Un collectif qui milite pour un statut propre aux artistes intermittents, en discussion avec les ministères de la Culture, des Finances et des Affaires sociales. «Je suis indépendant, je suis libre, je vis de la création artistique. Je ne sais pas faire autre chose. Et puis, pourquoi faire autre chose, alors que je fais un travail d'utilité publique?» Par ces mots, «Les indignés de la culture» entament leur manifeste, où ils dénoncent la précarité des artistes tunisiens et l'absence d'un statut adapté au caractère intermittent de leur activité. Qui sont ces indignés? Ils viennent de sept associations et de syndicats de cinéma, de musique et d'arts plastiques, en plus d'artistes indépendants. Ils sont plus de 140 à ce jour à avoir signé la pétition qui accompagne leur manifeste. Ce front culturel a vu le jour en avril dernier. «C'était une réaction à la situation urgente de certains artistes, qui perçoivent à peine 130 dinars par mois et qui n'ont pas de couverture sociale», nous explique Mounir Baaziz, assistant réalisateur et porte-parole des «indignés de la culture». Leur action porte sur deux volets: instaurer une mutuelle pour les artistes, qui leur assure une couverture sociale et une retraite décente, et la promulgation d'un statut adapté à leur activité intermittente. «La loi de 2002, d'usage actuellement, ne prend pas cela en compte. Quand un artiste ne travaille pas, il doit quand même verser une cotisation, sinon il se trouve pénalisé et endetté et c'est le comble de l'injustice», ajoute notre interlocuteur. Pendant les Journées cinématographiques de Carthage, une réunion du collectif des indignés a permis d'avancer dans leur projet et de fédérer les efforts des artistes. Le projet est en discussion avec trois ministères: celui de la Culture, celui des Finances et celui des Affaires sociales. Les deux derniers ministères viennent d'accorder au projet une subvention de démarrage pour lancer la mutuelle des artistes, avec un local et un personnel de gestion, en attendant qu'il soit viable avec les cotisations des artistes. «La réussite de ce projet dépend du sens de résponsabilité des artistes qui doivent cotiser quand ils sont actifs, et de leur sens de solidarité», insiste Mounir Baaziz. Les discussions sont également en cours pour l'élaboration du statut des artistes, sachant que «Les indignés de la culture» comptent parmi eux un conseiller en assurances, en la personne de Abu Seoud Messadi. Le collectif attend à ce jour la réponse du ministère de la Culture pour la subvention de lancement de la mutuelle. La prochaine étape, nous informe Mounir Baaziz, est d'organiser une assemblée pour étudier les cas urgents d'artistes dans le besoin, mais tout dépendra de la réponse du ministère de tutelle. «Nous pensons tenir cette réunion en janvier 2016», nous déclare enfin le porte-parole des «indignés de la culture». Un projet d'importance nationale auquel l'on souhaite de trouver le chemin de la réalisation.