Un casse-tête qui dure depuis des décennies et que le ministère essaye de juguler. Y parviendra-t-il ? Cours particuliers, cours de soutien, cours de rattrapage : autant d'expressions pour désigner un phénomène qui n'a cessé de prendre de l'ampleur durant ces dernières années à tel point qu'il a faussé, totalement, la donne et créé des disparités entre les élèves. Le principe de l'égalité des chances est mis à rude épreuve. Les parents chanceux et qui ont de l'argent peuvent faire bénéficier leurs enfants de cours à domicile, alors que les autres restent sur le carreau et doivent compter sur leurs propres ressources. Freiner le phénomène Les autorités, conscientes du problème, n'ont pu rien faire. Ce n'est que depuis quelques mois que le ministère de l'Education a pris le taureau par les cornes. La volonté d'en découdre avec les pratiques hors la loi s'est affirmée et on commence sérieusement à trouver les solutions. Du moins celles qui pourront atténuer le phénomène, à défaut de l'éradiquer complètement. En effet, beaucoup doutent de l'efficacité des mesures qui seront prises dans les prochains jours, puisque le ministère de l'Education a annoncé que des textes de loi seront promulgués pour organiser le secteur. Or, on a vu que des affichages dans les rues, dans les endroits publics (stations de métro, bus, chez les boutiquiers...) proposent ces cours à tous les niveaux. Les auteurs de ces annonces sont divers. Il y a, sûrement, des enseignants. Mais il y a, aussi, des étudiants, des diplômés sans travail ou des fonctionnaires à la recherche d'un pécule pour faire face aux dépenses. Le profil de ces «donneurs» de leçons particulières est hétérogène. Mais tous ne suivent pas la réglementation en vigueur. Personne ne respecte les textes qui existent en la matière. Ni celui de 1988 ni celui de 2011. Respecteront-ils ce qui sera promulgué prochainement ? On en doute car il faudrait une panoplie de mesures pour assurer son application. Les contrôles et les inspections ne pourront pas se faire dans tous les lieux ou s'exercent ces cours. En tout cas, l'idée d'introduire des mesures et de reprendre le secteur en main est assez constructive. Elle a le mérite de mettre un frein à la gabegie qui le caractérise et le moraliser un peu plus, tout en ouvrant la porte devant les familles modestes de bénéficier des avantages des leçons de soutien. Clarifier les règles du jeu Ce qui est sûr, c'est que, dorénavant, ces cours ne seront plus organisés que dans les établissements scolaires sous la supervision de l'administration. Il y aura, certes, ceux qui vont continuer à dispenser ces cours hors de ce cadre, mais à leurs risques et périls. Car, justement, le texte qui sera élaboré tiendra compte de ces entorses et il va prévoir des poursuites pénales dissuasives contre ceux qui enfreindront les dispositions en vigueur. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'il y aura, en plus, une concurrence extérieure qui sera menée par des opérateurs qui n'ont rien à voir avec les enseignants. On veut parler de ceux qui ne sont pas des instituteurs ou des professeurs. Les étudiants, les nombreux diplômés, les enseignants retraités ou autres personnes rompues à ces cours vont profiter du vide pour créer un autre épiphénomène. Il est utile d'envisager cette éventualité. Cours dans les établissements En ce qui concerne les grandes lignes du projet de décret organisant le secteur, on peut, déjà, parler de la répartition des élèves par groupe. Sachant que ces cours se tiendront exclusivement dans les écoles, les collèges et les lycées, les effectifs ne devraient pas dépasser les 15 élèves par groupe. Sur ce point, bien des parents choisiraient un cours plus personnalisé pour leurs enfants qu'un groupe compact. Ce qui laisse penser que le principe d'égalité des chances ne sera que des mots vains. Toujours est-il que le ministère semble être convaincu des dispositions qu'il va prendre. Il précise, en outre, que le nombre d'heures par mois ne devrait pas dépasser 8. Ce sont les enseignants des établissements concernés qui veilleront à dispenser ces leçons durant les jours de la semaine, mais en dehors des heures d'enseignement. Dans tous les cas, ces cours se dérouleront jusqu'à 20h00. Ils ne se poursuivront pas jusqu'à 23h00 comme on veut le laisser penser. Les tarifs, qui seront pratiqués, seront fixés ultérieurement et tiendront compte des niveaux. Les montants à payer se diviseront entre quatre niveaux (primaire, préparatoire, secondaire et des tarifs pour les élèves des classes terminales). Chaque établissement disposera de son propre budget. Déjà, une circulaire en date de 2011 avait détaillé la part de chacun des intervenants. 80% du montant encaissé ira à l'enseignant, 10% seront servis aux organisateurs et superviseurs, 5% aux ouvriers fournissant des services directs et 5 autres pour le fonds de l'Association du travail de développement. Dans les lycées, cette dernière tranche sera versée dans le budget de l'établissement.