Tous ces projets n'ont qu'un objectif : promouvoir l'art et la culture, et participer à leur développement. Avant-hier, au Palais D'Erlanger, a été inauguré l'atelier restauré du baron. Une entreprise de longue haleine qui a permis de rendre accessible au public un haut lieu de l'histoire de ce palais et de ce personnage, histoire étroitement imbriquée avec celle du village dont le baron, «el baroun» comme on l'appelait, fut un génie tutélaire. C'est à lui, en effet, que l'on doit le choix du bleu aujourd'hui appelé bleu de Sidi Bou Saïd, c'est à lui également que l'on doit le musée, anciennement écuries, qui abrite les activités culturelles de la municipalité. De nombreux artistes furent ses hôtes, ou bénéficièrent de son amitié : Aly Ben Ayed qui construisit sa demeure sur un terrain du baron, Hedi Turki qui habita une maison lui ayant appartenu. Pour restaurer cet atelier et le rendre accessible, le Centre des Musiques arabes et de Méditerranée a profité de l'appui et de la collaboration de la Fondation Lazaar, qui a soutenu le projet dans le cadre d'une action de mécénat en numéraire, en nature et en compétence, et de celui de l'Institut National du Patrimoine qui a assuré le suivi, et mis à disposition une équipe de restaurateurs. Et cet évènement, à marquer d'une pierre blanche, nous permet de revenir sur ce fameux Partenariat Public-Privé, si souvent mal compris, et quelquefois si injustement décrié. La Fondation Lazaar avait fait les frais de la mauvaise compréhension de ce partenariat qui ne peut être que gagnant-gagnant, et a été victime d'une mauvaise querelle. Cette Fondation, il est vrai, est première du genre en Tunisie, et œuvre pour instaurer des pratiques encore peu courantes comme le mécénat et la production de savoir. On lui doit les trois éditions de Jaou Tunis, évènement artistique qui installe désormais Tunis dans le calendrier international des rencontres artistiques. Depuis sa création, cette fondation soutient de jeunes artistes arabes, et sur les 1.000 œuvres que compte sa collection, plus du tiers proviennent d'artistes tunisiens. On lui doit également l'aménagement des locaux de la Rachidia désormais climatisés et chauffés par ses soins. Ainsi que le soutien à de jeunes talents comme Bassam Romdhani, le brillant violoniste qui poursuit sa formation à Londres, ou à différents évènements artistiques ponctuels. C'est cette même Fondation qui a entrepris la publication du premier dictionnaire dédié aux artistes tunisiens, ouvrage qui viendra meubler un grand vide en matière de publication spécialisée, ainsi que le répertoire du Maghreb, première base de données sur les artistes, les lieux culturels et les espaces d'exposition déjà disponible sur le site web. Tous ces projets n'ont qu'un objectif : promouvoir l'art et la culture, et participer à leur développement. Parmi les grands projets de la Fondation, il y a celui du Borg Boukhris. Conscient de l'urgence d'intervenir, mais aussi des limites de ses ressources, le ministère de la Culture avait lancé, il y a plus d'un an, un appel à projet pour la mise en concession d'un certain nombre de sites et de monuments historiques. C'était une première, puisqu'il s'agissait d'associer des privés à la gestion du patrimoine en les incitant à investir dans ce domaine. Une première expérience avait été réalisée et remarquablement réussie, il y a de longues années de cela, c'était l'Acropolium. Depuis, plus rien. Parmi les monuments en question, Al Karaka, Al Abdelliya, et Borg Boukhris. Parmi les projets présentés, celui de la Fondation Lazaar qui prévoit de créer un Centre d'Art à Borg Boukhris. L'intérêt de ce projet est double : restaurer un monument historique en danger sous le contrôle du ministère de la Culture, et offrir à la Tunisie son premier Centre d'Art Contemporain dédié aux artistes du Maghreb et du Moyen-Orient qui viendrait servir de complément au futur Musée d'Art Contemporain que nous continuons d'espérer.