La participation tunisienne à cette biennale est particulièrement importante. Durant la première partie du XXe siècle, l'Egypte, « Om Eddonya », comme on l'aimait à l'appeler, était considérée comme le terreau de toutes les cultures, le centre incontournable de toutes les formes d'art dans le monde arabe. Y compris dans le domaine des arts plastiques et visuels. Depuis, les choses ont évolué, et de nouveaux centres d'attraction se sont créés dans la région, déplaçant l'éclairage de l'Egypte vers Dubaï, Abou Dhabi, Sharjah où se créaient des foires, des musées, des biennales, et où l'on attirait irrésistiblement artistes, galeristes, critiques d'art, collectionneurs, fondations et musées. Mais voici qu'une initiative née de la volonté et de l'esprit d'entreprise d'une équipe de choc semble vouloir inverser les choses. Huit agitateurs artistiques des plus performants, venus de tous horizons, dont la Tunisie, invités par Moataz Nasreldin, artiste peintre, sculpteur, activiste culturel, ont entrepris de monter une biennale des arts qui replacerait Le Caire sous les feux de l'actualité artistique. « Something Else, Off Biennale Cairo » se déroulera un mois durant à partir du 28 novembre, et consistera en divers évènements d'art contemporain : expositions, spectacles, films, concerts, ateliers d'art, conférences, street art, débats. Y participeront artistes célèbres ou émergents, amateurs d'art égyptiens et internationaux, journalistes et critiques d'art, curateurs et conservateurs de musées... Les différentes manifestations se dérouleront pour la plupart au sein de Darb 1718, centre de culture et d'art contemporain fondé à Fustat, au cœur du Vieux Caire par Moataz Nasreldin. Mais également dans des cinémas, sur des places publiques, ou dans d'anciens appartements en attente de rénovation, superbes espaces mis à la disposition de la biennale par la société immobilière El Ismaelia La participation tunisienne à cette biennale, une participation particulièrement importante, a été orchestrée par un véritable duo de choc : Olfa Fekih qui, sous plusieurs casquettes puisqu'elle est à la fois Project manager, commissaire et chargée de presse de la biennale, a réussi à imposer un pavillon d'artistes tunisiens, seule exposition de l'évènement consacrée à un seul pays. Et Hager Azzouz, scénographe, créateur d'ambiance, cheville ouvrière de l'organisation, mais aussi agent d'artistes. A elles deux, elles ont réuni, dans ce pavillon tunisien, trois photographes, Hela Ammar, Sofia Baraket et Sabri Ben Mlouka, deux vidéastes, Mouna Jmel et Rachid Belgasmi, et un sculpteur, Noutayel. Elles ont également organisé une journée du cinéma tunisien qui présentera les courts métrages de cinq cinéastes, Lotfi Achour, Intissar Belaïd, Hend Boujemâa, Fahd Chabbi et Jamil Najar Au programme de cette biennale, des expositions diverses, des workshops, des ateliers de photographie, de graffiti, mais aussi des conférences. Pour celles-ci, différents thèmes ont été proposés : « L'actualité de l'ancien », à l'institut Goethe du Caire. « Le rôle de l'éducation dans la construction d'une société libre » à l'ambassade de Suisse en Egypte. « Est-ce que l'art peut être considéré comme un catalyseur du changement sociétal ? »... La Tunisie verra ses couleurs portées haut et fort dans ces différentes rencontres artistiques