L'équipe de Sfax capitale de la culture arabe a de grands défis à relever, devant un public des plus exigeants. Le comité d'organisation de «Sfax capitale de la culture arabe» a organisé une conférence de presse mardi dernier. Au menu, un état des lieux des préparatifs et de la programmation. L'équipe de la manifestation qui célèbre en 2016 Sfax comme capitale de la culture arabe est présidée par Samir Sallemi et divisée en 13 comités, dont le comité jeunes, le comité des expositions et le comité des spectacles artistiques. Le président du comité a commencé par expliquer la philosophie de la manifestation dont l'ouverture officielle aura lieu le 23 juillet, date symbolique et historique pour la ville dans sa résistance contre la colonisation française. La stratégie de «Sfax capitale de la culture arabe» a été pensée sur deux volets : la programmation et l'infrastructure, et placée sous le thème «La culture nous unit et Sfax nous rassemble». Au-delà de la célébration et des festivités, le comité œuvre pour créer une infrastructure culturelle durable qui puisse profiter aux habitants de Sfax et rendre leur quotidien plus agréable. Pour ce faire, il a fait appel à l'architecte et urbaniste tunisien à réputation internationale Bechir Souid, pour ses services de programmiste. Son projet pour Sfax capitale de la culture arabe a été présenté par ses soins pendant la conférence. Un projet ambitieux qui passe par la valorisation de la Médina comme un lieu de vie et de visite, dont une procédure est lancée afin de la classer au patrimoine mondial de l'Unesco, l'installation d'une médiathèque dans l'ancienne église de Sfax, utilisée en ce moment comme une salle de sport et, enfin, un projet «Ouverture de Sfax sur la mer» qui propose un réaménagement d'une partie de la côte au centre-ville, afin d'être un lieu de loisir pour les Sfaxiens, à l'architecture amovible, capable de se transformer d'un café à un amphithéâtre. Egalement membre du comité d'organisation, Rabia Belfguira, déléguée, secrétaire générale de la culture, a présenté les grandes lignes du programme de Sfax capitale de la culture arabe et avancé quelques chiffres. 9 milliards sont alloués à l'infrastructure et 1 milliard à la programmation, a-t-elle déclaré. Quant à l'esprit de la manifestation, il se veut marquant pour la ville et pour tout le gouvernorat de Sfax. L'équipe va en effet miser sur la réouverture de nombreux espaces fermés dans la ville, comme le théâtre municipal et des salles de cinéma, et l'ouverture d'espaces culturels dans les délégations qui ne sont pas dotées de maison des jeunes et de maison de la culture. La déléguée a également appelé à une action culturelle alternative qui s'inscrit au cœur de la société et qui implique toutes ses composantes, intellectuels, artisans, ouvriers et agriculteurs, qui doivent avoir leur mot à dire et être pris en compte dans la programmation de Sfax capitale de la culture arabe. Celle-ci est conçue en rupture avec la culture de vitrine du temps de Ben Ali, a ajouté Rabia Belfguira, avec, au programme, des artistes de renommée et des artistes de la scène alternative. Pendant la conférence de presse, un catalogue a été distribué, annonçant les différentes manifestations de Sfax capitale de la culture arabe. De nombreux espaces de la ville seront investis. Tous les arts seront célébrés et la programmation s'adresse aux adultes, aux jeunes et aux enfants avec des événements ciblés. Pas de noms d'artistes pour le moment, mais l'on sait déjà que l'ouverture officielle se fera en grande pompe le 23 juillet. Un comité spécial composé d'artistes et d'experts sera chargé de la conception du coup d'envoi. Avant cette date, il y aura quelques spectacles et événements, en avant-goût, a expliqué le président du comité d'organisation, Samir Sallemi. Cette conférence aura permis d'y voir plus clair pour Sfax capitale de la culture arabe, mais le plus important reste à venir. Le comité d'organisation a jusque-là travaillé dans le silence et cela lui a valu des attaques de la presse régionale et des artistes à Sfax. Cela s'est senti pendant la conférence qui s'est déroulée sous tension. En prenant le micro, les journalistes régionaux ont avancé de nombreuses critiques à l'égard du comité, dont il ont jugé le projet utopique et non réalisable dans les délais. Ils ont également reproché à l'équipe de ne pas impliquer les artistes et les compétences régionales dans les comités d'organisation, et d'avoir recours à une boîte de communication de Tunis pour l'objet de la manifestation. Le comité a donc de grands défis à relever, devant un public des plus exigeants. En fin de conférence, il a annoncé un autre point de presse en début d'année, autour de l'événement d'ouverture.