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Ils étaient onze fondateurs, il n'en reste plus aucun
Nida Tounès
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 02 - 2016

Ils étaient onze à avoir participé, autour de Béji Caïd Essebsi, à la création d'un nouveau mouvement politique appelé Nida Tounès. C'était le 16 juin 2012. Ils venaient d'horizons divers et trois ans après, ils ont connu des fortunes diverses. Au départ, ils étaient tous animés de la même conviction et obnubilés par les mêmes idéaux. Former un parti se réclamant du mouvement réformateur apparu pendant la seconde moitié du XIXe siècle, mouvement initié par Khereddine Pacha et perpétué par d'autres grands réformateurs tels que Tahar Haddad, Abdelaziz Thaâlbi, Tahar Ben Achour, Mohamed Ali Hammi et bien entendu Habib Bourguiba. Un parti qui pouvait contrer l'hégémonie du mouvement islamiste arrivé au pouvoir après les élections de la Constituante en octobre 2011. Cinq d'entre eux, Mohsen Marzouk, Lazhar Akremi, Taieb Baccouche, Ridha Belhaj et Boujemaa Remili, se sont particulièrement illustrés pour défendre le credo du nouveau parti et ses objectifs, l'asseoir sur des bases solides et le lancer dans les grandes batailles. D'abord celle ayant conduit au départ de la Troïka et son remplacement par un gouvernement de technocrates présidé par Mehdi Jomaâ. Ensuite conduire le parti, avec d'autres personnalités l'ayant rejoint entretemps, au succès dans les élections législatives et présidentielle. Un succès qui a sonné le glas du parti et l'effritement des camardes d'hier devenus des ennemis. Aujourd'hui, ils sont partis chacun de son côté, laissant, non sans beaucoup d'amertume, Nida Tounès dans un piteux état.
Les ténors
Le premier d'entre eux est Mohsen Marzouk qu'on dit « le meilleur de sa génération ». « Ce brillant orateur, écrit Jeune Afrique, mène la fronde et s'apprête à créer son mouvement pour rester fidèle aux engagements originels de Nida ». Proche de feu Chokri Belaïd, il a rompu avec l'extrême gauche au début des années 1990. Il est entré dans l'organisation Freedom House « comme directeur régional Mena et se spécialise dans l'étude des processus de changements politiques et des transitions démocratiques », un thème sur lequel il a beaucoup travaillé après le 14 janvier 2011. Marzouk, qui a été parmi les premiers à adhérer à l'initiative de Béji Caïd Essebsi en 2012, a été le plus vilipendé et le plus diabolisé par ses anciens camarades de Nida qui le jugent « trop pressé et trop ambitieux, jouant pour son propre compte». Il a choisi de quitter le parti et lancer son initiative pour constituer avec les députés démissionnaires et d'autres dirigeants qu'il a entraînés dans son sillage, une nouvelle formation politique, « un Néo-Nida », annoncée pour le 2 mars prochain à Ksar Hellal. Lazhar Akremi, cet avocat originaire de Gafsa, est considéré, quant à lui, comme le plus virulent de tous, l'homme qui joue avec les calembours, bagarreur et franc-tireur, et qui ne ménage personne de ses critiques, même pas le père fondateur. Ancien ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, chargé des réformes, dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi, il a été au four et au moulin lors de la constitution de Nida Tounès. Désigné tête de liste du parti à Ben Arous au cours des dernières élections législatives, il a réussi à battre le mouvement Ennahdha dans son fief. Il a troqué son poste de député contre un strapontin à La Kasbah qu'il a vite abandonné en démissionnant de manière fracassante du gouvernement, pour se consacrer au parti. Mais il s'est heurté au veto du nouvel homme fort Hafedh Caïd Essebsi. N'ayant pas trouvé de terrain d'entente avec son ami Marzouk, il se contente de quelques apparitions dans des médias pour donner son avis sur tout et tous. En attendant sa prochaine destination ou...sa réintégration au sein de Nida Tounès pour récupérer « l'épave ».
Taieb Baccouche, limogé avec fracas de son prestigieux poste des Affaires étrangères, a tenté de s'accrocher à son fauteuil en se rapprochant du fils du président et en s'alliant avec lui contre le « félon » Marzouk, son successeur à la tête du secrétariat général du parti. Il a été considéré comme le fédérateur des courants de la gauche et des syndicalistes au sein de Nida Tounès. Venu tard à la politique, cet universitaire rompu, militant des droits de l'homme et syndicaliste de la première heure, a été condamné à 6 années de travaux forcés à la suite des événements de janvier 1978. Il a été nommé ministre de l'Education dans les gouvernements de Mohamed Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi en 2011. Candidat naturel de Nida Tounès au poste de chef de gouvernement à la suite des élections législatives d'octobre 2014, il s'est heurté au veto du mouvement Ennahdha qui ne l'a jamais accepté. Son avenir semble, pour le moment, incertain, d'autant plus qu'il s'est cantonné dans un mutisme total depuis son départ du gouvernement. On dit qu'il est proposé pour le poste de secrétaire général de l'UMA dont le siège se trouve à Rabat, au Maroc. La planque avec une rémunération fort intéressante et de nombreux avantages. Mais oubliée la politique.
