Pourquoi attendre le crash d'un avion en Egypte pour renforcer les mesures de sécurité préventives dans les aéroports ? De deux choses l'une, soit on accuse beaucoup de déficit en matière de prévention, soit on est en panne d'idées et d'imagination. Dans les deux cas de figure, ce n'est sûrement pas de cette manière qu'on gère un dossier aussi sensible et complexe que celui de la lutte contre le terrorisme. Cette remarque, sans doute loin d'être déplacée, mérite que l'on s'y attarde, au lendemain des nouvelles mesures préventives prises, samedi, par les ministères du Transport et de l'Intérieur au profit de nos aéroports. Certes, ces mesures, d'une ampleur sans précédent, sont à saluer, parce que tout à fait intelligentes, ciblées et par conséquent salutaires, quand on sait qu'elles touchent aux moindres détails (entrée à l'aéroport, formalités douanières et policières, accès à l'avion, agents mobilisés, contrôle de l'appareil avant son décollage, intensification des fouilles des passagers). Mais, parbleu, pourquoi n'a-t-on pris ces «belles» mesures qu'aujourd'hui ? Est-ce à cause du dernier crash tragique de l'avion russe au Sinaï égyptien, qui a tout d'un acte terroriste ? Faut-il attendre qu'un drame nous tombe du ciel pour annoncer de nouvelles batteries de mesures préventives ? C'est franchement à croire que nos aéroports étaient, jusqu'ici, perméables et nos avions «prenables» pour les terroristes. Mieux vaut prévenir que guérir Et pourtant, on l'a dit et répété, en exclusivité, sur ces mêmes colonnes depuis 2012 : pour espérer vaincre la redoutable nébuleuse intégriste de par le monde, rien ne vaut l'effet anticipatif, étant donné qu'il est communément admis que les terroristes — et c'est là leur principal point faible — n'aiment pas qu'on vienne jusqu'à chez eux, qu'on les prenne au dépourvu, qu'on resserre l'étau autour d'eux, bref qu'on étouffe leurs plans dans l'œuf. C'est pourquoi, dès que nos forces de sécurité et de l'armée sont passées de l'attentisme à l'offensive, elles ne comptent plus, depuis, les jolis coups de filet (arrestation de centaines de takfiristes, saisie d'importantes quantités d'armes et de munitions, démantèlement de nombreuses cellules dormantes, avortement d'attentats en état de planification...) Tout cela pour dire que la dernière kyrielle de mesures préventives appliquées à nos aéroports devra impérieusement être généralisée à nos frontières terrestres et maritimes. Car il n'échappe à personne que, ici et là, les menaces terroristes demeurent de plus en plus sérieuses. D'abord aux frontières terrestres où le spectre des... voitures piégées continue de planer, alors que l'hypothèse d'une incursion terroriste par les eaux territoriales n'est pas à écarter, alimentée qu'elle est, d'une part, par le développement rampant de l'émigration clandestine venant de la Libye, et, d'autre part, par la fulgurante poussée maritime de Daech qui continue d'étendre son pouvoir sur pratiquement tout le littoral libyen.