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Ensauvagement de la société : Quand l'impunité gagne du terrain
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 12 - 2020

La pratique de la démocratie dans notre pays s'est très vite transformée, à tous les niveaux, en batailles rangées qui opposent des politiciens, des citoyens... qui ne partagent pas les mêmes valeurs, les mêmes idées et qui sont encouragés par l'impunité qui règne et par l'absence de l'application de la loi
Il est inutile de rappeler que tout le monde est d'accord pour reconnaître, en ces circonstances graves que vit le pays, que « l'impunité fait le lit des désordres et les désordres entraînent le chaos ».
Il n'est nullement question de juger ou même de donner un avis sur les raisons qui poussent des citoyens d'un même pays à se dresser les uns contre les autres ou à détruire un bien individuel ou qui appartient à toute la société. Mais le commun des mortels, censé être en pleine possession de ses facultés mentales et psychiques, vous dira que ce qui se passe est inconcevable pour un peuple qui s'adosse à une civilisation trois fois millénaire qui a fondé la première République et le premier Sénat de l'Histoire de l'humanité et qui a connu bien des vicissitudes.
Il s'en est sorti à chaque fois, certes, mais ces péripéties ont ouvert la porte à l'envahisseur, au colonialisme et à bien des désagréments sur lesquels il est superflu de revenir. Cela commence par de simples agitations qui se développent comme boule de neige et deviennent une menace pour l'ordre et la sécurité. Un développement que l'impunité encourage car ces agitations ne sont jamais gratuites.
Sauver les apparences
A chaque nouveau problème qui se pose et en remontant à la source, on découvre qu'une ou plusieurs personnes n'ont pas fait leur travail et ont outrepassé les ordres ou les lois en vigueur. Elles le font en toute connaissance de cause et n'accordent aucune importance aux conséquences parce qu'elles savent qu'elles sont protégées. Etant protégées, elles s'acharnent à détruire toute la confiance que l'on s'attache à préserver pour sauver les apparences. Les conséquences sont désastreuses. Elles sapent, par cette impunité, les fondements d'une société qui se veut égalitaire et juste.
Les coupables se sentent au-dessus des lois en vigueur et font tout pour s'afficher en narguant l'autorité en place, grâce à un travail en profondeur qui leur a permis de manipuler les foules et de tourner en dérision ceux qui possèdent cette autorité.
« L'impunité entraîne une chute de la morale populaire, puisque l'honnêteté n'est pas encouragée alors que les exactions restent impunies. La justice doit être la même pour tous afin d'être légitime et respectée ».
Sans conscience
Il y a de ces scènes, de ces spectacles qui marquent les esprits : sur l'avenue, une voiture grue qui traîne sa proie et dont le conducteur traverse le trottoir de protection des rails du métro avec tout le flegme qui caractérise ceux qui se sentent bien seuls au monde et qui n'accordent aucune importance à ceux qui regardent avec stupéfaction et incrédulité ce qui se passe.
Ce préposé à l'enlèvement des voitures en infraction, a-t-il conscience de ce que son geste occasionne comme perte de confiance en cette société dans laquelle nous vivons ?
Pas du tout. Et la réflexion qui nous a inspiré le titre de cette rubrique illustre cette impression, ce découragement et cette absence totale de responsabilité qui semblent gagner du terrain, au fur et à mesure que les événements se précipitent. Indépendamment du relâchement de la discipline et d'un regain tangible d'un ensauvagement qui accapare la société dont les membres semblent avoir oublié comment vivre ensemble, il y a cette impunité qui s'affiche de plus en plus dans les comportements qui donnent froid dans le dos.
Sale travail
Un passant, emmitouflé dans son pardessus, n'a pu s'empêcher de dire à mi-voix, assez fort pour que nous l'entendions : « Ce pays part en miettes ! ».
Cette voiture grue relève de la municipalité ou de l'agence avec laquelle un accord a été conclu pour faire ce travail. Nous serions tentés de dire « sale travail », mais malgré toute cette évidence, nous ne saurions croire un seul instant qu'un responsable municipal ou autre serait à l'origine de cet ensauvagement dont font preuve les agents de la voiture grue. Il faudrait de toutes les façons le prouver, non pas par des mises au point, mais par des actes. Ces actes, malheureusement, ne font que confirmer cette évidence : ces agents se sentent couverts et sont sûrs qu'ils ne sont soumis à aucune servitude, car dans le cas contraire, ils n'auraient jamais agi de la sorte et auraient pris un minimum de précaution pour protéger autant que possible se peut les biens d'autrui.
Vol de phosphate
Au sud du pays, la production de phosphate est à l'arrêt depuis un bon bout de temps. Mais ceux qui ont besoin de phosphate peuvent être approvisionnés par des voleurs qui, la nuit, se rendent sur les sites de production et remplissent leurs camions pour s'adonner à leurs basses besognes. Six camions ont été dernièrement pris la main dans le sac. Les forces de sécurité les ont arrêtés. Bien. Mais comment et de quelle manière sera traitée cette affaire grave, dont les coupables ne sont sans doute pas à leur première opération ? Qui se cache derrière ? Quels sont ceux qui protègent ou protégeront ces coupables de vol caractérisé ? Depuis combien de temps dure cette affaire et pourquoi s'en est-on aperçu comme par hasard ? Quelles en sont les ramifications ?
N'eût été leur assurance qu'ils ne couraient aucun risque, ils n'auraient jamais tenté de mettre en place cette noria de véhicules lourds chargés d'une matière volée à une société à genoux et qui ...ne se vend pas au milieu de la nuit.
Va-t-on observer un sit-in, brûler des pneus et exiger la libération des voleurs avec des excuses ?
Promesses non tenues
A la rue Bach Hamba, le stationnement est payant. Pour quelle raison, voit-on des personnes, affublées du titre de « gardiens » qui disposent des bidons ou des piquets, vous empêcher de stationner ? C'est bien entendu eux qui perçoivent l'argent qui devrait revenir à la municipalité. Les voitures grues qui opèrent dans la zone le savent, mais ne disent rien.
Par quel miracle ? Alors qu'à quelques mètres de là et dans les rues voisines, on enlève tout sans pitié. Ce type de « gardiennage » a été interdit et on nous a informés que des sanctions attendent ceux qui seraient tentés de s'y adonner. Des promesses non tenues. Par qui sont protégées ces personnes dont la brutalité du langage et du comportement sont hautement répréhensibles ?
Et ceux qui les protègent et leur assurent l'impunité le font-ils pour le plaisir de le faire ou pour arrondir leur fin de semaine ?
L'exemple d'en haut
Ce qui est encore plus grave, c'est que l'exemple vient d'en haut en cette période trouble que vit le pays. Les scènes, où domine la violence verbale et physique, qui se déroulent désormais quotidiennement à l'ARP, prouvent, si besoin est, que nous n'avons rien compris à cette démocratie et que la décision, comme ce fut le cas au Far West à une certaine époque, revient aux arrivistes de tout bord, au plus fort et à celui qui dispose du vocabulaire le plus riche en noms d'oiseaux. Il ne reste plus à la télévision, qui retransmet ces échanges houleux, qu'à mettre au coin de l'écran qu'il est interdit à ceux qui ont perdu leurs dernières illusions de regarder les prouesses de nos représentants. Ne parlons pas du siège en règle dont a été victime la Haica. Oui, décidément, « l'impunité fait le lit des désordres et les désordres entraînent le chaos ».


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