Pour le match référence, on attendra. Le CA entame son redressement et c'est bien là l'essentiel, en espérant que la «passion contagieuse» fasse le reste par la suite. Il semble que Montassar Louhichi commence à poser sa patte sur le jeu des Clubistes. Obsessionnel, mais jamais éruptif, intense et passionné pour les uns, limpide et détendu sur le banc pour d'autres, le coach du CA s'est récemment avéré être un tacticien ambitieux et une personnalité forte, dont le récent «mariage» avec le très sanguin Club Africain n'a pourtant pas débuté de façon explosive. Louhichi a pourtant sa façon d'exprimer cette fureur de vivre le football, symbolisée par son activité débordante dans son pré-carré de touche. On dit aussi que, par moments, en coulisses, il est bouillonnant avec les joueurs. Mais pour ces derniers, pour la plupart, son discours passe comme une lettre à la poste. Sa première à la tête des affaires techniques clubistes a ainsi permis de déceler quelques éléments de sa réflexion. Et récemment, contre l'USBG, avec des latéraux libérés par le recentrage des ailiers et un pressing plus marqué que sous son prédécesseur, on comprend que, pour Louhichi, le premier objectif, le premier message, c'est qu'il fallait attaquer. Visage souvent fermé sur le banc ou aux alentours, avec ce ton posé et didactique, loin de l'image impénétrable qu'il reflète, le coach a récemment su transmettre son message à un groupe qui revit depuis peu. Au cœur d'une saison de crises et de désillusions, le CA en avait bien besoin. Passion, énergie, une philosophie de jeu qui convient à ce dont le club a besoin, Louhichi connaît la marche à suivre. Au CA, en cette période précise, l'urgence de la situation dicte l'urgence de l'action. Alors, quand la réussite est au rendez-vous, les joueurs savourent ! A cet effet, la célébration démonstrative de Chiheb Laâbidi n'est pas anecdotique. Un but intervenu au bon moment, et qui sonne comme une libération pour un CA qui retrouve une dynamique portée disparue depuis bien longtemps. Et face à la très joueuse formation de Ben Guerdane, valeur sûre qui sait réciter sa partition, faite entre autres de relances courtes, de pression haute et de possession, le CA a su mettre les ingrédients pour forcer la décision. Ce n'était pas évident tout de même. Durant plus d'une heure de jeu, le CA a gâché plus d'une amorce à cause de dernières transmissions manquées. Il a même dû faire le dos rond quand l'adversaire a réussi à prendre confiance. Changements payants Les Clubistes ont heureusement montré de la solidarité pour défendre. Ils ont surtout la chance de pouvoir compter sur le jeune gaucher Chiheb Laâbidi qui, d'une frappe croisée parfaitement placée après une course, balle au pied, a assumé son statut de joker offensif pour débloquer le score. Et avec l'entrée de Zouhaïer Dhaouadi sur le couloir droit et le positionnement intelligent de Laâbidi, le CA a gagné en maîtrise et éteint à terme l'adversaire. Mais les attaques placées ont encore déçu, malgré les initiatives de Chamakhi et Bassirou. D'ailleurs, faute de break Clubiste, l'USBG aurait pu provoquer le destin. Au final, pour le CA la production d'ensemble est encourageante. Ce fut une belle façon de conclure ce début de remontée au classement. Quant au coach Louhichi, quitte à nous répéter, il semble avoir posé quelques bases de son opération de régénération du Club Africain. Bien sûr, il a encore besoin de temps pour réellement mettre la main sur sa nouvelle équipe. Mais on retiendra que son onze a finalement gagné, et que si le CA a vécu des révolutions récemment, celle du coach est en marche et elle enchaîne avec trois points. S'il est toujours un peu tôt pour tirer des conclusions, c'est déjà l'heure d'y voir les premiers signes d'un renouveau côté clubiste. Plus de mouvement, des passes plus appuyées en une touche de balle. Le CA serait-il en passe de changer de visage ? Même si le jeu n'est pas encore léché, briser une série de matches qui minent le moral permet souvent de se sublimer par la suite et de gagner en cohésion et en sérénité. Pour le match référence, on attendra, mais il n'est pas encore venu le temps de s'y pencher. Le CA entame son redressement et c'est bien là l'essentiel en espérant que la «passion contagieuse» fasse le reste par la suite. Photo : Yassine MAHJOUB