Deux agences nationales verront le jour début 2017. La première sera chargée de l'évaluation de la recherche scientifique et de l'enseignement supérieur. La deuxième s'occupera de l'accréditation «C'est lors de sa réunion du 31 janvier que le Conseil de l'Ordre des ingénieurs tunisiens a pris la décision de lever la suspension d'inscription au tableau de l'OIT, infligée aux diplômés des écoles privées ainsi que la reprise de l'inscription des diplômés des mêmes écoles, sortis les années précédentes», a annoncé Oussama Kheriji, président de l'Ordre des ingénieurs tunisiens, lors d'une conférence de presse tenue hier à Tunis. Toutefois, cette décision, qualifiée d'éthique par le Conseil, a pour échéance la fin de l'année universitaire 2015/2016. L'OIT a, également, décidé la mise en place pour cette année universitaire d'un comité d'évaluation des écoles privées d'ingénieurs pour examiner leur adhésion aux cahiers des charges en fonction de quatre critères fondamentaux, à savoir les critères présidant à l'inscription des étudiants, le taux des enseignants permanents, le taux d'encadrement des étudiants et la qualité des espaces et des équipements dédiés à la formation. Notons que, selon le cahier des charges des universités privées, le taux des enseignants permanents est de 25% au minimum, alors que le taux d'encadrement est de 25 étudiants par universitaire. Selon Oussama Kheriji, cette évaluation permettra de dégager trois catégories d'écoles. Une première catégorie comprenant les écoles répondant totalement aux conditions requises et dont les étudiants continueront à s'inscrire au tableau de l'OIT après 2016. La deuxième catégorie comprendra les écoles répondant partiellement aux conditions requises. Dans ce cas, l'OIT continuera d'inscrire à son tableau leurs étudiants diplômés après 2016, sous le couvert d'une période de grâce au-delà de laquelle l'Ordre suspendra l'inscription si les conditions ne sont pas remplies. Quant à la troisième catégorie, elle regroupera les écoles ne répondant à aucune des conditions requises et dont les diplômés ne pourront pas s'inscrire au tableau. Améliorer la qualité de la formation La décision de suspendre les inscriptions pour les étudiants des universités privées, il faut bien le rappeler, a été prise en 2015 suite à des mouvements de contestations déclenchés par les étudiants des universités publiques. «Le nombre des diplômés a doublé en 5 ans. Il est passé de 4.292 en 2010 à plus de 8.500 en 2015. Parallèlement ,la qualité de la formation s'est remarquablement dégradée, notamment dans les universités privées», explique le président de l'Ordre des ingénieurs tunisiens. De plus, cette augmentation fulgurante du nombre des nouveaux diplômés a creusé davantage le fossé entre l'offre et la demande. «Aujourd'hui, le taux de chômage des ingénieurs avoisine les 40% dans certaines spécialités. Or, logiquement c'est une profession oÙ le taux de chômage doit être insignifiant», déplore-t-il. Interagissant avec ce mouvement de protestation et constatant la poursuite d'octroi de licences aux écoles privées, dont le nombre a atteint 33, le comité provisoire de l'Ordre des ingénieurs tunisiens a décidé, lors du mois de février 2015, de suspendre l'inscription des diplômés des écoles privées au tableau de l'Ordre. Décision qui les prive de prendre part aux concours nationaux de recrutement aux établissements publics et de postuler à l'étranger. Après l'intronisation du nouveau Conseil élu de l'OIT, il a été décidé, lors de sa réunion du 29 novembre 2015, de maintenir la suspension des inscriptions des diplômés des écoles privées, tout en leur délivrant des attestations d'inscription provisoire, en attendant la tenue d'une réunion de travail avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Cette réunion visait à présenter au ministère la vision de l'OIT concernant la formation des ingénieurs et à débattre de la position du ministère quant à la réforme de cette formation en ingéniorat. «La réunion a finalement eu lieu le 12 janvier 2016. L'OIT y a présenté sa vision et ses propositions-doléances qui consistent essentiellement en l'obligation d'être représentées, de façon efficiente, au sein de la commission des équivalences et en la nécessité de la création d'un organisme indépendant d'accréditation qui prenne en charge l'évaluation du niveau de la formation dans les écoles publiques et privées sur la base de critères unifiés de qualité», affirme Oussama Kheriji. Et d'ajouter : «Nous avons remarqué que la vision du ministre se rapproche de celle de l'OIT dans la mesure où il a expliqué que le projet de son département comprenait la création d'une agence nationale d'évaluation de la recherche scientifique et de l'enseignement supérieur et une deuxième pour l'accréditation à deux volets, l'un pour les ingénieurs et l'autre pour les médecins». Le ministre a formulé le vœu de les voir démarrer en janvier 2017. Selon Oussama Kheriji, le ministre a, également, appelé l'OIT à assumer ses responsabilités quant à l'évaluation des besoins du pays en formation en ingéniorat et à fixer le nombre d'ingénieurs dont le pays a besoin. Une demande à laquelle l'OIT n'a pas tardé à répondre positivement.