Les premières réunions préparatoires au niveau des bureaux locaux ont donné lieu à une percée fulgurante des jeunes nahdhaouis. Entre-temps, Rached Ghannouchi est bien parti pour rester Branle-bas à Ennahdha où l'heure est aux réunions préparatoires au niveau des bureaux locaux, en prévision du Xe congrès du mouvement prévu au printemps prochain. Pas moins de 41 meetings ont été, jusqu'ici, tenus, un peu partout dans les gouvernorats du pays, sous la présidence des dirigeants nahdhaouis. En attendant ceux des bureaux régionaux qui se dérouleront dans les tout prochains jours, les rassemblements convoqués jusqu'à présent se sont distingués, a-t-on constaté çà et là, par les atouts chers à Ennahdha et conformes à ses traditions, à savoir une présence massive des congressistes des deux sexes, une organisation irréprochable, une transparence totale et, bien entendu, cette discipline exemplaire qui a étonnamment résisté aux épreuves du temps. Tout feu tout flamme «Ça a été toujours comme ça», se réjouit l'un d'eux qui précise que même à l'époque de la dictature des années 80-90, nos réunions se sont régulièrement tenues en toute démocratie et en plein respect de la liberté d'expression. Et cela ne changera ni demain, ni après-demain». Dans ce forum d'idées qui a planté son décor à l'occasion des derniers meetings des bureaux locaux, se dégage une nouveauté, à savoir celle de la montée au créneau des jeunes nahdhaouis dont la fougue, l'ardeur juvénile et l'attachement indéfectible au mouvement ne sont pas passés inaperçus. Tranchant avec les discours apaisants de leurs dirigeants, ils n'ont pas caché, en prenant le micro, leur insatisfaction quant à la position officielle d'Ennahdha sur les derniers développements de la situation générale sur la scène politique du pays. Adoptant le langage cher à l'aile dure du mouvement connu pour être éternellement insatisfaite, les petits poulains du cheikh, composés essentiellement d'étudiants, de jeunes cadres et de lycéens des deux sexes, n'ont pas hésité à exprimer leur ras-le-bol face à ce qu'ils considèrent comme «des concessions abusives d'Ennahdha en faveur des autres partis, et à leur tête Nida Tounès». Pour eux, «le mouvement devra impérieusement se racheter, moyennant sa solide assise populaire, la justesse de ses convictions, la compétence de ses adhérents et la fragilité de l'opposition». Concernant maintenant la reconversion d'Ennahdha d'un mouvement religieux à un parti politique, ils affirment ne trouver aucune objection, «à condition que les fondements de l'islam soient jalousement préservés». Vedette remarquable des derniers meetings, la nouvelle vague nahdhaouie, tout feu tout flamme, est donc à créditer d'une percée fulgurante qui en dit long sur ses ambitions politiques. Au point que, selon certaines indiscrétions...tirées par les cheveux dans le cercle fermé du mouvement, il n'est pas exclu que les jeunes loups d'Ennahdha se voient confier de solides postes de responsabilité lors de la composition des prochaines équipes du bureau politique et du conseil de la Choura, ce qu'on appelle l'investissement dans l'avenir pour un mouvement, il est vrai, de plus en plus vieillissant. Le cheikh (déjà) plébiscité ? Entre-temps, et à la lumière de ces meetings, tout porte à croire que l'homme fort d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, est bien parti pour rester. Et cela à la faveur de son charisme, de sa sagesse et de son sens inouï du consensus. Des atouts que lui envient les autres dirigeants du mouvement et qui lui permettront assurément de rempiler. A moins qu'il en décide autrement.