«Ce n'est plus un secret que de dire que les associations sportives sont aujourd'hui en infraction avec une législation anachronique, la loi 1959-154 du 7 novembre 1959 modifiée et complétée par la loi n°95-11 du 6 février 1995. Cela fait un bail que la transformation des associations sportives en sociétés à objet sportif se pose avec acuité d'autant plus que la Confédération africaine (CAF) exige désormais que les clubs de l'élite soient organisés en sociétés. Le projet de l'ancien ministre des Sports, Tarek Dhiab, consistant à vendre 70% des ressources de l'effectif seniors avec des contrats de joueurs de longue durée peut se révéler salutaire quand bien même se poserait la question de savoir qui détient les droits du club. Aujourd'hui, les clubs professionnels tunisiens tournent autour d'une centaine de millions de dinars. Près de 80% des dépenses vont aux salaires. Nous assistons à une situation caduque où les sociétaires (adhérents) ne peuvent pas drainer des fonds suffisants, s'en remettant à un président apportant l'essentiel du budget. L'adaptation de la législation appelée de leurs vœux par tous les clubs, en butte aujourd'hui à un véritable blocage, doit permettre de pérenniser les associations qui seront, dès lors, plus stables avec de réelles garanties financières, d'accroître leur capacité d'endettement et d'agir sur le long terme. Grâce à la notion d'adhérent, le modèle anglais a énormément aidé à développer les mastodontes du foot égyptien, consolidant leur capacité d'investissement et leur infrastructure. Par contre, le sport tunisien a choisi pour des raisons culturelles bien évidentes le modèle français qu'il s'agit maintenant d'adapter à nos réalités. L'œuvre de transformation des associations sportives n'implique pas un seul ministère, mais plutôt plusieurs départements. Elle suppose aussi de grandes décisions courageuses ouvrant de larges perspectives devant un secteur capable de générer d'importants dividendes pour l'économie par le biais du tourisme sportif. Une franchise fiscale a jusque-là permis de maintenir en vie des clubs surendettés. Il faut tirer au clair cette question, et plus généralement le statut réel des clubs où un investissement ne serait plus perçu comme un service rendu au sport et aux sportifs à partir du moment où les parts sociales seraient vendues au départ d'un sociétaire ou adhérent. Le tout est d'éviter la précipitation, dans le souci d'épargner aux cellules vivantes du sport, c'est-à-dire les clubs, une asphyxie qui risque un jour ou l'autre de les emporter».