La société civile s'est invitée au débat en exigeant une évaluation approfondie des impacts de l'accord de partenariat et d'association signé en 1995 entre la Tunisie et l'Union européenne. Beaucoup d'économistes et d'experts avancent que l'approfondissement de cet accord dans le sens de la levée des dernières restrictions protégeant l'économie nationale ne fera qu'accentuer davantage la crise dans laquelle la machine économique nationale s'est empêtrée «Aleca», cinq lettres qui occupent, ces derniers jours, le devant de la scène médiatique nationale. Il s'agit, en effet, de l'accord de libre-échange complet et approfondi entre la Tunisie et l'Union européenne dont les négociations pour révision seront lancées officiellement aujourd'hui, mardi 13 octobre. Le premier round des négociations débutera effectivement le 19 octobre et se poursuivra jusqu'au 23 du même mois. En attendant que les négociateurs de l'Union européenne et leurs homologues tunisiens se penchent sur le document de travail qui s'intéressera à 11 domaines (concurrence, douane, facilitation des échanges, marchés publics, droit d'établissement, etc.), les associations de la société civile, guidées principalement par l'Ugtt, se mobilisent déjà en vue de demander leur association à l'évaluation des impacts de l'accord de partenariat Tunisie-UE signé en 1995. Ces mêmes associations cherchent également à attirer l'attention sur les retombées négatives que pourrait entraîner la révision de cet accord dans le sens de la levée définitive des restrictions ou des mesures de protection de l'économie nationale qui y subsistent encore. Elles tirent la sonnette d'alarme sur «l'accroissement des déficits budgétaires et extérieurs, la déstabilisation du secteur agricole, les difficultés que vont rencontrer les petites et les moyennes entreprises et l'affaiblissement du pouvoir régulateur de l'Etat». Hier, l'association «Prospective et développement» présidée par l'ancien diplomate Mahmoud Besrour a convié les journalistes à une rencontre pour leur révéler que ses spécialistes sont parvenus à un diagnostic selon lequel «la Tunisie perdrait 40% de ses entreprises au cas où l'Aleca serait adopté et appliqué». Le diagnostic est effarant : «Depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE, la Tunisie a perdu 55% de son tissu industriel, et plus de 500 mille postes d'emploi». Pire encore, 24.000 millions de dinars ont été perdus du fait du manque à gagner enregistré par la Trésorerie générale à cause de la non-application des taxes douanières sur les marchandises européennes. Quels sont les secteurs les plus menacés si l'Aleca est appliqué comme le veulent les négociateurs de l'Union européenne ? «D'abord, l'agriculture tunisienne au cas où l'Union européenne réussirait à introduire dans notre pays le concept de l'agriculture intensive qui utilise massivement des produits chimiques. Ensuite, le secteur des services qui souffre déjà de la mauvaise gestion et de la dilapidation de l'argent public pratiquées par les structures censées le mettre à niveau».