La décision de l'instance internationale fait état de l'échec de toute une politique et d'une stratégie sportives. Le sport, comme tant d'autres activités, est un repère de performances, d'exploits, mais aussi de moralité, d'engagement et de sens de la responsabilité. Malheureusement, on n'a plus conscience aujourd'hui de cette réalité. Et encore moins de l'idée qui fait du sport un vecteur de développement. Encore une fois, nous nous trouvons dans l'obligation de payer les frais des erreurs, des manquements ou des dérives prononcées. Il n'est pas question ici d'instruire le procès généralisé du système tunisien, mais la décision de la Fédération internationale d'haltérophilie de retirer à la Tunisie l'organisation du championnat du monde juniors, prévu l'année prochaine, et de la confier à la Géorgie, qui vient de réussir cette année la tenue du championnat d'Europe, confirme l'échec de toute une politique et d'une stratégie sportives, marquées par l'inertie d'un appareil absent à l'échelle internationale et dépassé par les événements. L'argument de la sécurité est évoqué dans cette prise de décision, mais d'autres facteurs ont conduit au retrait de cet important événement. L'instance internationale reproche, en effet, à la Tunisie le non-respect de ses promesses et de ses engagements, notamment pour assurer la mise au point de l'infrastructure nécessaire, telle que la construction d'une salle couverte. Les démarches entreprises par le ministère et l'instance fédérale dans le but de faire revenir la fédération internationale sur sa décision n'ont pas abouti. Dans un environnement dans lequel les différents acteurs manquent de discernement, voire de l'affirmation de leur autorité, on assiste d'un jour à l'autre au cafardage du sport avec beaucoup de sous-entendus démagogiques. S'il serait préférable de ne pas suivre le courant des hostilités dans lesquels baignent les commentaires et les accusations lancées par les différents intervenants qui n'attendaient que cela, il serait encore mieux de ne pas se cacher derrière les faux arguments et d'éclairer l'opinion plutôt que de camoufler les faits. On peut commettre des erreurs, mais on a le devoir de se comporter dignement, surtout quand il s'agit de la réputation de tout un pays. D'ailleurs, on a l'impression que la plupart des responsables d'aujourd'hui, parachutés aux plus hauts postes de décision, évoluent dans un monde de pros sans en avoir le statut. On se demande ce qui pourrait les aider et on ressort toujours les mêmes défaillances et les mêmes dérapages. Il ne vient à l'esprit de personne de se conformer aux exigences du sport et d'en mesurer la portée. Sans se rendre compte, ils contribuent à fragiliser tout l'édifice. Si les dérapages sportifs ne sont pas une exclusivité tunisienne, les erreurs d'appréciation et de réflexion le sont. La priorité serait aujourd'hui d'entamer une vraie réflexion sur la gouvernance du sport. Il faut s'interroger sur la place qu'il occupe dans la société, sur les rapports entre sport et rayonnement médiatique, un problème très tunisien qu'il faudra exorciser une bonne fois. On est au bout du système associatif appliqué au sport. Cela ne marche plus, il faut évoluer. Les enjeux et les contraintes sont devenus aujourd'hui incommensurablement plus importants. Le sport, comme l'homme, est capable du meilleur comme du pire.