El Teatro accueille pour la seconde fois le spectacle à une seule actrice «Comment trouver quelqu'un comme toi, Ali», un hommage au père de la comédienne Raëda Taha, fille d'Ali Taha, combattant palestinien qui détourna en mai 1972 le vol Bruxelles-Tel-Aviv de la Sabena. Cette performance est une plongée dans la mémoire d'une femme. Un travail très personnel où Raëda Taha a accepté de tout remettre à plat et de fouiller à nouveau dans sa mémoire et celle de sa famille pour être plus près de la vérité. «Fille de martyr», Raëda Taha l'est depuis qu'elle a 7 ans. Mais qu'est-ce que c'est finalement qu'être «fille de martyr», de porter ce mot qu'on n'a pas choisi, d'être définie par cette appellation aux yeux de tous? «Fille de martyr», comment le comprendre, l'assumer? Faut-il le faire d'ailleurs? Raëda Taha, la «fille du martyr» Ali Taha, fouille son passé, ses archives, sa mémoire, ses souvenirs et ceux de sa famille, de sa mère Fathia, devenue veuve à 27 ans, la «veuve du martyr», de sa tante paternelle Suheila, la «sœur du martyr», et de ses trois sœurs, la plus jeune avait quatre mois et la plus âgée, elle, en l'occurrence, a 7 ans, quand Ali Taha est mort au nom de la cause palestinienne, tué par un commando israélien à la suite d'un détournement, qu'il avait entrepris avec des compagnons de combat, d'un avion de la Sabena, vol 571... Seule sur scène, assise sur un canapé, Raëda Taha tient le spectateur en haleine, de bout en bout, par sa performance. Emouvante et drôle à la fois pour un texte qu'elle a, elle-même, écrit, à la suite d'une sorte d'interrogatoire serré de la part de Lina Abyad qui le met en scène. Une mise en scène simple, nue, qui se base sur l'éclairage comme autant de pans de mémoires, de situations et de projections-vidéo, pour garder les regards braqués sur Raëda Taha, ses mots, ses gestes, ses traits, son attitude. Entre rires à gorge déployée et émotions qui vous donnent la chair de poule, la pièce met en exergue la douleur d'une veuve ou de l'enfant d'un martyr. «Malheur aux pays qui ont besoin de héros!», commente la talentueuse dramaturge. Avec ou sans couvre-feu, le rendez-vous est maintenu pour les 29 et 30 janvier à 19h00 à El Teatro.