Le champion en titre a été victime de ses propres incohérences sportives plus que de certains aléas exogènes. Pas besoin de suivre les matchs du CA pour se faire une idée sur le rang actuel du champion sortant. Les stats clubistes sont là pour confirmer la tendance et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Inutile de situer l'ordre de marche des trois lignes de jeu, ni de jauger l'implication des joueurs, leur omniprésence sur 90', leurs endurances respectives, le défi athlétique et l'impression visuelle d'une équipe compacte. L'appréciation va au-delà de la tactique, du système et des séquences, qu'elles soient hautes en losange, tributaires d'un repli avec un milieu à plat, ou a contrario avec un milieu de terrain densifié. Toute cette science ne représente pas grand-chose quand elle est confrontée à la réalité du terrain. Car, au final, les absents ont toujours tort et seuls les présents sont soumis au jugement général. Maudit par les blessures et par l'arrivée sur le tard des recrues, le CA a mal vécu sa transition, son intersaison via une préparation d'avant-saison mal adaptée. Dans ce cas de figure, les chiffres sont de toute évidence têtus et leur analyse est forcément sujette à interprétation. Une classification hiérarchique, combinée à une analyse factorielle, nous en apprend des masses sur les sources de la régression. Cadres aux abonnés absents Qu'ont de commun Stephane Nater, Yassine Mikari, Tijani Belaid, Mourad Hedhli, Wissem Ben Yahia, Hichem Belkaroui, Imed Meniaoui et Saber Khelifa ? Titulaires en puissance la saison passée, ces joueurs ont globalement fait de la figuration cette saison. Un élément tel que Belaid, stabilisateur du milieu, appelé à servir le jeu, n'a joué que 20 minutes jusque-là. Les stats de ce joueur furtif sont sans commentaires. Le pourcentage de convocation de ce pur produit de l'Inter de Milan est de seulement 13% alors que son ratio de matchs joués est de 7% ! Pas aussi révélateur que celui de Belaid, le tableau de marche du capitaine Nater ne manque pas pour autant d'enseignements à tirer. 540 minutes de temps de jeu, un pourcentage de convocation de l'ordre de 50% et 40% de matchs disputés sur la totalité des rencontres. Pour un repère sur le terrain, c'est trop peu par rapport au temps de jeu du capitaine Lassaâd Ouertani en 2008. Un record du genre. Et ce n'est pas fini, puisque plus d'un soi-disant titulaire en puissance n'arrive pas à dépasser la moyenne, la barre de la moitié de rencontres joués. Hedhli n'a engrangé que 264' de temps de jeu et n'atteint que 47% sur l'ensemble des matchs joués. Les deux Algériens Belkaroui et Chenihi atteignent laborieusement le cap des 50%, Touzghar voit son compteur bloqué à 40% (avec 509' de temps de jeu) pour un attaquant dont la saison semble déjà achevée. Top peu pour une recrue onéreuse et internationale de surcroît. On en vient à l'ex-meilleur buteur du championnat, Saber Khelifa. De toute évidence, il a subi le contrecoup des absences croisées clubistes. Fortement sollicité en l'absence de Dhaouadi, Chenihi, Touzghar, Nouioui et Djabou, il a fini par craquer au sens médical du terme. 560' de jeu, 60% des matchs joués, 67% des convocations et une heure de jeu (62,22%) par match où il fut aligné. Khalil le compétiteur, Ifa le marathonien L'international du CA, Ahmed Khalil, ne joue pas dans la même catégorie que ses coéquipiers. Son mérite ? 100% en termes de convocations, 97% de matchs joués et 870' sur le terrain. Qui dit mieux! Seul Bilel Ifa le dépasse en termes de minutes alignées. Faute de concurrence, le brave Ifa a engrangé 1.235' de jeu. Outre ce duo, en bas du tableau, le jeune Mehdi Ouedhrefi a vu sa marche stoppée net dès sa première convocation en équipe nationale A ! Sa chute fut aussi vertigineuse et spectaculaire que l'incompréhension qui l'accompagna. Après un derby où il excella à la récupération, au quadrillage et au ratissage, vint l'ère Kouki et la disparition des radars de ce brillant joueur. 327' de temps de jeu, 33% des convocations et 27% des matchs joués. Plus qu'une injustice, c'est une faute de goût ! Le CA a été victime de ses propres incohérences sportives plus que de certains aléas liés à la compétition.