Les jeunes structures locales, soutenues par l'aile dure du mouvement, «exigent» un meilleur rendement de l'équipe dirigeante. Sinon... Il fallait s'y attendre : Ennahdha fait désormais aussi des mécontents au sein même de son mouvement jusque-là hermétiquement «cadenassé», impénétrable parce que solidaire et structuré. Ce dernier, sans aller jusqu'à être menacé de déstabilisation, commence réellement à battre de l'aile sous la montée de sa propre opposition interne qui laisse aujourd'hui éclater un «bouillonnement» longtemps contenu. Aller droit au but Tout a commencé la semaine dernière, lorsque des jeunes nahdhaouis, issus des structures locales du mouvement, lancèrent la fameuse campagne «Ikbess» qui fera le tour des réseaux sociaux, avant d'être au centre des meetings et de certaines réunions à huis clos ! L'objectif de ladite campagne a curieusement tranché avec les précédentes campagnes de soutien et de propagande pour sonner, pour la première fois, comme une manifestation de colère mêlée de déception. C'est que les nahdhaouis en herbe, jusque-là dociles, obéissants et remarquablement dévoués à leurs patrons, ont finalement perdu patience, en voyant d'un mauvais œil ce qu'ils appellent «le laxisme et l'inefficacité d'une équipe dirigeante dont les revers ne sont plus ni à démontrer ni à supporter». Leur premier reproche est adressé au cheikh Rached Ghannouchi dont ils contestent «l'exès de tolérance et de passivité face à l'agressivité des opposants à la Troïka». Hamadi Jebali n'a pas été, non plus, épargné. En ce sens qu'ils lui reprochent «son attentisme et l'extraordinaire lenteur avec laquelle son gouvernement traite les dossiers de la corruption, de la malversation, des victimes de l'ancien régime, des mosquées et du salafisme». Pour ces jeunes nahdhaouis qui constituent, à l'avenir, la principale force de frappe du mouvement, «il est tout à fait inacceptable de voir Ennahdha incapable d'imposer ses idées, de prendre des décisions courageuses, et par conséquent, de dilapider un précieux atout, à savoir la majorité dont elle bénéficie aussi bien au gouvernement qu'au sein de l'ANC». Autrement dit, il va falloir aller droit au but, oser et faire la différence. Cette nouvelle thèse, aujourd'hui sans cesse vaillamment défendue par les différents bureau locaux et régionaux d'Ennahdha, a fait la joie de l'aile dure du mouvement qui y a adhéré, sans la moindre hésitation. Les yeux fermés, quoi. C'est que les faucons nahdhaouis, longtemps handicapés par leur infériorité numérique, ont choisi ce moment précis pour monter au créneau, en martelant çà et là «l'existence d'un complot ourdi contre Ennahdha par l'opposition et les acolytes de l'ancien régime. D'où la nécessité, voire l'urgence, d'adopter une politique plus ferme vis-à-vis de ces groupes hostiles». Voilà un nouveau chantier qui s'ouvre pour Rached Ghannouchi et ses hommes, alors que les prochaines élections sont pour demain. D'ici cette échéance, tout pourrait arriver.