On ne le répétera jamais assez, l'Espérance a absolument besoin d'un bon régisseur capable de conduire ce riche effectif mis à la disposition du staff technique. Mais dans l'attente du «messie», Ouattara pourrait faire l'affaire. Depuis plusieurs décennies, rien n'enchante plus les fans de l'Espérance Sportive de Tunis que la ligue des champions et, par voie de conséquence, la dimension mondiale dont elle ouvre grandement les portes. Mais pour réussir dans la démarche de reconstruction de l'équipe de Bab Souika, qui a brillamment remporté la couronne africaine deux fois de suite (2018 et 2019) avant de trébucher au cours de l'édition actuelle, les responsables «sang et or» n'auront d'autre choix que de mettre le paquet pour un renfort de taille. C'est que la concurrence avec les autres ogres du continent ne fait que s'accroître d'une saison à l'autre, au point où il est devenu trop ardu pour n'importe quel prétendant de monopoliser la plus haute place de la hiérarchie. Il faut donc s'acharner à toujours mettre de son côté tous les moyens permettant de s'imposer comme un incontestable «numéro un». De plus, sans le savoir peut-être, l'Espérance s'est elle-même astreinte de ne viser que l'excellence et la suprématie. Et cela est à son honneur et à celui du football tunisien en général. Tout ça pour dire qu'il n'est plus possible de s'endormir sur ses lauriers après avoir atteint le sommet où il est difficile de se maintenir. Il faut donc avoir une très bonne équipe, capable de continuer cette marche glorieuse en dissuadant au plus haut degré tous ses rivaux de la compétition africaine. Aujourd'hui, après la récente élimination en Ligue des champions, l'Espérance a encore le temps de se reconstruire et de faire peau neuve en retenant les leçons de cette mésaventure qui est essentiellement due au départ massif de la moitié de l'équipe en quelques mois. Pour un grand meneur Les dernières opérations de recrutement et de retour réalisées avec l'enrôlement de Hamdi Naguez, Ghaïlane Chaâlali et le jeune gardien Sedki Debchi (pour le long terme) rassurent un peu. Et quand on essaie de faire une certaine revue d'effectif, on peut dire qu'avec la présence de Ben Chérifia, Chetti, Naguez, Chammam, Yaâcoubi, Badrane, Derbali, Kwamé, Chaâlali, Coulibaly, Benguith, Ben Saha, Khénissi, El Houni, Ouattara et tant d'autres noms, on a de quoi faire un ensemble capable de franchir les premiers tours de la compétition continentale sans pépins. Surtout que cette pléiade de valeureux joueurs s'est déjà fait une expérience lui permettant d'être rompue aux grands rendez-vous. Mais une fois passée aux tours avancés, il devient impérativement important de devenir «faiseur de jeu», car pour être champion, il faut savoir et pouvoir dominer et imposer son style. Cela nous conduit, inéluctablement, à la nécessité de recruter au moins un bon régisseur, capable d'orchestrer les assauts offensifs. Tout un chacun sait que ce genre d'oiseau ne court pas les rues, mais sa présence au sein d'une Espérance condamnée à jouer les premiers rôles s'avère plus que «vitale». Dans l'attente de dénicher cet oiseau au plumage d'or, le staff technique peut (et doit peut-être) convertir Brahima Ouattara dans le poste de play-maker. Ce «neuf et demi» peut reculer carrément d'un cran et jouer franchement le rôle d'architecte des opérations d'attaque. Il a, à maintes reprises, fait preuve qu'il sait servir des caviars en donnant plusieurs dernières passes décisives. Son intelligence, sa bonne lecture du jeu et, surtout, sa bonne vision constituent déjà l'ensemble de l'arsenal dont est normalement armé un bon régisseur. Les dix points d'avance en championnat, ainsi que les prochains mois à jouer avant la reprise de la compétition africaine permettent au staff technique de procéder à l'essai et au rodage de Ouattara dans ce nouveau registre qu'il pourra assumer sans équivoque. B. BACCAR