Ridha Belhaj, quant à lui, a été, jusqu'à « sa démission » du cabinet présidentiel, l'homme fort du palais et du parti. Avocat et militant de gauche, il a été en février 2011 secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre dans les gouvernements de Mohamed Ghannouchi et de Béji Caïd Essebsi qui le nomme secrétaire général du gouvernement avant de devenir ministre délégué auprès du Premier ministre, et ce jusqu'à la fin du gouvernement. Considéré comme l'architecte du congrès dit consensuel de Sousse, tenu les 9 et 10 janvier dernier, il est accusé d'être « le fossoyeur » de Nida Tounès. Longtemps proche du président Béji Caïd Essebsi jusqu'à devenir son homme de confiance, son départ est considéré comme une chute dont il risque de ne pas se relever de sitôt. Même s'il est annoncé comme premier responsable de ce qui reste de Nida Tounès, version congrès de Sousse.
Le dernier des « Mohicans » est Boujemaa Remili, le seul qui a milité sans rien obtenir en contrepartie, ni un siège à l'ARP, ni un poste au gouvernement, ni une quelconque autre responsabilité. Resté attaché aux valeurs de Nida Tounès et à ses idéaux, cet homme de gauche fait partie de ces dirigeants politiques qui privilégient le dialogue à la confrontation et qui préfèrent la discrétion plutôt que l'ostentation. Il a hérité, après la promotion de ses autres collègues, de la direction exécutive du parti laissée vacante suite à la nomination de Ridha Belhaj comme directeur du cabinet présidentiel. Boujemaa Remili se retrouve dans la commission des 13 formée par le président de la République pour préparer une feuille de route en vue de la résolution de la crise de Nida Tounès. Il a participé au congrès de Sousse dans le but d'œuvrer à la validation du plan de sauvetage. Mais, la feuille de route a été complètement ignorée » et le congrès est devenu « souverain » pour « imposer » une nouvelle formule hybride, vite abandonnée par ses concepteurs. Il a décidé de geler ses activités et prône pour une troisième voie qui repose sur le retour « aux fondamentaux du mouvement créé par Béji Caïd Essebsi.
Les veinards
Mais il n'y a pas que ces cinq ténors, il y a aussi les autres, les veinards qui, pour leur bonheur, se sont trouvés parmi les fondateurs, comme pour compléter la liste. Ceux-là ont eu des fortunes meilleures. D'abord le doyen Lazhar Karoui Chebbi, cet ancien ministre de la Justice dans le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi en 2011, a longtemps été considéré comme le sage de l'équipe. Mais sa sagesse n'a pas suffi pour éviter l'effritement du parti. Voulant retrouver son poste de garde des Sceaux lors de la formation du gouvernement Essid, il a hérité d'un autre poste certes moins prestigieux, mais jugé comme une récompense pour sa loyauté à l'égard du patron. Ministre conseiller représentant personnel du président de la République. Les plus veinards de tous sont Selma Elloumi et Anis Ghedira qui sont entrés dans le premier gouvernement de Habib Essid. La première a été confirmée à la tête du ministère du Tourisme où elle n'a pas fait grand-chose, en raison, notamment, de la mauvaise conjoncture nationale et internationale. Les deux attentats terroristes contre le musée du Bardo en mars 2015 et contre un hôtel à Sousse en juin de la même année ont achevé un secteur déjà chancelant. Longtemps trésorière du parti, elle est fortement soutenue par Béji Caïd Essebsi et Mohamed Ennaceur. Quant au second, architecte et gérant d'une société de promotion immobilière, il a été propulsé à la tête d'un ministère important, le ministère du Transport et ce après « un stage » d'une année comme secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Equipement et de l'Habitat. Leur autre collègue Slim Chaker, le moins politique de tous, a hérité d'un grand ministère, celui des Finances, à la tête duquel il a été maintenu lors du dernier remaniement. Descendant d'une famille destourienne, le neveu du leader nationaliste Hédi Chaker était secrétaire d'état au tourisme puis ministre de la Jeunesse et du Sport dans les gouvernements de transition de Mohamed Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi en 2011. Les deux dernières sont Sameh Dammak et Wafa Makhlouf, venues toutes deux du Centre des jeunes dirigeants, elles sont députées à l'Assemblée des représentants du peuple. Leurs apparitions sont rares et leur apport était presque insignifiant. Elles ont gelé leurs activités au sein du parti après le congrès de Sousse.
Ils étaient onze, il n'en reste plus aucun. La politique a ses raisons que la raison ignore.


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