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Alors que la crise politique bat son plein, L'émigration irrégulière reprend de plus belle: Le ras-le-bol des Tunisiens
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 07 - 2020

L'émigration irrégulière est devenue une arme de contestation. D'El Kamour à Dhiba, les rangs de ceux qui brandissent la menace de partir ne font que grossir. Et ce n'est plus un slogan mais une vérité. Selon les derniers chiffres du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) basés sur les communiqués du ministère de l'Intérieur et sur les statistiques du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 236 tentatives de migration irrégulière ont été déjouées au premier semestre de l'année en cours contre 62 à la même période de 2019.
Kafkaïenne ou ubuesque, on hésite sur les qualificatifs, pour décrire la situation dans laquelle notre pays est englué. Et pour cause, cafouillages et bisbilles au sommet de l'Etat alors que des jeunes et des familles entières, à bord des barques de la mort, mettent chaque jour le cap sur les rivages européens. C'est que l'émigration irrégulière est devenue aussi une arme de contestation. D'El Kamour à Dhiba, les rangs de ceux qui brandissent la menace de partir ne font que grossir.
Et ce n'est plus un slogan mais une vérité. Selon les derniers chiffres du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) basés sur les communiqués du ministère de l'Intérieur et sur les statistiques du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 236 tentatives de migration irrégulière ont été déjouées au premier semestre de l'année en cours contre 62 à la même période de 2019.
Par ailleurs, ils étaient 3.977 personnes à avoir tenté de migrer illégalement au 1er semestre de 2020 contre 961 durant la même période de l'année écoulée. Plus de la moitié des migrants étaient des Tunisiens (57,84%) contre 42,16% de nationalités étrangères.
Ce message est simple et clair : malgré leur patience, malgré leurs sacrifices, les Tunisiens souffrent et continuent de souffrir. Ils déplorent que la transition politique l'ait emporté sur la transition socioéconomique. Ils constatent que les mesures promises pour améliorer leur quotidien ne sont pas allés assez vite ou assez loin. Que nos enfants meurent avec une indifférence glacée. Que tous les espoirs en un avenir meilleur ont volé en éclats. Que le pays est plongé dans une tourmente qui risque d'emporter tout dans son sillage. Qu'aucune perspective n'est tracée pour rétablir la confiance et sauver les meubles. Que les discours des politiciens ne collent pas à la réalité. Et que la vérité, celles des rues, des régions reculées, est autre que celle prônée en vase clos, intra-muros, derrière les bureaux feutrés et les vitres blindées des voitures des responsables. Que la peur s'empare chaque jour des Tunisiens en allant au travail ou même en voulant se divertir. Que la mort guette au coin de chaque rue, de chaque tournant. Cette peur détruit la confiance, toute confiance, en tous. Et elle paralyse les Tunisiens et tous les moteurs de croissance avec. Que cette peur porte un nom : c'est la peur pour la Tunisie de perdre la maîtrise de son destin. Et que la seule façon de conjurer cette peur, c'est d'entrouvrir de nouveau les lucarnes de l'espoir, d'un avenir meilleur. Et que nier cette peur, se retrancher derrière les coalitions des partis à l'Assemblée des représentants du peuple, c'est s'interdire toute perspective d'avenir.
En effet, après la dernière crise politique ayant conduit à la démission du Chef du gouvernement, au limogeage de certains ministres et à la motion de retrait de confiance au président du Parlement, les Tunisiens se sont réveillés avec un mal de crâne généralisé à cause de l'embrouille qui enveloppe le processus politique dans un pays embourbé dans une crise économique et financière sans fin. En effet, cette débâcle a laissé libre cours aux supputations quant à un avenir incertain et a montré encore une fois la cupidité illimitée des oligarchies politico-financières prédatrices.
Cela se passe à un moment où partis et institutions constitutionnelles se regardent en chiens de faïence et qui ne bougent que pour croiser le fer, alors que des millions de citoyens ne savent plus à quel saint se vouer pour aborder la nouvelle étape post-Covid avec une assurance censée faire entrer le pays dans la stabilité politique et économique tant sollicitée.
Cette indifférence glacée qu'affichent ceux qui ont à leur charge la plus haute responsabilité de l'Etat augure que la prochaine période ne sera qu'un échec qui emportera dans son sillage les espoirs de milliers de jeunes dont les rêves ne cessent de se briser. Les sirènes de l'optimisme s'estompent chaque jour. Et c'est le désespoir qui l'emporte. On les entend, ces jeunes, le dire avec des trémolos dans la voix.
Certes, les propos quelque part rassurants et euphoriques d'un certain nombre de constitutionnalistes sont à prendre avec des pincettes. Déjà, sur les réseaux sociaux, on parle désormais de dos rond, d'incertitudes, de manque de visibilité et même de menaces politiques. Le combat des idées sur internet n'est pas du tout calme. Il fait rage. Il est agité de soubresauts plus ou moins contrôlés. C'est que l'imbroglio politico-médiatique dépasse largement le spectre d'un simple débat autour du système politique, des défaillances procédurales, de la lutte de pouvoir et du rôle du chef de l'Etat. Car les regards sont aussi dirigés vers les caisses vides et l'endettement à outrance du pays qu'une nouvelle lampée de quelques millions d'euros ne fera qu'augmenter un stock de la dette qui continue sur sa progression exponentielle. C'est donc ce spectre de l'incertitude politique et de la banqueroute qui va provoquer un tremblement de terre politique de forte magnitude dont les répliques se feront ressentir sous peu et à cause duquel les institutions de la République risquent de s'effondrer par un effet dominos. N'empêche, on a du mal à croire qu'élus et partis vont barboter en harmonie dans un bain de miel dans un tel contexte morose. Bien que l'enfer soit pavé de bonnes intentions, mesurons notre optimisme et contentons-nous de croiser les doigts. Car le Tunisien lambda, lui, ne compte pas désarmer, dans ce climat de liberté retrouvée. Et il saura le prouver soit en partant vers une mort certaine, soit par des contestations sur le terrain. Les ouvriers de chantiers, qui se sont cousu la bouche, rejoignent les doctorants qui s'ajoutent aux protestataires à El Kamour, à Meknassi, au Bassin minier, alors que nos oreilles entendent la même réplique : celle de la course aux chaises musicales.


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