Par Amor NEKHILI En novembre, un groupe d'experts indépendants a dénoncé un « échec flagrant » de l'ONU dans la gestion des soupçons d'abus sexuels. Les accusations de viols d'enfants se multiplient contre les soldats étrangers en Centrafrique. Empêtrée dans les scandales à répétitions d'abus sexuels commis par ses «casques bleus», troupes dites de «Paix», l'ONU après avoir fait acte de contrition en Centrafrique, vient de prendre le taureau par les cornes, en nommant l'Américaine Jane Holl Lute comme coordinatrice spéciale chargée «d'améliorer la réponse des Nations unies à l'exploitation sexuelle et aux abus sexuels». Le rapport du Groupe d'enquête externe indépendant chargé d'examiner la réaction de l'ONU aux allégations d'exploitation et d'atteintes sexuelles et d'autres infractions graves qui auraient été commises en République centrafricaine, remis au secrétaire général de l'ONU en décembre 2015, dépeint une Organisation des Nations unies qui n'a pas su se montrer à la hauteur de la situation lorsqu'elle a eu connaissance d'informations faisant état de ces actes criminels répréhensibles commis sur des enfants vulnérables. Bien que les soldats ayant commis ces exactions n'eussent pas été placés sous le commandement de l'ONU, le rapport montre que l'Organisation des Nations unies, qui a rendu ces faits publics, n'a pas traité l'affaire avec la diligence, l'attention et la délicatesse requises. D'après le rapport, trois fonctionnaires de l'Organisation ont abusé de leur autorité. Compte tenu de la gravité de ces conclusions, le secrétaire général va agir rapidement pour déterminer quelles mesures pourraient être nécessaires. Dans le souci de respecter le principe fondamental de responsabilité, et étant donné que les allégations actuelles de sévices sexuels commis par des membres de contingents déployés en République centrafricaine ne sont pas les premières, le secrétaire général avait déjà demandé à un des fonctionnaires en question, son Représentant spécial pour la République centrafricaine, de remettre sa démission. Le rapport indique également que plusieurs autres fonctionnaires et bureaux de l'Organisation n'ont pas abusé de leur autorité, bien que leur performance ait laissé à désirer. Le chef de l'ONU pense que ces manquements résultent dans une large mesure de systèmes défaillants. Reste qu'il faut, de toute évidence, faire beaucoup plus, notamment pour mieux mettre en cohérence le système du maintien de la paix et celui des droits de l'Homme. Ainsi que l'indique le rapport, il est particulièrement compliqué de traiter les problèmes d'exploitation et d'atteintes sexuelles lorsque, comme en l'espèce, les contingents ne sont pas placés sous le commandement de l'ONU. Il convient de préciser ici que l'Organisation n'exerce pas son autorité sur les contingents qui ne font pas partie de ses missions de maintien de la paix. Cela ne l'exonère en rien de dénoncer les exactions commises par d'autres forces. Or, les pays concernés réagissent trop souvent aux accusations avec lenteur ou tiédeur, quand ils ne restent pas complètement silencieux. Pour les victimes, peu importe la couleur du casque ou de l'uniforme porté par ceux qui viennent les protéger. Il n'en demeure pas moins que les personnes responsables de ces crimes particulièrement abominables doivent être jugées et punies, même si certains Etats, dont les soldats sont impliqués dans ces affaires scabreuses, préfèrent jouer la carte du silence, afin d'enterrer les dossiers. Chut! Il ne faut pas en parler..