La joie expansive, intense et communicative était belle à voir sur des visages où se lisaient l'émotion et aussi le bonheur, tant la fête, celle de la jeunesse, était la leur Par grappes humaines, compactes et drues, les foules de jeunes exubérants et quelque peu tapageurs, ont pris d'assaut les gradins. Selon toute vraisemblance, ils ont dû rompre le jeûne sur les lieux, rien que pour s'assurer ainsi les meilleures places. La fête était donc totale jeudi dernier, au théâtre romain de Carthage Le coup d'envoi a été donné avec la projection sur écran géant de la déclaration du Président de la République à l'occasion du démarrage de l'Année internationale de la jeunesse, une manifestation qui se poursuivra jusqu'au 11 août 2011 et qui reflète le souci constant et l'intérêt particulier de la Tunisie pour le secteur de la jeunesse tunisienne. Au terme de la déclaration présidentielle saluée par un lâcher de ballons d'une grande ampleur et accueillie par un tonnerre d'applaudissements à vous faire frémir et vibrer d'émotion, les élèves de l'école nationale du cirque sont montés sur scène. Ils étaient surprenants par l'extrême habileté et la saisissante ingéniosité de leur savoir ; l'art du cirque conjuguant la virtuosité périlleuse des acrobates et des danseurs de corde à la haute voltige de ces belles figures aériennes avait de quoi donner des sueurs froides au public. Le funambule marchant et dansant sur une corde raide suspendue à 30 mètres du sol a tenu en haleine et maintenu en éveil le public, choqué par tant d'audace et de témérité qui frisent l'inconscience et le mépris du danger. Les tours des jongleurs n'étaient pas non plus exempts de danger. C'est fou qu'en si peu de temps, l'école du cirque ait atteint un tel niveau. La variété était présente à la soirée. L'orchestre de l'Ertt, placé sous la férule de Nabil Zammit, devait accompagner la double prestation de deux transfuges de la Star'Ac libanaise, Amani Souissi et Ahmed Chérif. Alerte et primesautière, Amani Souissi, coquette dans sa petite robe rouge, très glamour, a chanté rien que des tubes libanais. Quant à Ahmed Chérif, avec son look de nouvelle star, il a interprété son répertoire habituel qui a agi d'une certaine manière sur le public. Tout de suite après, c'était le tour du ballet de Syhem Belkhodja. Une imposante armada de danseurs et de danseuses, absolument dignes de tout le respect qu'on leur doit. Le programme s'est effectué en deux tableaux ou deux mouvements illustrant trois mille ans d'histoire : de Carthage à l'époque contemporaine. Tous les aspects de l'art de la danse à travers les époques étaient représentés. Certains tableaux étaient franchement excellents, notamment celui à la West Side Story, ou l'autre évoquant la «takhmira», la transe. Un maelstrom musical La deuxième partie du programme a été vécue tel un tourbillon emportant tout sur son passage. Le finish, à lui seul, valait le déplacement. Le public, majoritairement jeune bien sûr, a réagi avec une osmose et une interprétation telles qu'il y a lieu de parler de maelstrom musical. Apparemment très portés sur la musique nex wave, le rap à l'occidentale et tous les styles de musique, les gradins ont vibré avec le rappeur franco-kabyle, membre du groupe Ap113 Rim K, de son vrai nom Abdelkarim Brahim Benalla, né en France. Le nom Ap113 a été choisi en référence au bâtiment où il a passé avec ses trois compagnons son enfance. Rim K a interprété les grands tubes des dix dernières années, à savoir Les Princes de la ville, Jackpotes et le grand succès Tonton du bled. Il s'est également emparé du cœur du public en confessant sa grande admiration à la Tunisie et à son public, et faisant part de son vœu de voir le Maghreb encore et davantage plus uni, et enfin le peuple palestinien sortir vainqueur de la tragédie qu'il vit présentement. Stormae n'a pas non plus démérité et a gagné les faveurs du public avec ses nombreux succès. D'origine rwandaise, né en Belgique d'une mère belge, il a enflammé les gradins avec son Alors, on danse ? La jeunesse tunisienne, «pilier du présent et espoir de l'avenir de la Tunisie», méritait amplement cette fête.