Il est temps de passer aux actes. Les paroles ne suffisent plus. Et la patience devient insoutenable. Les revers ont un défaut majeur. Qu'ils soient injustes, logiques ou un peu des deux, ils ne rapportent pas grand-chose. Personne ne peut, ni ne doit se satisfaire de la prestation de la sélection tunisienne et du résultat du premier match du Chan face à la Guinée. A chaque fois, c'est toujours le même constat, c'est toujours bouleversant, quelque part aussi alarmant. Pour ne pas dire finalement pathétique... Le résultat est encore le même avec un seul point au compteur après une rencontre pourtant largement à la portée. La manière avec laquelle a basculé le match présente beaucoup de ressemblances avec les habitudes et les mauvais réflexes d'une sélection toujours incapable de se hisser au haut niveau, d'accéder à un palier supérieur, notamment dans sa façon de dérouler les matches et d'appréhender ses adversaires. Lorsqu'on domine un match à partir de la 33', on ne le laisse pas échapper à la 83' sans avoir justement une grande part de responsabilité. Les erreurs dans ce contexte se paient toujours cash et c'est la vérité que la sélection a pu encore une fois confirmer à ses dépens. La sélection était pourtant passée devant au tableau d'affichage et disposait d'une emprise absolue sur la rencontre. A ce moment, deux options : soit les joueurs poursuivent sur leur lancée et enfoncent le clou, soit ils attendent tranquillement la fin du match. Ils se sont engagés sur la deuxième voie et, comme l'adversaire a fait preuve d'un réalisme absolu, l'équipe de Tunisie a concédé un match nul (2-2) inimaginable. Relâchement coupable, relâchement fatal, tout est contrarié et on n'a point d'explications. On évoquera à ce propos les problèmes de concentration et de motivation, aucune accélération nette pour menacer l'adversaire, l'absence de complémentarité entre des joueurs qui n'ont pas l'habitude d'évoluer ensemble, le manque d'agressivité et d'ardeur, la saturation et la fatigue mentales, le ratage et le gâchis auxquels on ne trouve pas vraiment d'explications. Ici et là, la perfection n'a jamais existé et les défaillances sont plus nombreuses que les qualités. L'histoire est un éternel recommencement. Elle se plaît souvent à bégayer pour l'équipe de Tunisie, au grand regret de ceux qui y voyaient pourtant un début d'espoir, certains motifs de satisfaction. La faute à pas de chance? Non, car l'équipe n'a pas tout simplement existé. D'ailleurs, l'une des règles élémentaires du football est que lorsqu'on on marque un but, il faut être très concentré tout de suite après. Les joueurs tunisiens n'ont guère eu le temps de savourer et de positiver à deux reprises leur avantage, pourtant chèrement acquis. Chaque fois, un trou d'air qui coûte finalement les trois points de la victoire. Les paroles ne suffisent plus On apprend toujours, mais cela devient plus long, plus contraignant et plus frustrant qu'on ne pouvait le supporter. Cela se joue aussi sur la concentration, sur les détails sur lesquels on n'a jamais progressé, sur les insuffisances qu'on n'arrive pas à combler. Non vraiment, on n'est pas aussi grand qu'on le dit, qu'on le prétend. Le problème: les joueurs n'assument pas leur rôle. Ou du moins, ils n'ont point l'aptitude de se surpasser. Certains donnent même l'impression d'avoir trop à faire avec leurs propres défaillances pour s'occuper de celles des autres!...Ceux-là mêmes qui ont souvent conscience du privilège, et ne pas vraiment le mériter. Ils devraient continuer à travailler et faire abstraction des louanges. Il est temps de passer aux actes. Les paroles ne suffisent plus et la patience devient insoutenable. Quand certains expliquent que «c'est encourageant pour la suite» et qu'ils pensent que ‘'la sélection est prête à faire de bonnes choses», cela veut dire qu'ils entretiennent un discours, une politique, un modèle, une stratégie largement en déphasage avec la réalité. Ils se trouvent ainsi dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet de jeu valable. Celui qui veut montrer qu'il y a des progrès réalisés aura ainsi failli dans sa mission. Pour ses supporters, pour nous tous, et pour tout le peuple tunisien, la sélection est aujourd'hui une crainte avérée. Elle est loin d'inviter à rêver. Elle n'est pas non plus un modèle, ou même une référence. La qualité du travail accompli, la valeur du spectacle exprimé ne font pas l'unanimité. On s'indigne, encore et toujours, d'un jeu en manque d'inspiration, d'imagination et de créativité dans tout ce qu'elle entreprend. Jusqu'à présent, elle n'a pas acquis une vraie philosophie de jeu et une structure stable. En un mot: un style qui lui soit propre et assumé par tous les joueurs. A force de trop se regarder, que reste-t-il à faire pour gommer tous ces défauts, tous ces manquements? Les espérances, après ce math nul, c'est un peu comme les promesses. Ça n'engage que ceux qui les écoutent. Et tant que personne n'aura vu les joueurs de l'équipe de Tunisie s'arracher et réussir plusieurs prestations de qualité, il n'y aura pas lieu d'être rassuré.