Le réveil des cellules dormantes serait imminent, à en croire des sources sécuritaires. Mais diable, quand, comment, où ? Et puis, est-on suffisamment prêts pour l'effet surprise ? Pour des sources policières généralement bien informées, le réveil des cellules dormantes des terroristes serait imminent. Bien évidemment, pas question d'espérer en savoir plus auprès de nos services de sécurité que l'obligation de réserve, doublée de l'obligation de résultat, «condamne» légitimement à être avares en scoops et en détails. Mais le fait même d'y faire allusion prouve assurément qu'il ne s'agissait pas là d'un canular. Concrètement, s'ils parlent aujourd'hui d'un imminent réveil de ces cellules, c'est qu'ils y croient dur comme fer, à la faveur d'une kyrielle de facteurs insoupçonnables dont : – Primo : les révélations qu'on dit précieuses arrachées à des centaines de jihadistes arrêtés récemment. Certes, il n'est toujours pas aisé d'arracher des aveux à des terroristes qui passent pour des joueurs aux dribbles déroutants et qui ne baissent pavillon qu'au terme de longues et interminables séances d'interrogatoires. Mais les aveux, même déversés au compte-gouttes, sont toujours les bienvenus pour le travail d'investigation de l'enquête. – Secundo : les groupuscules jihadistes, jusque-là inconstants dans l'effort, deviennent aujourd'hui plus actifs et plus «entreprenants», comme en atteste l'augmentation considérable de leurs derniers assauts (attentat contre le domicile du ministre de l'Intérieur, attaques sanglantes de Jendouba et Kasserine, regain de tension au mont Chaâmbi...). Cela prouve donc qu'ils sont, bel et bien, passés au redoutable «Plan C» basé sur «les attentats non-stop». – Tertio : les cellules dormantes auraient reçu d'importants renforts en hommes et en armes, grâce notamment aux revenants de Syrie et aux infiltrations continues de «camarades», via nos frontières avec l'Algérie et la Libye. Maintenant, il ne s'agit plus de constater l'existence de ces cellules dormantes, mais plutôt de savoir comment remonter la filière. Plus qu'un casse-tête, on peut franchement parler de psychose. En effet, est-il vrai que ces cellules se comptent par centaines, comme l'avouent des sources policières ? Où campent-elles ? Comment, diable, ont-elles réussi à demeurer si longtemps inaccessibles ? Combien comptent-elles d'hommes et d'armes ? Où, comment et par qui s'approvisionnent-elles ? Bénéficient-elles d'une couverture quelque part ? Comment ses lignes de communication n'ont pas été, à ce jour, démasquées ? Il serait bon de rappeler que sur ces mêmes colonnes, La Presse avait, depuis fin 2011, parlé d'une possible émergence de cellules dormantes des terroristes sur notre territoire. Cette «mise en garde», hélas mal exploitée à l'époque (?), nous a été pourtant inspirée par les traditions tactiques de la nébuleuse intégriste de par le monde. Traditions que Ben Laden avait profondément ancrées dans son modus operandi. Les Américains, faut-il le souligner, ont été les premiers à en faire l'amère expérience, en subissant à l'époque des revers «inoubliables» en Afghanistan et au Pakistan, et plus tard en Irak, au Yémen, voire au Liban et sur leur propre sol. Anticipation à décentraliser Que faire donc pour torpiller «nos» cellules dormantes ? Outre des trésors de patience, cela exige une stratégie anticipative en bonne et due forme. Fondamentalement, l'expérience US a clairement démontré que le pire des scénarios est de circonscrire sa stratégie à une seule région et que, par conséquent, la décentralisation est vivement recommandée, étant donné que les cellules dormantes des terroristes peuvent pousser partout. C'est-à-dire pas seulement dans leurs retraites privilégiées dans les montagnes, les forêts et la campagne, mais aussi dans les zones urbaines, quitte à venir s'installer à... deux pas d'un poste de police ou de la Garde nationale! C'est que les terroristes, qu'on le veille ou pas, sont bel et bien parmi nous, sur la voie publique, dans la supérette du coin, dans le café du quartier à bord d'un bus. Bref, là où ils veulent, là où ils passent incognito. A notre corps défendant ! Pourvu enfin qu'on n'ait pas un remake de la fameuse bataille de Chaâmbi pour la conduite de laquelle les ministères de la Défense et de l'Intérieur avaient alors lancé l'essentiel de leurs troupes et de leurs armes, en omettant d'imposer le même état d'alerte aux autres régions du pays qui seront fatalement le théâtre des attentats terroristes meurtriers qu'on connaît. Ne dit-on pas que mieux vaut prévenir que guérir. Mohsen ZRIBI