année au thème de la citoyenneté racontée au théâtre, à la radio et à la TV, ou «Avant-première» qui offre la scène au théâtre tunisien émergent, du 18 au 27 mars. Quant aux Antigones, tunisiennes, ce sont «des détenues politiques des années 70 face à la mémoire collective et les violences politiques», avec des ateliers, des conférences, des expositions de photos et des créations théâtrales sur le thème. Du 8 au 12 mars, elles seront une vingtaine à parler pour la première fois de leur expérience carcérale, révèle Zeineb Farhat. «Contrairement aux hommes, les militantes n'ont pas évoqué ce vécu et il est temps qu'elles le fassent. Elles seront en atelier avec l'écrivaine irakienne Haifa Zangana, qui a fait la même chose avec des ex-détenues palestiniennes», ajoute-t-elle. En avril, El Teatro célèbre l'année du dramaturge anglais William Shakespeare ( 1564- 1616) avec un programme en cours d'élaboration, mais aussi présente trois nouvelles créations : Sapiens de et avec Issam Ayari, Roméo et Juliette de Ghazi Zaghbani et La maison de Bernarda Alba de Garcia Lorca, interprétée en français par des comédiens d'El Teatro Studio. La nouvelle promotion de cette école de comédiens dirigée par Taoufik Jebali présentera ses travaux en juillet, pendant son rendez-vous de fin d'année avec le public d'El Teatro. Ainsi, se sera écoulée la 29e année d'El Teatro, sous le signe de la citoyenneté dans l'une de ses expressions les plus nobles, celle qui se traduit sur scène.