Gagner difficilement devant un adversaire de second plan ne peut convaincre personne. Au contraire, des victoires timides de ce genre ressemblent beaucoup plus à des déconvenues. Si devant le Soudan en amical il y a un mois environ ce fut la deuxième mi-temps qui était un fiasco total, ce fut également la deuxième mi-temps qui nous a laissés sur notre faim avant-hier devant la Tanzanie pour le compte de la troisième journée des éliminatoires de la CAN 2021. C'est du moins ainsi qu'on peut résumer la piètre prestation de notre équipe nationale qui balbutie encore malgré le fait qu'elle domine la poule «J» avec trois victoires en trois matches. D'aucuns diront que «jamais les fans du club Tunisie, ni encore moins les spécialistes, ne sont satisfaits de ses résultats enregistrés... quoi qu'il fasse!» Eh bien, il y a des arguments très solides pour qu'il en soit ainsi. Il y a tellement d'imperfections et de déchets à tous les niveaux pour que le mécontentement soit toujours de mise. Jusqu'à quand allons-nous appuyer l'idée que notre onze national parvient quand même à réussir l'essentiel en se qualifiant souvent aisément à la phase finale de la CAN? Est-ce que nos ambitions sont condamnées à se limiter à cela sans pour autant que le rêve de rééditer l'orphelin triomphe de 2004 ne soit légitime? Car, au fait, ce n'est pas en jouant de cette manière qu'on pourra rivaliser avec les grands de notre continents : l'Algérie, l'Egypte, le Cameroun, le Nigeria, le Ghana, le Sénégal et l'on en passe. Des choix à reconsidérer Tous ceux qui ont vu le match Tunisie-Tanzanie s'attendaient à un show offensif de la part des nôtres. Au lieu de cela, ils ont vécu une fin de match avec la peur de voir la Tanzanie arracher le nul vu que la moisson était maigrichonne après le seul but de la rencontre réalisé par Youssef Msakni sur penalty (18'). Ce n'est pas que la Tanzanie avait quelque chose à opposer pour rendre la vie difficile aux nôtres, mais parce que notre équipe nationale a joué contre elle-même. Pour le vérifier, il suffit de calculer la pléthore d'occasions créées et lamentablement loupées en deuxième période. C'est que la première mi-temps ne mérite même pas d'être analysée tellement le vide était grand. La défense ne peut nullement être jugée dans ce match dans lequel elle n'a à aucun moment été mise à rude épreuve. Mais au niveau du soutien à l'attaque, Ali Maâloul et Mohamed Draguer n'ont pas brillé comme prévu. A l'entrejeu, le travail de sape et de récupération ne permet aucune critique négative. Les Ferjani Sassi, Elyès Skhiri et Anice Ben Slimane n'avaient rien laissé à l'adversaire qui voyait à chaque fois toutes ses initiatives de construction de jeu offensif annihilées. Mais là où le bât blesse, c'est l'absence d'un régisseur classique, surtout que la Tunisie était appelée à faire le jeu. Un jeu réfléchi et sûrement orchestré, normalement! N'avons-nous pas un joueur capable d'assumer ce rôle? Oh que si ! Et c'est en abordant ce sujet que toutes les «bévues» incompréhensibles vont être mises à nu. Les deux hommes (et non des moindres) qui sont capables de cette mission sont Wahbi Khazri et Youssef Msakni qui sont bizarrement avancés d'un cran pour former, avec Hamza Refiaa, le trio d'attaque du 4-3-3 de Mondher Kébaïer. Ça sonnait donc faux dès le départ. Ce trio a eu beau essayer des choses, souvent incohérentes et médiocrement clôturées, mais on était loin de la meilleure formule. Pourtant, la richesse de l'effectif à la disposition du coach national permet des dispositifs beaucoup plus performants. Et puis pourquoi s'entête-t-on à ne pas opter pour un avant-centre franc, un joueur qualifié pour ce faire ? Et là nous n'allons pas citer des noms pour ne pas être taxés de faire l'apologie de nos avant-centres oubliés et capables de jouer pleinement ce rôle. Gagner c'est bien, mais convaincre c'est encore mieux. A notre avis, la Tanzanie qui se trouve à la 137e place du classement mondial devait normalement être aisément surclassée par la Tunisie qui occupe la 26e place du même classement et la 2e en Afrique après le Sénégal. A rappeler enfin que le fait de gagner tous les matches dans ce groupe «J» ne convaincra personne en l'absence de la manière et de la force de frappe.