A peine le championnat reprend-il que voilà recommencé le feuilleton des limogeages. A mi-saison, tous les records d'instabilité technique sont déjà battus. En Ligue 1, seuls six clubs n'ont pas encore changé d'entraîneur. En Ligue 2, seuls quatre clubs sur vingt ont maintenu leur confiance au technicien avec lequel ils avaient entamé leur parcours 2015-2016. Pis encore, les statistiques établies par les spécialistes attestent qu'il y a eu en L deux 42 remaniements techniques depuis le mois de septembre dernier, certains clubs s'amusant à y sacrifier trois ou quatre fois. Qui dit mieux ! Lundi dernier, la liste s'est allongée avec le remplacement de Mounir Rached par Moncef Mcharek, lui aussi enfant du club, à la tête de l'Espérance de Zarzis, une sorte de solution interne donc. Au palier d'en bas, le Sfax Railways Sport a congédié Mourad Sebai remplacé par Zouheir Louati. Décidément, on n'arrête pas le progrès. Le phénomène du limogeage reste un genre vieux comme le monde et particulièrement prisé par les dirigeants sportifs de chez nous. La fédération a cru combattre les excès en décrétant qu'un club ne peut pas engager plus de trois entraîneurs par saison. Mais c'était assurément sans compter avec les astuces imaginées pour contourner les règlements. Seul un naïf peut croire à l'efficacité d'une telle mesure hypocritement votée par les dirigeants des clubs. Sous nos cieux, on vote aussi pour les lois dont on sait qu'elles ont très peu de chances d'être appliquées et respectées. Elle n'ont pas la même résonance ici et ailleurs. De litige en litige Pourtant, il n'y a guère de recette miracle, la stabilité et la continuité, il n'y a sans doute pas mieux pour réussir à mettre en place un projet sportif. Elles permettent, aujourd'hui, à Faouzi Benzarti de faire de l'Etoile du Sahel l'équipe reine non seulement du championnat de Tunisie, mais également des compétitions africaines. Elles autorisent également Mohamed Kouki de mettre en valeur le travail qui se fait à l'Etoile Sportive de Métlaoui, grande révélation de la saison. Pour boucler la boucle, on assiste au spectacle désolant de certains entraîneurs limogés, contraints d'aller devant la commission des litiges pour percevoir des arriérés de salaires ou des indemnités de résiliation abusive de contrat. Il serait illusoire de chercher à transposer en Tunisie le modèle anglais de longévité des entraîneurs dans un même club. Mais de là à ce que l'on change de techniciens comme on change de chemise, il y a vraiment de quoi s'inquiéter pour l'image que reflète, aujourd'hui, cette corporation marginalisée mais qui sait encaisser stoïquement, presque sans broncher tous les caprices et lubies de leurs employeurs. Forcément, dans ces conditions, on tend la perche au public sportif afin qu'il déverse sa colère sur l'entraîneur auquel il fait endosser toutes ses frustrations, en en faisant au final un parfait bouc-émissaire.