Défendre une certaine idée du football face au champion incontesté de la compétition. Il faudra y mettre les ingrédients, du panache et du cœur, même si ce match compte pour du beurre. Cette année, le CA a traversé une crise sans précédent, aussi bien sportivement qu'institutionnellement, suscitant la colère de supporters qui n'ont pas manqué de le faire savoir à plusieurs reprises. Au plus mal, il y a quelques mois, les Clubistes étaient depuis à la recherche d'un second souffle pour sortir la tête de l'eau et tenter de sauver une saison bien mal embarquée. Un comble pour un club qui ambitionnait de jouer les premiers rôles il n'y a pas si longtemps. Et après l'angoisse, le miracle. Ces derniers temps, il se pourrait bien que les Clubistes aient retrouvé foi en leurs moyens grâce à une révolution de palais et l'arrivée d'un nouveau technicien. C'est ainsi plus que palpable, Montassar Louhichi et sa communication interpersonnelle ont, d'ores et déjà, offert un véritable bol d'air à une équipe qui mise désormais sur un jeu éminemment offensif. Certes, avec ce CA-là, en cours de jeu, comme aperçu face à l'AS Soliman, par exemple, l'on sait que ça peut basculer d'un côté comme de l'autre, même si les joueurs clubistes n'ont pas arrêté de cavaler. Mais qui ne tente rien n'a rien. Maintenant, si pour les tenants clubistes, la route est encore longue pour retrouver les standards sportifs d'antan (ambition et compétitivité), les dernières productions peuvent certainement redonner du baume au cœur des Clubistes, qu'ils soient joueurs ou supporters. De quoi effacer les traumatismes des mois précédents où le CA végétait dans les marécages du classement. «Sous la tutelle» de l'ex-président du CA, l'équipe était empêtrée dans une crise de résultats. Bref, le CA n'y arrivait pas. Un CA que l'on disait en fin de cycle alors qu'il évoluait sans ses tauliers (Khelifa, Dhaouadi, Agrebi, Ifa et consorts). Clairement, à force de glisser, le CA a pris le risque de couler. Et pour trouver trace d'un exercice pire que celui-ci, il faut remonter loin, très loin. Passons le rang du CA au sein de la hiérarchie et abordons le volet propre au jeu. Franchement, même si le CA a grimpé au classement avec des performances qui l'honorent, comme la dernière victoire à Monastir intervenue dans un contexte ou l'équipe se devait de sortir définitivement du dernier tiers du classement, ça manque encore de fluidité et de justesse. Aujourd'hui donc, c'est davantage en regardant le miroir qu'en se tournant vers les autres que le CA pourra désormais retrouver quiétude et sérénité. L'objectif maintenant est de préparer et de négocier le derby comme il se doit, et ce, afin de disposer dès lors d'un matelas de sécurité confortable après avoir envisagé un temps une pré-relégation inimaginable, une période sombre où le clan des fans romantiques s'est effacé devant celui des comptables. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, et, maintenant, ces mêmes fans peuvent ne jurer que par la flamboyance vu que le CA est sorti d'affaire. Cependant, il y a à peine quelques semaines, ils avaient raison de n'être que «cliniques», froids et réalistes, n'envisageant que les trois points et rien d'autre, quelle que soit la manière. D'ailleurs, à cet effet, le CA de Montassar Louhichi a, dès la prise de fonctions de ce dernier, choisi le camp des pragmatiques. Et ça lui réussit. Le beau jeu reste encore sur le carreau Le CA n'a donc plus connu la défaite depuis quelque temps et enchaîne les bons résultats. On n'ira pas jusqu'à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour un club qui n'a plus connu la première moitié du tableau (ou presque) depuis des mois (une éternité!). Mais si l'équipe s'est réinventée depuis, le beau jeu reste encore sur le carreau, tout comme l'efficacité offensive d'ailleurs. Tantôt même, l'on note que les Clubistes sont devenus tellement solides en défense qu'ils en oublient de marquer. Un but, ça va, deux ou trois, on n'en est pas encore là et cela fait globalement peu ! Et puis, pour revenir à la circulation du ballon, au-delà de ces comptes d'apothicaire, ce sont les prestations qui effraient, comme celle entrevue face à l'AS Soliman. Certes, il y a eu la bonne tenue d'ensemble face à l'ESS et contre les Bleus de l'USM. Mais l'on attend encore ce match référence qui ne peut que conquérir définitivement les fans. En clair, prochainement face au leader, les puristes veulent voir un CA créatif et attractif. Maintenant que les dés sont pratiquement jetés pour la course au titre, les joueurs ne doivent pas oublier que le football reste avant tout un spectacle. La balle est dans leur camp. A eux de comprendre ce que représente dans le football tunisien un club de la trempe du Club Africain, une institution dont le présent sera toujours comptable de son passé. Défendre une certaine idée du football face au champion incontesté de la compétition. Il faudra y mettre les ingrédients, du panache et du cœur, même si ce match compte pour du beurre.